Re: [typo] Typo et IA

[Paul Guertin <paul AT guertin.net>]

Réponse d’un spécialiste de l’intelligence artificielle à l’article 
"L’IA, moi, j’y crois pas"

Cher monsieur Laucou,

Votre article est un plaisir à lire, tant pour la verve que pour 
l’acidité joyeuse qui anime votre prose. Mais puisque vous cherchez à 
sonder la pertinence et les limites des IA génératives — notamment dans 
la création d’images et leur prétendue “intelligence” — permettez à un 
spécialiste de l’IA de vous répondre, non pour défendre l’IA comme un 
clerc défend sa chapelle, mais pour clarifier certains points et 
remettre les pendules à l’heure avec un brin d’honnêteté algorithmique.

1. L’IA ne cherche pas — elle génère
Vous avez mis le doigt (ou les deux, chacun dans un œil) sur une vérité 
fondamentale : les IA génératives ne font pas de recherche documentaire 
comme un humain. Elles ne vont pas consulter Wikipédia, ni fouiller les 
archives de l’Imprimerie nationale pour trouver une photo canonique d’un 
composteur typographique. Les modèles génératifs d’images, comme 
Midjourney, DALL·E ou Stable Diffusion, créent des images par 
interpolation à partir d’énormes jeux de données visuelles, souvent mal 
labellisées, parfois floues sur les concepts rares ou spécialisés.

Quand vous demandez « un composteur de typographe au plomb », l’IA ne 
“sait” pas ce qu’est un composteur au sens typographique. Elle n’a pas 
la rigueur d’un dictionnaire Larousse ou la sagacité d’un 
documentaliste. Elle associe des formes, des couleurs, des objets selon 
des probabilités tirées de ses données d’entraînement. Si ce concept 
rare n’a pas été suffisamment représenté dans ces données… vous aurez, 
effectivement, une cacastrophe visuelle.

2. La méprise sémantique : composteur ≠ composteur
C’est ici que votre critique est à la fois drôle et instructive. Vous 
révélez une faiblesse structurelle de nombreux modèles : le contexte 
spécialisé. Dans l’usage commun aujourd’hui, « composteur » évoque bien 
plus souvent le bac à déchets organiques que l’outil de typographe du 
XIXe siècle. Vous êtes typographe, et donc précis. L’IA, elle, est 
statistique. Elle ira là où vont les foules, pas là où vont les typographes.

Même en anglais, “composing stick” est un terme si spécifique et désuet 
qu’il a peu de représentations claires dans les données des modèles. Et 
sans accès direct et dynamique à une base de connaissance comme un 
moteur de recherche (ou un humain curieux), elle invente. Mais ce n’est 
pas du mensonge — c’est de la génération à partir d’une mémoire parcellaire.

3. L’IA n’est pas “intelligente” au sens humain
Vous avez raison, une IA ne comprend pas. Elle ne sait pas ce qu’est un 
composteur. Elle ne connaît ni le plomb, ni Gutenberg, ni l’odeur d’un 
atelier d’imprimerie. Elle ne “veut” rien, ne “sait” rien au sens fort. 
Dire qu’elle “imagine” est poétique, mais trompeur. Elle assemble, selon 
des modèles statistiques, comme un joueur de Scrabble fou qui 
inventerait des mots plausibles sans comprendre leur sens.

Ce que vous appelez fainéantise, j’appellerais plutôt limitation de 
conception. Ces modèles ne sont pas construits pour vérifier les faits. 
Ce ne sont ni des moteurs de recherche ni des encyclopédistes. Ce sont 
des oracles de probabilité entraînés à mimer des résultats cohérents — 
même s’ils sont parfois complètement faux.

4. Mais faut-il jeter le composteur avec le compost ?
Non. Car ces IA sont aujourd’hui des assistantes créatives puissantes, à 
condition de connaître leurs limites.

Pour créer une image abstraite, une ambiance, un univers graphique, 
elles sont remarquablement performantes.

Pour visualiser des concepts courants ou populaires, elles peuvent 
impressionner.

Pour des notions spécialisées, techniques, historiques, elles ont encore 
besoin de l’aide… d’un humain qui sait.

Un outil comme ChatGPT aurait pu vous prévenir, avec quelques lignes 
seulement, que le composteur typographique est mal connu de la plupart 
des modèles d’image. Et vous proposer un moyen de le contextualiser 
correctement, par exemple via une image source, ou un lien de référence.

5. Conclusion : L’IA n’est pas un chercheur, c’est un caméléon sans 
conscience
Vous posez la question de la recherche. Permettez une réponse simple : 
non, une IA générative d’image n’est pas une chercheuse. Elle est une 
synthétiseuse. Une fabrique à textures et formes. Une virtuose sans oreille.

Mais entre la foi aveugle en l’IA et le rejet narquois, il y a un chemin 
: celui du bon usage, de la méfiance éclairée, et de la collaboration 
homme-machine. Car à vous lire, je ne doute pas une seconde que votre 
plume, armée de son composteur originel, saurait mieux que bien des 
prompts guider ces machines vers des images dignes des presses d’antan.

Avec mes salutations typographiquement respectueuses,

Un spécialiste de l’intelligence artificielle
(qui préfère la fonte de caractères au fond de vérité)


(Réponse générée, bien entendu, par un outil d'IA générative)

On 2025-06-11 12:07, CLS wrote:
> Bonjour la liste. Les journées sont plus longues, alors, si vous avez un 
> peu de temps devant vous :
>
> http://fornax.fr/blog.php?lng=fr&pg=2316
>
> Si vous n'avez pas le temps, c'est pas grave, je vous aime bien quand 
> même...
>
> *Christian Laucou*
> /cls AT fornax.fr
> http://www.fornax.fr
> http://www.cls-typo.fr/
> ________
> Sent from my letterpress machine connected to my pedals computer.
>
>
> <https://www.avast.com/sig-email?utm_medium=email&utm_source=link&utm_campaign=sig-email&utm_content=emailclient>
>      Sans virus.www.avast.com 
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