Objet : Liste consacrée aux discussions à propos de la composition et de la typographie
Archives de la liste
- From: Jacques Melot <jacques.melot AT isholf.is>
- To: typographie AT irisa.fr
- Cc: langue-fr AT yahoogroupes.fr
- Subject: Le cheval de Troie de la sexualisation du langage
- Date: Mon, 7 Jan 2002 12:10:15 +0000
Title: Le cheval de Troie de la sexualisation du langage
(La version à laquelle je réponds ci-dessous est
en fait la version modifiée expédiée à Langue-fr, moins mal
rédigée que la précédente...)
[...]
Pour répondre (gentiment) à un trouble-fête malchanceux, je précise qu'il s'agit d'un thème qui a un rapport indubitable avec la typographie, puisque des aberrations sur le modèle de « un ou plusieurs enseignant(s) et/ou enseignante(s) » sont envisagées et, en fait, prônées.
Je trouve même franchement étonnant que dans un forum consacré à la typographie on puisse lire des propos plus ou moins conciliants à propos de telles formules insoutenables ! Même des formulations comportant une mise au pluriel alternative sous la forme d'un s entre parenthèses (par exemple « Le(s) père(s) aussi. ») sont incorrectes et doivent être considérés comme des raccourcis (« style télégraphique ») à remplacer nécessairement par une phrase correctement formulée. Là s'arrête le charabia et là commence - ou peut commencer - le français.
La brièveté apparente de telles aberrations, qui toujours est obtenue aux dépens de la lisibilité, est un leurre et l'on s'aperçoit que ce sont encore les formulations correctes qui, non seulement, sont les plus brèves, mais encore sont le mieux et le plus rapidement comprises.
Cette manière de confondre la langue avec un exercice de logique mathématique est symptomatique de la pensée inquisitoriale, laquelle s'immisce dans l'intimité de la personne pour venir y contrôler la pensée. Cette production perverse d'une portion du monde universitaire anglo-saxon, qui trouve vraisemblablement son origine dans l'illusion d'une toute puissance de la science doublée d'une perception surévaluée au possible, idéalisée, du modèle de la société nord-américaine, est en train de miner la pensée romane de l'intérieur.
Vigilance, surtout maintenant que cette engeance commence à trouver une assise légale, comme le prouve, hélas, ce qui suit !
Jacques Melot
======================
Les choses s'accélèrent et l'on sait qu'une fois mises en place on a les pires difficultés à faire machine arrière. Il est temps d'agir.
Un des aspects particulièrement sombres des mesures de féminisation du langage entreprises en Suisse romande et que l'A.F.P. relate dans le texte reproduit plus bas est la propagande mensongère sur fond de mauvaise foi faite par certaines personnes qui les soutiennent activement.
Nous venons d'en avoir, du moins peut-on
interpréter ainsi les choses, une preuve éclatante fournie
maintenant par le journal La Tribune de Genève : le fameux
sondage (cf. ci-dessous), sans doute parce qu'il n'allait pas dans le
sens de ce que l'on espérait, a été remis à zéro ce
matin !!!
Une telle manière de se comporter, si vraiment on
doit la comprendre ainsi, est typique de la pensée fanatique qui
pour promouvoir « sa vérité » est prête à toutes
les malhonnêtetés.
Comme vous pouvez le constater, le sondage est
retombé de 50 votes hier soir à 2 ce matin :

J'invite les personnes révoltées par cette
manière de procéder à voter et à manifester leur indignation à
la direction du journal, à l'adresse : redaction AT tdg.ch
En attendant de faire, peut-être, de plus longs commentaires qui viendront encore éclaircir le titre donné, je joins (sous forme d'une illustration au format GIF) le résultat d'un début de sondage d'opinion proposé sur la page d'accueil du journal La Tribune de Genève.
L'échantillon est pour le moment réduit, mais les chiffres recueillis sont d'ores et déjà très instructifs, tant la courbe de répartition qui s'en déduit est révélatrice : d'un côté environ 16 % personnes acquises à la sexualisation systématique et ostentatoire du langage (réponse « totalement favorable »), de l'autre la portion de la population que cette entreprise indispose (de l'ordre de 60 %, réponse « totalement défavorable »).
La proportion des personnes ayant une position modérée ou intermédiaire est étonnamment faible (réponses « plutôt favorable », 2,33 %, « couci-couça », 14 %, « plutôt défavorable », 7 %). La concentration vers les extrêmes est très caractéristique : la sexualisation du langage suscite à l'évidence une vive réaction de réprobation d'une large majorité. La faiblesse du nombre de ceux qui sont « plutôt favorables » (2,33 %) relativement au nombre de ceux qui sont « plutôt défavorables » (7 %), montre aussi que l'adhésion aux dispositions de sexualisation du langage ne relève guère de la prise de position nuancée ou critique, ce qui, bien sûr, ne fait que confirmer ce que nous en savons déjà.
La première conclusion que l'on peut en tirer est d'ordre pragmatique : l'effet le plus évident d'une telle entreprise est de semer la zizanie en opposant une partie de la population à une autre.
Jacques Melot
Sondage la Tribune de Genève
Voir le communiqué de l'A.F.P. à l'adresse :
http://fr.news.yahoo.com/020105/202/2e7yp.html
- Le cheval de Troie de la sexualisation du langage, Jacques Melot, 07/01/2002
Archives gérées par MHonArc 2.6.16.