Accéder au contenu.
Menu Sympa

typographie - IA et a-ité, b-ité, ...

Objet : Liste consacrée aux discussions à propos de la composition et de la typographie

Archives de la liste

IA et a-ité, b-ité, ...


Chronologique Discussions 
  • From: "Eric Angelini" <keynews.tv AT skynet.be>
  • To: <typographie AT irisa.fr>
  • Subject: IA et a-ité, b-ité, ...
  • Date: Fri, 1 Nov 2002 08:27:27 +0100

LE MONDE | 31.10.02 | 12h45
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 01.11.02

L'intelligence artificielle face à la complexité du cerveau

Douglas Hofstadter , professeur de sciences cognitives et d'informatique à
l'université de l'Indiana, à Bloomington, est partagé entre son désir de
concevoir des programmes informatiques capables de créativité et son
admiration pour la complexité du cerveau humain. Ainsi, la déception due à
un échec dans ses travaux est atténuée par l'émerveillement face à la
profondeur de l'esprit. Cette humilité oriente sa démarche de chercheur en
intelligence artificielle (IA) ou, suivant l'expression qu'il préfère, en
sciences cognitives.

L'auteur de l'ouvrage mondialement connu Gödel, Escher, Bach, les brins
d'une guirlande éternelle, publié en 1979, s'est engagé dans une voie
diamétralement opposée à celle qui a amené les concepteurs des logiciels de
Deep Blue ou de Deep Fritz à égaler ou battre les champions du monde
d'échecs.

"Ceux qui ont vu dans ces réussites le signe d'un aboutissement de
l'intelligence artificielle n'ont pas compris que ce jeu ne constitue pas un
terrain approprié pour en juger", déclare-t-il. "En fait, c'est sur le jeu
d'échecs lui-même que ces parties nous informent en révélant qu'il est
possible de vaincre grâce à la force brute de calcul, ce que nous ne
soupçonnions pas il y a vingt ans." Douglas Hofstadter rappelle néanmoins
que certaines écoles de l'IA ne sont pas éloignées des concepteurs de jeux
d'échecs lorsqu'elles tentent de créer un cerveau artificiel en
"contournant" les processus de l'organe humain. C'est le cas de projets
misant sur l'addition de puces de plus en plus puissantes, croyant ainsi que
la loi de Moore conduira les machines à l'intelligence.

Douglas Hofstadter a toutefois douté devant l'exploit de David Cope qui a
réussi, grâce à son programme EMI, à tromper les musicologues en composant
des morceaux de musique à la manière de Mozart, Bach, Chopin, Mahler ou
Gershwin. "J'ai un tel respect pour la musique en tant que création humaine
que cet exploit m'a paru dévalorisant pour elle", déclare le chercheur,
lui-même compositeur et contempteur de la musique de fond, qu'il qualifie de
"papier peint auditif".

DE NOUVEAUX DÉFIS

Ebranlé dans ses convictions, Douglas Hofstadter a organisé en mai 2000 un
symposium rassemblant la crème des chercheurs en IA pour faire le point.
"J'ai constaté que John Holland, pourtant inventeur des algorithmes
génétiques, était encore plus sceptique que moi sur le potentiel de l'IA.
Cela m'a redonné confiance dans mon intuition." Le chercheur poursuit ainsi
sa propre voie, explorant les "mécanismes de la créativité, dont la
frontière avec la pensée normale n'est pas très précise". Avec ses
doctorants, il se lance des défis tels que de "savoir ce qu'est un concept".
Aujourd'hui, il expérimente des programmes fonctionnant avec des nombres
aléatoires et visant à modéliser les processus créatifs humains en tentant,
par exemple, de leur faire générer une police de caractères complète à
partir d'une seule lettre ou d'un groupe de lettres. " Nous avons défini des
caractères de "a-ité" ou de "b-ité" afin de permettre au programme de
transporter les attributs et qualités d'une lettre donnée sur toutes celles
de l'alphabet", précise-t-il. "Je suis content de dire que cela ne marche
pas très bien...", lance-t-il en riant. "Le programme est encore très, très
faible !" Une preuve de plus, pour lui, de la profondeur de l'esprit humain
et de ses aptitudes esthétiques. Mais il se dit également "un peu déçu".
Preuve qu'il n'a pas perdu tout espoir d'élucider, un jour, les mécanismes
intimes de la pensée.

Michel Alberganti





Archives gérées par MHonArc 2.6.16.

Haut de le page