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typographie - Re: gris typo

Objet : Liste consacrée aux discussions à propos de la composition et de la typographie

Archives de la liste

Re: gris typo


Chronologique Discussions 
  • From: Thierry Bouche <Thierry.Bouche AT ujf-grenoble.fr>
  • To: typographie AT irisa.fr
  • Subject: Re: gris typo
  • Date: Thu, 29 Apr 1999 10:59:34 +0200 (MET DST)

» Point de
» départ de la réflexion, un article de Karow (l'inventeur de hz) paru dans
» les Cahiers Gut :
» http://www.univ-rennes1.fr/pub/GUTenberg/publicationsPS/27-karow.ps.gz.

auquel il faut ajouter l'article du même Karow à RIDT'98, qui ruait
pas mal dans les brancards en remettait en question pas mal d'idées
reçues. Karow est actuellement consultant pour adobe, et on peut
reconnaître sa patte dans le module de justif d'indesign, en
particulier les fonctions de « crénage optique ».

HZ disposait de nombreux modules, dont la plupart reposaient sur un
système expert capable d'interpréter la géométrie des lettres, pas
seulement leurs métriques descriptives. La faiblesse de tous les
autres systèmes de composition est qu'ils sont aveugles (un comble,
non ?!) : on (le mec qui a fabriqué la fonte) leur dit que telle
lettre doit chasser tant, et sera crénée de telle façon avec telle
autre lettre, le système manipule les caractères d'une fonte comme des
objets dont il n'est pas maître, on peut dire que c'est le dessinateur
de caractère qui a dessiné les _mots_ de chaque composition. Enfin,
tant qu'on ne bidouille pas l'interlettrage... Le programme n'a en
fait que deux possibilités pour composer des pavés : diviser les mots,
et jouer sur l'intermot (contrairement à une idée reçue, en
composition en drapeau, il n'y a aucune raison de faire l'impasse sur
ces deux possibilités, au contraire : ça peut éviter les horreurs de
la coll. Découvertes-Gallimard...). L'idéal typo étant : peu de
divisions, et espace intermot constant adapté au pavé (toujours ces
sacrés blancs dont la répartition à la fois chaotique et tempérée
assure le mythique graal -- euh, gris -- typo).

HZ était capable de modifier directement une police vectorielle (SM)
pour corriger son dessin en fonction du corps, l'étroitiser en
respectant sa graisse, calculer les approches et créner
intelligemment. Bref, d'une certaine façon, hz était capable de faire
automatiquement des choses que les polices MM peinent à approcher,
malgré beaucoup de travail manuel !

Le truc dont parle l'article de Thanh, c'est une modification de
l'algorithme de tex, qui peut utiliser des variantes de la police pour
aider à la justification. Ça a le défaut de tex : ça ne manipule que
des dimensions, des boites noires sans formes. C'est donc beaucoup
plus limité que hz.

» (je n'ai pas encore vu le pdf de Thierry, mais ce qu'il en dit
» m'incite à penser que son expérience conduit à la même impasse).

Ça c'est une information !

Il faut bien comprendre la différence qu'il y a entre « démo »,
« expériences », et « pratique ». Sur une démo, on veut voir la
différence, donc on force un comportement _visible_, à la hussarde.
Dans le papier dont je parle, j'ai voulu montrer trois modes de
composition en parallèle, donc avec des justifs rikiki, pour qu'on les
voie fonctionner, j'ai autorisé des variations de chasse
gigantesques. Dans _cette_ situation, le résultat est tout de même
étonnant par la qualité du gris, et encore plus étonnant quand on
essaie de lire la colonne en question, ce qui est à peu près
impossible ! On réalise combien il est facile de pervertir le gris
typo, qui n'est pas une notion purement graphique, pour reprendre une
opposition qui revient souvent ici (belles pages, ou pages lisibles ?)
puisqu'elle a à voir avec une respiration des pages, une pénétration
du texte, un rythme de lecture (la gestion des blancs induit une
économie de lecture [phrase piquée dans le Financial Times, j'ai juste
remplacé « ressources humaines » par « blanc » et « échelle » par «
lecture »]). 

je me souviens que Porchez avait dit en deux mots à propos de hz :
« trop homogène, on s'y perd, pas pour nous. » On peut en effet se
poser plusieurs questions sur ces recherches d'homogénéisation poussées
du gris : elles prennent toujours pour référence la bible à 42 lignes
de GUTenberg. Ces pages sont aujourd'hui des icônes de la typographie,
mais qui les _lit_ ? En allemand, le gris est malmené par la fréquence
des capitales, et d'une certaine façon l'intermot n'a pas la fonction
sémantique qu'elle a chez nous, fonction remplie par les caps. Il est
donc tout à fait plausible qu'un truc à la hz améliore la lisibilité
de l'allemand, mais détruise celle du français.

» Pire, pour moi, il le fait en utilisant un interdit (presque) absolu :
» jouer sur la forme des lettres (cf. l'article de Karow). J'admets pour ma
» part un peu d'élasticité sur la chasse (le moins possible) et autant qu'il
» faut avec les espaces (dans des bornes raisonnables, évidement pour éviter
» trous et lézardes). Mais la forme des lettres, on ne doit pas y toucher,
» c'est l'horreur de faire ça, ça conduit à l'échec, à l'in-homogénéïté,
» justement. À la catastrophe esthétique.

Si ça se voit. Prends une ligne de texte dans une justif
normale. calcule la déviation des intermots par rapport aux valeurs
optimales (disons que ton programme actuel est capable de faire des
lignes avec un intermot d'un quart de cadratin, à plus ou moins 20 %,
donce cette variation est dans les 5 % de cadratin par espace), divise
par le nombre de lettres sur la ligne (quelle est la longueur moyenne
d'un mot ?) et regarde ce que tu as à répartir sur les lettres : c'est
de l'ordre de 0,5 %, sachant qu'une lettre comme « i » ne bougera pas,
un « m » un peu plus... Évidemment, il faut ensuite flasher à 2400 dpi
si tu veux te faire une idée réaliste de la chose...


» Passe encore qu'on modifie (légèrement, très légèrement) le dessin d'une
» lettre en l'étroitisant ou en l'élargissant, mais alors il faut le faire de
» la même façon sur tout le texte. Ce que hz ne fait pas.

Ce serait absurde !

» la question de  l'in-homogénéïté reste entière...

Ce que je vais essayer d'étudier, en faisant des test beaucoup plus
exhaustifs (le 20/05 à Lyon, pub gratuite), c'est dans quelle mesure
le rythme est altéré par de toutes petites modifs de chasse.

» Finalement, le seul algo de justification que j'ai jamais trouvé
» convainquant, c'est celui du logiciel de Méron, qui recalcule la chasse de
» chaque lettre en fonction de son enveloppe

Crénage à la volée, ne des fonctions d'hz, dont tout lemonde a dit
le plus grand mal ici. 

Que penses-tu de ses « ligatures » Vi sans point ?


Thierry Bouche, Grenoble.



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