Re: Veuf

[Thierry Bouche <Thierry.Bouche AT ujf-grenoble.fr>]

Jef Tombeur : 
> Il faut donc "voir" pour donner à voir et bien envisager qu'une définition
> acceptable pourra ou non s'appliquer à des situations diverses. Faut-il
> employer 'paragraphe', 'page', 'colonnage', 'pavé', etc. ? S'attarder ou non
> sur 'rupture' et par rapport à quoi ?

Oui, certes. 

Le (petit) fond  du problème, c'est que la « rupture » (saut de page
ou de colonne) est la cause, mais pas l'effet.

Pourquoi les veuves sont-elles iniques, haïes, décimées sans regrets ?
Parce qu'elles détruisent l'empagement. Dans une composition
justifiée, on a des marges, qui se distinguent franchement du bloc
d'empagement, lui-même d'un gris relativement uniforme. Une ligne
creuse (fin d'alinéa) voire blanche (saut de paragraphe) en milieu de
pavé ne perturbe pas trop les choses, car le sentiment du pavé tient
par une sorte de cohésion interne assez forte, qui est l'art du
maquettiste. En revanche, une ligne très creuse en tête de colonne, un
renfoncement d'alinéa en bas de colonne (de gauche), une ligne creuse
en bas de colonne (de droite) _érodent_ le pavé. La veuve de
paragraphe étant de loin le pire des maux, car les blancs marginaux
sont contaminés, l'empagement sérieusement ébranlé.

Thierry (toujours fasciné par les pavés d'un gris dur, compact et
régulier, concoctés par Massin pour ses livres comme l'_ABC_ ou _La
mise en pages_ : quoiqu'on soit bien là dans le paradigme du
typo/graphiste, diviser le mot indif-/ en bas de page, suivie
par quatre pages d'illustrations avant de reprendre comme si de rien
n'était un nouveau pavé « féremment... »)

((est-ce qu'on démarre une discussion sur la collection « Découvertes
Gallimard » ? Il y aurait de quoi dire, sur les rapports incestueux
typo/graphie, et leurs enfants cons, sanguins, et morts-nés !))