Objet : Liste consacrée aux discussions à propos de la composition et de la typographie
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- From: "Jef Tombeur" <jtombeur AT noos.fr>
- To: <typographie AT irisa.fr>
- Subject: signe de non-division
- Date: Sun, 20 Jan 2002 15:37:31 +0100
J'abonde totalement dans le sens du message d'Alain Hurtig, en réponse à
Serge Paccalin, sous l'intitulé O.S. ou S.E. (qui ne sert plus guère de
repère explicite), commençant par :
>On ne s'en sortira pas...
et se terminant par :
>Et à être, comme tout le monde, bien emmerdé quand il faut césurer !
Alain parle d'une pratique... La sienne.
Pas très éloignée de la mienne (je dois respecter une charte, ou être en
mesure de la faire évoluer ; tous les signes superflus sont saisis aux
dépends d'autres signes qui pourraient fournir une indication utile
supplémentaire au lecteur).
Voyons, concrêtement, ce qu'il en est...
La plupart des hebdos généralistes ou spécialisés grand public incluent
désormais des rubriques ou des pages souvent référencées "multimédia".
Gilles Klein, dans _Elle_, journaliste membre de la liste _Jliste_, a été
l'un des précurseurs de cette presse grand public.
Sans porter le moindre jugement déontologique sur mes confrères, je relève
que le problème de la division dans ce type de presse n'est guère crucial :
le contenu rédactionnel dominant est axé consommation, il entretient des
liens étroits, même s'ils ne sont guère évidents, avec le contenu
publicitaire...
Les sites ont donc été conçus par des professionnels, leurs adresses
soigneusement étudiées, généralement courtes. Il est même tout indiqué pour
ces sites de ne pas laisser le visiteur accéder, grâce à un signet, à la
page ou la rubrique qui lui importe le plus. Il faut qu'il repasse par le
sommaire...
Vous expliquer pourquoi serait trop long... Je relève juste l'une des
préoccupations de Sylvain Labonne, de Carré Noir, l'un des premiers à s'être
penché de près sur la mercatique et les contenus en ligne... Pour un site
marchand, comment faire pour que le consommateur soit averti des nouveaux
produits et promotions si on lui permet d'établir une liste type (savon x,
lait en poudre y, etc.) via un formulaire ? Il va juste modifier son
formulaire en local, le retransmettre, et se faire livrer peu ou prou le
même panier (et si c'est le réfrigérateur qui se charge du réappro via
l'Internet...). Bref, je n'insiste pas...
Partons donc du concret...
Soit la page Multimédia (p. 139) de _Télé_Loisirs_ N° 830.
Titre : Saisissez l'occasion...
Mise en page sur quatre col. justifiées, à 3,5 cm de justif pour le texte.
Les adresses apparaissent sous un sous-titre, ici :
Malin
www.contactoo.net
Enorme (sic pour É)
www.annonce.net
Soit dix sous-titres (ou inters) sous le titre _Saisissez l'occasion_.
Puis un encadré : Des sites de tout poil pour nos amies les bêtes.
À droite d'une puce carrée, quatre adresses...
De toute la page, la plus longue adresse est www.animalissimo.com.
Laquelle, en fonction de la puce, aurait dû être étroitisée si elle
comportait un seul signe supplémentaire.
Nous sommes sans doute dans un c. 9, en italiques.
J'avance que, pour des raisons d'absence de convention de division, pour des
raisons de mise en page (qui n'en sont pas vraiment, mais bon, cf. message
d'Alain H.), une adresse posant problème risque d'être supprimée du panel,
tant bien même serait-elle plus indiquée, parce que le site présenterait des
contenus plus informatifs, plus utiles. Ou qu'il sera fait appel à des
subterfuges du genre entrée (sous-titre, ou inter) _Voyez aussi_, avec
circonvolutions dans le corps du paragraphe pour faire passer l'information
(du style, sur le site Abcdefghijklmnopq, la rubrique Xyz, blabla...) en
laissant le lecteur se débrouiller pour déterminer par lui-même s'il s'agit
d'un .com, d'un .fr, etc. Ce qui n'est pas toujours possible... Ainsi le
site http://www.intergraphic.com est un site anglophone, le site
http://www.intergraphic.cc est le site francophone du salon, le site
http://www.intergraphic.fr vous renvoie sur une maison strasbourgeoise sans
rapport avec le salon...
Je sévis dans la presse professionnelle ou spécialisée _verticale_
(s'adressant à un coeur de métier, par rapport à des titres de presse
_horizontale_, couvrant divers métiers ou domaines). J'ai pratiquement les
mêmes contraintes de mise en page que _Télé-Loisirs_. Mais une bonne
information-service suppose d'indiquer des adresses qui peuvent être du
genre : www.abc-def_ghi/~machin/truc/truc2/machin-chose.html.
J'ai recours à toute la gamme des subterfuges habituels et je divise quand,
vraiment, je n'ai pas trouvé d'autre solution (par ex., rédiger autrement de
façon à ce qu'une longue adresse "tombe" sur une ligne pleine ; bien sûr, si
ma mise en page n'est pas respectée, le redéroulement du texte imposera
possiblement la division).
Je n'ai pas de statistiques.
Impossible (ou très malaisé) de déterminer la fréquence du recours, jugé par
moi indispensable dans le droit fil des remarques d'Alain Hurtig (_Ça
n'empêche pas les règles de l'écriture matérielle de toujours exister, et
d'imposer leur loi lorsqu'on passe sur papier - y compris aux URL, ne leur
déplaise_), au signe de non-division (¬).
Souvent, il ne s'impose pas. La division tombe sur un point, une barre
inclinée, après une syllabe de type consonne, voyelle, consonne suivie de
consonne, voyelle (bon, un cas classique de division permise), et le
paragraphe ne s'achève pas par une ligne trop creuse (remarquez que, pour
étroitiser un .com, avec donc un m, ce n'est pas toujours pratique ; et
l'adoption d'une police à chasse fixe, pour toutes les adresses, serait
malvenue).
Je remarque que l'emploi de ce signe n'a pas besoin d'être explicité à
chaque fois, chaque numéro, voire chaque page. Il a été perçu intuitivement
(il y a belle lurette qu'on ne téléphone plus à la rédaction pour demander
des précisions sur une adresse, sauf si, bien sûr, le site a migré ;
personne n'a jamais téléphoné ou écrit pour demander s'il fallait composer
ou non ce signe pour atteindre le ou les sites). Je remarque qu'un cas de
suremploi (dû à un redéroulement, ou reformatage de la mise en page) a
généré deux finales successives l'employant parmi sept finales
non-consécutives l'employant (hors cas de ponctuation dite flottante ou
marginale, le tiret de division est malvenu pour trois finales consécutives,
il en serait de même pour le signe de non-division). Ce n'est pas « trop
moche ».
Ceux qui considèrent toujours que cet emploi est une affétérie de ma part
ont peut-être raison, en fonction de leur pratique courante... Je ne reviens
pas sur ce que disait JiPé Lacroux sur les justifs étroites (cas de la
lettrine d'un éditiorial du _Monde_). Sur les remarques des uns et des
autres signalant qu'il serait plus judicieux de regrouper toutes les
adresses dans un bloc en fausse justif.
Tant mieux pour ceux qui peuvent aisément se passer d'un signe de division
conventionnel. Je persiste à croire qu'un tel signe est utile, et je
remercie encore Thierry Bouche d'avoir suggéré l'emploi du signe de
non-division ; il me convient parfaitement, ainsi, je crois qu'à la
publication qui l'emploie et à ses lecteurs. Jusqu'à nouvel ordre (cf. infra
: pourquoi continuer à composer des adresses longues ? Est-ce bien
indispensable ?).
Comparaison n'est pas raison... On laisse bien chaque instituteur ou maître
des écoles enseigner, selon le ductus et les méthodes qui lui conviennent,
l'écriture manuelle... Il faut croire que l'écriture manuelle y a survécu.
On peut donc fort bien aussi se passer d'un signe de division pour ce type
d'adresse.
On a longtemps cru que les copistes se dispensaient fort bien d'un système
de ponctuation. Il semble qu'on soit depuis revenu sur cette opinion. Mais
il semble bien qu'on ait fort bien réussi à typographier des manuscripts de
copistes en ignorant tout de leur système de ponctuation.
Et que Martin perdit son âne ou son abbaye, pour un point ou une virgule
(cf. http://www.synec-doc.com/librairie/typo/Argot_Typo-COQUILLE.html),
n'intéresse plus guère (cependant, on lira que la page
http://aaargh.vho.org/fran/archVT/vt97/gs2.html s'y rapporte, citant
Vidal-Naquet).
Naguère, le signe de non-division était employé par certains titres de la
presse informatique grand public pour composer du code (par ex., des macros)
sur des justifs étroites. L'un de ces titres eut l'idée d'employer deux
symboles, ciseaux ouverts et fermés (ce qui obligeait à changer de police).
Mais pratiquement plus aucun de ces titres ne publie de lignes de code.
Comparaison n'est pas raison... On finira peut-être par recommander aux
rédacteurs de ne plus signaler ces longues adresses qui ennuient tout le
monde...
C'est vous dire combien, en dépit des apparences, je fais peu de cas de ce
signe de non-division...
- signe de non-division, Jef Tombeur, 20/01/2002
- Re: signe de non-division, Thierry Bouche, 20/01/2002
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