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typographie - Re: Typographie et livre électronique [long]

Objet : Liste consacrée aux discussions à propos de la composition et de la typographie

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Re: Typographie et livre électronique [long]


Chronologique Discussions 
  • From: "Pierre Hallet" <pierre.hallet AT skynet.be>
  • To: <typographie AT irisa.fr>
  • Subject: Re: Typographie et livre électronique [long]
  • Date: Mon, 22 Nov 1999 21:41:23 +0100

Bonsoir,

Merci pour toutes vos réactions, qui prouvent,
à travers la diversité de vos opinions, que le
livre Ã©lectronique (je l'appelle livre-é dans
la suite de cette contribution) ne laisse pas
si indifférent que je le craignais.

Je risque maintenant mes réponses supplémentaires :

>(Michel Bovani) L'idée que, sous prétexte qu'il y a
>un marché, la technologie peut tout... Puis-je faire
>remarquer qu'il y a, depuis longtemps un marché pour
>la fusion Ã  froid, pour la guérison du sida, pour
>les bébés qui ne braillent pas la nuit [...] ?

Il y a un marché pour la pierre philosophale depuis
vingt siècles, et où en est-on ? L'important est que
l'objet du marché soit réalisable. La fusion Ã  froid
n'existe sans doute pas, la guérison du sida demande
des années ou des décennies de recherche (on ne lâche
pas sur le marché un médicament sans longs essais) ;
quant aux bébés braillards, on dit que l'opium marche
très bien, mais il est interdit, allez savoir pourquoi.
Le livre-é est là et Ã©voluera mathématiquement Ã  la
vitesse de la loi de Moore, car on sait ce qu'on
cherche, et on sait que c'est faisable.

>(Patrick Cazaux) J'ai beau passer une bonne partie
>de mon temps qur des Ã©crans qui sont d'une qualité
>sans cesse améliorée, je trouve que la lecture y est
>toujours aussi pénible et fatigante.

Patientez.  On parle jusqu'ici d'écrans, parce que
c'est le standard actuel, mais l'encre Ã©lectronique
fonctionne en laboratoire. Elle en sortira dans
deux Ã  cinq ans, pour prendre le relais des Ã©crans,
pour ceux qui comme vous ne les supportent guère.

>Et je m'abstiens de faire des commentaires déloyaux
>en parlant du plaisir du contact, de l'odeur, des
>souvenirs, des notes marginales, des dédicaces et
>autres coups bas.

L'Everybook est relié en cuir. Et tous les livres-é
permettent la prise de notes Ãªrsonnelles. Et un
livre-é de 2e génération (à encre-é) sera même
feuilletable.  Exprimez un souhait assez fort pour
motiver les investisseurs, et la technique suivra.

>(Jacques Melot) L'omniprésence de l'écrit anglo-saxon
>a déjà exactement le même effet. La typographie
>française résiste tant bien que mal. Paradoxalement,
>jusqu'à présent un des meilleurs boucliers contre les
>changements d'usage fut l'inertie culturelle (ce qui,
>évidemment, n'est guère glorieux).

...et le fait qu'un auteur francophone passe jusqu'ici
par des Ã©diteurs francophones, qui font survivre les
usages.  Croyez-vous que Ã§a durera Ã©ternellement ? Les
économies que permet le livre-é permettront aussi de
mieux rémunérer un auteur. L'auteur lambda choisira
qui, un Ã©diteur papier français qui lui donne X % ou
un Ã©diteur Ã©lectronique mondialisé qui lui donne le
double ?


>(Brigitte Lebioda) Que dire des ouvrages présentant
>des mélanges de papier (peut-on vraiment envisager
>de voir le dernier livre de Frédéric Clément "Muséum"
>transposé avec le même effet en version Ã©lectronique ?),
>des découpes particulières (je pense notamment aux
>livres jeunesse), des reproductions "haut-de-gamme"...

Juste.  Vous Ã©noncez là quelques bastions inexpugnables
du livre-papier...  1 ou 2 % de l'édition.

>(Bernard Lombart) Un ami me disait qu'il se souvenait
>de tous les livres qu'il avait lus, mais pas de ceux
>qu'il avait lus en photocopie... Interrogeant mon
>expérience, j'ai trouvé que cette remarque contenait
>une grande vérité...

Peut-être... Je dois avoir lu vingt mille livres dans
ma vie, mais je n'ai pas une mémoire olfactive comme
la vôtre... :)  Au demeurant, les livres-é pourront
être parfumés... si le marché le réclame.

>(Benoît Leraillez) Si par livre vous entendez le roman,
>et lui seul, alors oui il nécessitera des pages
>composées avec la rigueur et la sensualité du papier ;-)

Mais le client lambda n'aura pas la rigueur que vous
exigez, et se contentera de chiures de mouches en lieu
et place de guillemets français, par exemple.

>(Foucauld Perotin) Si les pouvoir publics et les
>éditeurs font l'effort de numérisation nécessaire,
>le livre Ã©lectronique pourra Ãªtre un véritable moyen de
>démocratisation de l'accès aux textes.

Le ciel vous entende ! Ã€ défaut de la Bibliothèque de
France, qui a promis beaucoup et bien peu tenu Ã  cet
égard...

>(Thierry Bouche) Ce qui me chiffonne un peu dans la
>livre Ã©lectronique,  c'est qu'il impose _son_ format
>par avance, un peu comme si tous les livres Ã©taient
>publiés dans une même collection, avec un format
>prédéfini. Ce qui me semble assez irréaliste.

Au risque de me répéter : il y a UN gadget qui héberge
DES contenus.  Mais il est concevable que pour des
contenus exigeant une certaine ampleur d'affichage
(atlas...), il existe un gadget de plus grande taille,
comme les ordinateurs ont quatre tailles d'écran.
(Entre nous, les 36 000 formats de livres-papier me
font pester plus qu'autre chose quand je dois ranger
ma bibliothèque.)

>L'appareil est cher. Le processus Ã©ditorial est le
>même. La BN ne peut pas diffuser un livre protégé
>par le droit d'auteur, Ã  moins que ne s'instaure un
>système de collecte des droits du type de celui de
>la SACEM. Les Ã©conomies de fabrication seront assez
>largement compensées par l'investissement nécessaire
>pour entrer sur ce marché tout virtuel.

Au début, oui, mais par la suite ? Et réfléchissez :
plus d'invendus ! plus de camionnettes distribuant
de gros paquets ! plus de lieux d'entreposage !
L'appareil sera cher au début... comme le téléphone
portable l'a Ã©té. Aujourd'hui, on vous *donne* le
portable si vous vous abonnez. Idem pour le livre-é
le moment venu.

>(grammont) Le mot livre est-il vraiment bien choisi,
>quand on parle du support Ã  l'édition Ã©lectronique ?

Bonne question. Quand je jouais au prophète en 1990,
je ne parlais pas de Â« livre Â», mais de Â« lecturette Â»
(le gadget) et de Â« livrette Â» (la disquette portant
un ouvrage, qu'on aurait glissée dans la lecturette).
En 1999, je ne crois plus Ã  la livrette : l'ouvrage
sera directement téléchargé sur la lecturette par
voie téléphonique.

>(Eric Angelini) On pourrait lire sur Ã©cran en tenant
>en main un Â« bon vieux livre Â» : on change d'écran
>et on tourne une page en même temps : bruit du papier
>froissé, souvenirs tactiles, odeur de colle...

Saperlotte, où donc trouvez-vous tant de livres qui
sentent la colle ?  ;-)

>(Foucauld Perotin) Que les professionnels de la
>typographie tentent de faire leur possible pour que
>cette transition s'opère dans le respect que la
>culture typographique me semble un enjeu non
>négligeable pour les années qui viennent.

Bravo !

>L'influence des typographes sur la tournure des
>événements pourra Ãªtre là plus importante
>qu'ailleurs. Les premiers Â« clients Â» de cette
>future technologie seront les Ã©diteurs, et ils
>pourront donc avoir leur mot Ã  dire sur les choix
>qui seront retenus. Et les typographes sont les
>partenaires des Ã©diteurs, donc Ã§a pourrait aussi
>ne pas se faire sans eux...

Oui... si ce sont des Ã©diteurs français. Vous Ãªtes
sûr que les Ã©diteurs français s'y préparent ? J'ai
quelques doutes...


Cordialement,
--
Pierre Hallet
pierre.hallet AT skynet.be





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