Re: [typo] Genre féminin ou masculin ?

[Patrick <patlist AT au-soleil.org>]

Bonsoir,

Vous êtes dur, Jacques !

    Chaque fois que je dis avoir eu le covid, je pense à ce satané virus
    qui m'a cassé les pieds quelque temps. Même si son lieu de
    prédilection se situe au niveau des voies respiratoires...
    Sans que je sache trop pourquoi, ce mot m'évoque plus le virus que
    la maladie. Comme on dirait « J'ai attrapé un staphylocoque » plutôt
    qu'une infection.
    Dans le milieu médical c'est encore plus marqué, on parle de BK et
    quasiment jamais de tuberculose, sauf en s'adressant aux patients,
    et encore...

Alors, que la maladie ait été décrétée féminine, comme les tornades autrefois, peu importe. Madame Rousseau ou une de ses collègues va bien s'insurger un de ces jours... Vous pourrez alors vous réjouir de lui donner raison. Les occasions ne doivent pas être si fréquentes !

Bien cordialement

Le 10/08/2022 à 18:30, Jacques Melot a écrit :

      Re: [typo] Genre féminin ou masculin
        ?

 Le 10/08/22, à 11:09 +0200, nous recevions de Brigitte Gaudin de Gaullier - Freelance Translator :

> Merci beaucoup pour vos
>         réponses.
>       
> Oui, les dictionnaires en effet,
>         mais
>         quand je vois que Le Robert accepte le masculin pour COVID alors
>         qu'il
>         s'agit de la maladie sous prétexte que ce genre erroné est passé
>         dans l'usage, franchement cela « m'interpelle » (comme on entend
>         dire de nos jours). C'est comme si on disait «  le grippe,
>         le coqueluche... ».

[J. M.]   ... le choléra, le paludisme, le béribéri, le rhume, le coryza, le cancer... Qui plus est même lorsqu'il s'agit d'une ellipse par suppression de « maladie de », tel un parkinson, un alzheimer, etc.

   N'en déplaise à l'Office québécois de la langue française, il n'y a là aucune règle : c'est l'usage qui fournit la forme correcte (à une époque donnée). C'est l'usage qui fait que depuis la fin du XVIIe siècle on ne dit plus « le coriandre », mais « la coriandre ». Plus près de nous, « une Kangoo » est devenu « un Kangoo »... Ces changements de genre grammatical sont dus à des influences extérieures à la langue et il ne s'agit pas d'aberrations.

   Lorsque, le 6 mars 2020, l'Office canadien de la langue française a fait connaître la règle incriminée ici et l'a appliquée au mot covid-19 en concluant qu'il s'agissait d'un féminin, que cette règle ait été exacte ou fausse, il était bien trop tard pour qu'on puisse ne serait-ce qu'envisager de l'appliquer. En effet, à cette date, le mot était déjà utilisé uniformément au masculin en français depuis le début, et ce alors que la fréquence de l'_expression_ « covid-19 » sur l'internet, ce même 6 mars 2020, s'élevait, quatre mois seulement après son introduction, à quelques trois milliards et demi d'occurrences -- du jamais vu !, plus que pour des valeurs sûres et pérennes comme god ou bible --, il était évidemment bien trop tard pour changer de genre, à supposer que cela ait été justifié, ce qui, encore une fois ne l'était pas.

   Pourquoi le masculin s'est-il imposé plutôt que le féminin ? Qu'est-ce qui a bien pu faire pencher l'usage vers le masculin ? Il n'est pas toujours facile de répondre avec certitude à une telle question, mais, dans le cas présent, il est peu douteux que cela résulte de ce que les gens depuis le début ont employé indifféremment « coronavirus » et « covid-19 » pour désigner la même réalité. Le genre grammatical de coronavirus, clairement et naturellement masculin, a déterminé le genre de covid en français par contamination (« [un] virus » est transparent et présent à la conscience lors de chaque usage, ne serait-ce que de manière liminaire, rien de tel pour « covid » qui reste opaque.)

   La force de l'usage est telle que ceux qui emploient covid au féminin sont sans cesse obligés de lutter contre le retour du masculin lorsqu'ils s'expriment -- « Chassez le naturel, il revient au galop. » D'ailleurs, ne l'a-t-on pas constaté maintes fois dans les discours du président de la République où un premier « la covid-19 » orthodoxe (probablement pour bien montrer que rien ne lui a échappé) sera, parfois dès la phrase suivante, remplacé par « le covid-19 », le cerveau, fût-ce celui du président en personne, ne pouvant être à la fois à la ville et au champ sans que sa vigilance ne se relâche, soit au profit de choses plus urgentes, comme, peut-être, faire preuve d'intelligence électorale en montrant qu'il se conforme à l'usage général, qu'il est en somme comme tout le monde, soit par simple retour au petit trot du naturel.

   Désormais, le féminin n'est plus utilisé que par ceux qui, de manière générale, se font un devoir louable de bien s'exprimer -- malheureusement en appliquant une règle inexacte dans le cas de covid -- et, de manière guère excusable cette fois, par ceux qui veulent de se distinguer en montrant « qu'ils savent », croyant sinon appartenir à l'élite, du moins pouvoir s'y assimiler aux yeux des autres en adoptant une règle qui aurait passé au-dessus de la tête du vulgum pecus. Que, ce faisant, on en adopte une qui s'avère fausse est cocasse.

   Bien cordialement,

   Jacques Melot

> Cordialement,
> Brigitte
>       
> Le mar. 9 août 2022
>         à 11:08, Bernard Lombart <lombart AT synec-doc.be> a
>         écrit :
> > Même problème en informatique pour l'horloge.
> >           Pourquoi dire "la clock" parce que le français
> >           "horloge" est féminin ?
> >           Non, "le clock", et, s'il ne tenait qu'à moi, avec des
> >           guillemets (et français, oui !)...
> >         
> > B.L.
> >         
> > ====
> >         
> >  
> >         
> >         
> > Le 2022-08-09 10:46, Philippe-André Lorin a
> >           écrit :
> > > [Brigitte Gaudin de Gaullier]
> > > > Dans le mode d'emploi d'un dispositif
> > > >                 médical, un
> > > >                 client tient absolument à ce que l'on utilise le terme
> > > >                 anglais «
> > > >                 chip » au lieu du terme « puce ». J'hésite, dans ce cas,
> > > >                 entre
> > > >                 le masculin ou le féminin, c'est-à-dire « la chip » ou «
> > > >                 le
> > > >                 chip ». Je n'arrive pas à retrouver la règle.
> > > >             
> > >           
> >         
> > >  
> > > Pourquoi ne pas vous en remettre à un
> > >             dictionnaire??
> > >             Pour le Larousse et le Robert, chip est masculin dans
> > >             cette
> > >             acception.
> > >             C'est conforme à l'usage, selon mon expérience.
> > >           
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