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typographie - Re: [typo] R �glage de l'approche des caract�res

Objet : Liste consacrée aux discussions à propos de la composition et de la typographie

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Re: [typo] R �glage de l'approche des caract�res


Chronologique Discussions 
  • From: Thierry Bouche <thierry.bouche AT ujf-grenoble.fr>
  • To: typographie AT irisa.fr
  • Subject: Re: [typo] R églage de l'approche des caractères
  • Date: Tue, 22 Apr 2003 12:47:04 +0200
  • Organization: Nonsense Inc.



Le samedi 19 avril 2003, Ã  05:44:07, Jean-François Roberts Ã©crivit :

JFR> Oui... enfin...

JFR> La notion de "gris typographique" me laisse rêveur. D'expérience, elle 
est
JFR> maniée par des gens qui sont maquettistes plus que typographes...

j'ai du mal Ã  croire que vous pensiez vraiment ce que vous Ã©crivez...

JFR> Si on s'intéresse au caractère et au message qu'il véhicule,
JFR> ledit gris n'est de toute façon plus perçu (et Ã§a me paraît
JFR> empiriquement Ã©tabli).

nous n'empirons pas sur le même Ã©tabli.

Ce thème : pages faites pour Ãªtre vues ou pour Ãªtre lues (ou : soin de
la typo contre -- ou pour -- respect du texte), a Ã©té inlassablement
discuté sur cette liste depuis sa création. Dès les premiers mois
(printemps 1997) jusqu'à l'été 1998, si vous avez du temps Ã  consacrer
à la question, vous pourrez lire les contributions de Jean-François
Porchez, Alain Hurtig, Olivier Randier, Jean-Pierre Lacroux, etc. Ce
que vous nous dites aujourd'hui est un des points de vue les plus
divertissants, mais pas le plus crédible.

C'est précisément pour le labeur le plus laborieux (roman de gare,
journal, texte qui se lit au kilomètre Â« pour son contenu seul Â» -- il
y a de toute façon de quoi s'inquiéter si le texte doit se lire pour
son habillage typographique...) que l'homogénéité de la typo a le plus
d'importance. Je trouve assez marrante l'idée de casser cette
homogénéité au nom d'une maquette Ã  respecter, en s'appuyant sur une
opposition typographie/maquette !

L'homogénéité du gris est un moyen d'évaluer la qualité d'une mise en
pages dans l'optique d'une lecture continue, Ã§a n'est pas un but en
soi pour faire de belles pages (c'est _aussi_ Ã§a, pour un travail
soigné, mais n'opposons pas deux démarches qui servent le même
maître : la lecture continue).

Les facteurs qui cassent un gris et ont un impact Ã©vident sur la
lecture sont : les lézardes, les espaces mot de valeur trop variables
d'une ligne Ã  l'autre, l'interlettrage.

Les situations réelles sont :
  * maquette impraticable (colonne trop Ã©troite, corps trop gros... en
  général couplé avec un logiciel qui ne sait pas couper les mots) ;
  * alinéas très courts qui ne permettent pas de trouver des coupures
  de ligne intelligentes, ou de jouer finement sur l'espace mot pour
  sauver le gris (qui est de toute façon de type Â« stars & stripes Â»).
Dans tous ces cas, l'interlettrage est un symptôme plutôt qu'une
solution, il n'y a pas assez de signes pour qu'il puisse réellement
sauver la typo et la lisibilité : c'est un pis-aller qui rend la
lecture cahotique Ã  souhait.

Comprimer la police ou interlettrer sauvagement pour gagner une ligne
ou flinguer une veuve est justement une idée de graphiste qui veut
sauver l'apparence de sa page : on va se trouver avec un bloc trop
dense, plus noir que les autres, que l'oeil du lecteur va
immédiatement reconnaître comme un pavé hostile, dans lequel il sera
plus difficile d'entrer ; il sera tenté de le sauter.

On est donc limité Ã  des modifications qui restent invisibles
(compression-expansion maximale de l'ordre de 1,5 %, interlettrage de
l'ordre de rien du tout). On s'aperçoit alors que toutes les langues
ne sont pas Ã©gales face aux possibilités : en anglais, on peut assurer
un gris très homogène en autorisant de telles infimes variations,
parce qu'il est très fréquent qu'on puisse couper avant _et_ après une
lettre dans un même mot. Il y a aussi la fréquence des mots d'une
lettre (I, a). En français, l'unité minimale Ã  justifier est plutôt de
l'ordre de trois caractères (la syllabe) voire beaucoup plus (division
interdite du mot connexion, p. ex.) : les modifs invisibles de chasse
aboutissent typiquement aux mêmes lignes, elles permettent seulement
de réduire la variation de l'intermot, ce qui finalement, ne profite
qu'au gris !

J'ai sous les yeux un exemple Ã©difiant de destruction de la lecture
par l'interlettrage + coupes aberrantes (La face cachée de Monde, 1001
nuits). Typiquement une maquette de livre de poche agrandie : blanc de
grand fond plus petit que le petit fond, blanc de tête + titre courant
très grand, mais pas la place de mettre ses pouces en bas de page ;
caractère désagréable et trop fort (Mélior, c. 13).

L'avant-dernier alinéa est assez Ã©difiant : la première ligne est trop
serrée, la seconde aussi, mais pas sur tous les mots, la troisième se
lâche, la quatrième semble assez naturelle, mais voilà que la
cinquième Ã©touffe ! Comment rester serein quand on subit un tel
carnaval ?

La dernière ligne (orpheline) est aussi assez sympa : coupure d'un nom
propre avant un _x_ (qui induit, Ã  la ligne suivante, la coupe
Colom-/bani, moins championne dans sa catégorie...).

J'aimerais bien qu'on m'explique comment & pourquoi, du fait que c'est
un livre que je lis pour son contenu, je devrais m'arracher les yeux Ã 
tenter de le faire, luxe qui ne me serait autorisé qu'à la lecture de
« beaux livres Â»...

Th. B.

Attachment: p250.gif
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