Re: Word et la typo français, prosélytisme

[Thierry Bouche <thierry.bouche AT ujf-grenoble.fr>]

Le mardi 22 octobre 2002 à 22:29:04, Patrick Cazaux écrivit :


PC> La question est là : que veux-t-on dire lorsqu'on parle de transmettre les
PC> savoirs typographiques ? Veux-ton parler de la compétence en composition 
au
PC> plomb ? À la lino, en photocompo (pas taper) ?

euh... C'est très utile pour faire comprendre certaines choses, et comme
métaphore (la terminologie est encore pleine de références à ça). Par
exemple, je comprends mieux après l'exposé de Jean-Denis sur la lino
pourquoi les polices linotype sont tellement dégueu et mal espacées
(même si les caractères sont parfois individuellement superbes comme
dans le didot de Frutiger ou, dans une moindre mesure, le Sabon romain
de Tschichold).

PC> Ou bien est-ce la connaissance de l'histoire du métier ? Des polices, de
PC> leurs dessinateurs, des secrets de leur dessin, des différentes parties de
PC> leur morphologie ?

ça c'est plutôt pour pas rester sec dans un cocktail chic ou sur la
liste Typo (les bons jours)...

PC> Ou encore les règles à suivre pour composer : orthotypo, accents sur les
PC> caps, abréviations et toutes ces sortes de choses ?

ça a son utilité...

PC> Ou encore les arcanes de Postscript ou de Tex ? Ou la connaissance des
PC> logiciels de PAO ?

ça aussi. Si on expliquait aux gens que la transparence ne passe pas en
PS, ils l'utiliseraient peut-être un peu moins dans leurs logiciels de
graphisme ou de PAO...

PC> Ou encore les bonnes règles de mise en page : marges, justif', 
proportions,
PC> nombre d'or et autres franction fibonacciennes ? Du rapport texte-image, 
des
PC> moyens de conduire l'oeil du lecteur de là à là en passant par là ?

Ceci me semble le plus important, en fait. Et c'est dans ce domaine que
les logiciels de montage comme XPress ont permis le plus grand nombre
d'abominations. On privilégie la belle page plus ou moins modulaire et
on bousille totalement la lisibilité du texte...

PC> Ou encore la connaissance des papiers, des encres, des méthodes
PC> d'impression, de la typo à la flexo, en passant par l'offset et la
PC> sérigraphie, sans oublier la tampo et l'hélio ? À quoi il faut ajouter la
PC> reliure et le façonnage...

Ben oui, sans oublier aussi les écrans !

PC> D'ailleurs, je ne suis pas typo. Rien, en fait.

C'est une autre question de notre trolleur le plus actif : quid d'une
typographie institutionnelle, d'une École typographique française, etc.

On constate sur cette liste mais aussi en librairie que les autodidactes
occupent le terrain en masse.

Il y a une typographie roborative et consensuelle, consanguine et
incestueuse, qui se reproduit dans les écoles, et se retrouve dans
quelques cénacles. Il y a la foule des typographes obscurs, rivés à un
outil de travail et à des cadences de production infernales. Et il y a
quelques fondus passionnés comme Méron ou Lacroux, prêts à passer une
nuit à débattre de la valeur de la fine. On a donc l'impression qu'il
n'y a pas de « savoir typographique » bien établi, mais plutôt un
ensemble de questions, brûlantes pour ceux qui cherchent à acquérir une
certaine maîtrise personnelle, tièdes pour ceux qui ont commencé par
apprendre des réponses.


-- 
 Thierry Bouche