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typographie - [typo] Re: Normandes

Objet : Liste consacrée aux discussions à propos de la composition et de la typographie

Archives de la liste

[typo] Re: Normandes


Chronologique Discussions 
  • From: Pierre Walusinski <pierre AT walusinski.com>
  • To: typographie AT listes.irisa.fr
  • Subject: [typo] Re: Normandes
  • Date: Wed, 05 Jan 2011 15:32:36 +0100


Bonjour Jacques

Super sujet! Je m'y suis longuement penché il y a quelques années et j'avais
constaté une littérature faible, anecdotique et éparse sur le sujet. Je 
m'étais
lancé dans l'écriture d'un bel article, avec pleins de repro de spécimens…
jusqu'à ce que je tombe sur les travaux de René Ponot qui a dit, si ce n'est
tout, au moins l'essentiel.

La création des "normandes" n'est pas spontanée. En gros, d'après Ponot (1)
l'origine des lettres grasses est à chercher dans les égyptiennes 
typographiques
et à Vincent Figgins, 1815, Angleterre (2), précisant toutefois que Robert
Thorne avait pu en graver auparavant. Il faut ensuite préciser qu'une
"égyptienne grasse" n'est pas une "lettre grasse" (3) et il faut donc établir
une chronologie de la maturation des formes tout au long du XIXe siècle, 
suivant
la culture des graveurs (Angleterre/France) et les besoins de l'imprimerie, 
pour
passer de: égyptienne grasse > lettre grasse > normande (4).
La normande est une sorte de déclinaison de l'égyptienne grasse, déclinaison
française mixée à la culture didone de l'époque parfaitement intégrée.

A mon sens, l'origine du nom vient de normande=angleterre et c'est bien un nom
générique. Reste peut-être à identifier la chronologie et fréquence des
apparitions du terme pour repérer comment on en est venu à les appeler ainsi 
(un
graveur français de la moitié du XIXe aurait pu appeler son caractère aux 
formes
"Figgones"  Normande et aurait lancé le nom générique?). J'ai pourtant
l'impression que le dessin procède plus de la digestion d'une culture de 
formes
de l'époque à laquelle on a appliqué la performance des graveurs dans le but 
de
servir des objectifs de "nouveautés toujours plus" (gros, gras, fort, grand…).

Enfin, le terme anglais de "fat faces" est délicat à manier et ne devrait se
traduire ni par "normande", ni par autre chose… C'est un autre terme à part
entière pour décrire un répertoire de formes (plutôt anglosaxones du coup) de
l'égyptienne grasse à la lettre grasse, ornée, fantaisiste… Du moins c'est ce
que je me rappelle de ma lecture de Updike (5).

Éléments biblio:
(1) Ponot, De l'origine des Mécanes, Graphê, n°17, 2e trim 1960.
(2) Vincent Figgins, types spécimens 1801 and 1815 reproduced in facsimile,
London, Printing  Historical Society, 1967
(3) Ponot, introduction au facsimilé du Spécimen Bazac, éditions des Cendres,
1992, p. XXIX
(4) mes propres travaux, si seulement je les avais mis au propre!!
(5) Updike, Daniel Berkeley. Printing Types: Their History, Forms and Use.
Harvard Press: 1962, p. 410-415

Je peux te passer des copies d'à peu près tout ça.

Pour les travaux de réhabilitations j'avais noté Peter Matthias Noordzij, mais
quand je le googlise aujourd'hui je ne trouve plus grand chose (?). Je connais
quelques dessinateurs qui y travaillent actuellement. Julien Gineste par 
exemple
est fin connaisseur des bois d'affiches et je ne doute pas qu'il en sache un
rayon sur le sujet.
De mon côté j'en vois toujours de temps en temps… Les magazines hypes et
branchouilles y ont recours. Le XIXe revient à la mode en général et la typo 
n'y
échappe pas! Les soucieux de formes et de styles apprécient en tout cas. J'ai
une casse ou deux de "normandes" à l'atelier, je regarderais à l'occasion si 
les
plombs sont signés d'une fonderie.


Meilleurs vœux !

Pierre Walusinski




Selon Jacques André 
<jacques.andre35 AT orange.fr>:

> On en a déjà parlé ici, mais impossible de trouver qq chose de concrêt
> dans les archives... : je cherche des renseignements précis sur les
> caractères appelés Normande(s).
>
> C'étaient des caractères très gras (les Anglais parlent de "fat
> faces") de la seconde moitié du XIXe siècle. En gros ça ressemble aux
> numéros des maisons dans les rues ou aux inscriptions style « DÉFENSE
> D'AFFICHER ». En fait c'est une didone engraissée à l'extrême proche
> de ce qu'on a appelé égyptiennes par la suite si je ne me trompe.
>
> Plus précisément mes questions sont
> - s'agit-il d'un nom générique (les normandes sont des caractères
> gras...) ou spécifique (la normande de Dupont) ?
> - quelle en est l'origine ? Copie d'un caractère (à la Clarendon ou
> aux caractères énormément gras de Gillé-Balzac ?), création ?
> - Auteur éventuel et quelle date ?
> - A été fondu (je crois que oui, chez Deberny ou Peignot) ?
> - Quel rapport avec le Gras-Vibert ?
> - A duré combien de temps ? À part les pochoirs à lettres, je n'en
> vois pas aujourd'hui...
>
> Si quelqu'un a de la lecture (livre, article, site web) à me
> conseiller, voire des illustrations à me fournir, merci...
>
> Je ne veux évidemment pas une réponse de Normand !
> --
> Jacques ANDRÉ
>
>
>





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