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typographie - Re: ON A TEMPETE (accents sur les caps)

Objet : Liste consacrée aux discussions à propos de la composition et de la typographie

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Re: ON A TEMPETE (accents sur les caps)


Chronologique Discussions 
  • From: Olivier RANDIER <orandier AT planete.net>
  • To: typographie AT irisa.fr
  • Subject: Re: ON A TEMPETE (accents sur les caps)
  • Date: Thu, 28 Sep 2000 18:12:01 +0200
  • List-archive: <https://www.irisa.fr/wws/arc/typographie>

>> > Le résultat, comme on peut le constater, est un clivage
>> > et une situation tendue entre partisans de cette règle et opposants,
>> > une situation préjudiciable dont on aurait pu faire totalement
>> > l'économie.
>>
>>Ah ?
>
> Oui, l'archarnement diacritique est un phénomène relevant de la
>sociopsychanalyse. Cette histoire d'accentuation est un thème- ou une

>cause-écran (comme on parle de souvenir-écran) et ce n'a, au fond,
>que peu à voir avec la typographie. Comme je l'écrivais il y a
>quelques jour, c'est un exutoire.

Jacques, ta mauvaise foi légendaire n'a d'égale que ton acharnement que je comprends d'autant moins qu'il me semble que tu es d'accord avec nous pour dire que l'accentuation des capitales est préférable. ;-)

Le dogmatisme n'est pas du côté que tu prétends. Tous ici, nous avons appris à l'école qu'on ne DOIT PAS accentuer les capitales. Or, comme tu le fais remarquer à juste raison, l'histoire de la typographie montre que cette assertion péremptoire est fausse : les pratiques ont été très variées. Mais ce mythe de la non-accentuation a eu souvent pour conséquence de nous interdire toute autre pratique, certains en prenant prétexte pour omettre les capitales accentuées dans les matériels que nous utilisions quotidiennement pour composer. Les typographes ont, de tous temps, utilisé divers artifices pour restituer une accentuation jugée nécessaire malgré un matériel incomplet. À cause de ce mythe, des habitudes ont été prises qui nous posent des problèmes quotidiens. Quand j'ai besoin de composer, pour des raisons d'encombrement, une longue liste de noms propres ou d'adresses en bas de casse et que je la reçois saisie tout en capitales sans accent, accorde-moi que j'ai des raisons de m'énerver.

Quand je perd trois heures à rétablir l'accentuation d'un texte qu'on m'a demandé de composer en bas de casse et que j'ai reçu en capitales non accentuées, mon énervement a des origines beaucoup plus socio-économiques que psycho-machin, crois-moi !

Ma position n'est pas de dire qu'il FAUT accentuer systématiquement, encore moins de vilipender le profane qui ne le fait pas. Elle est d'opposer au dogme scolaire de la non-accentuation le fait qu'il n'existe aucune raison objective de ne pas accentuer, alors qu'il en existe plein pour le faire. Et si l'on incite à accentuer intégralement, c'est parce que c'est plus cohérent et plus simple. Il est déjà assez difficile de faire admettre aux profanes qu'on peut accentuer les capitales, il serait absurde de les accabler d'exceptions inutiles.

Je vais essayer d'énumérer les arguments objectifs en faveur de l'accentuation.

-- Il est vrai que l'absence d'accentuation pose peu de problèmes, les rares ambiguïtés vraies pouvant être levées par le contexte. Mais le premier rôle du typographe est de ne pas compliquer le travail du lecteur. Si l'on prend l'exemple de
CHARLES PASQUA DEGOUTE PAR LES REVELATIONS POSTHUMES DE MONSIEUR MERY, le lecteur pourra assez facilement déterminer l'orthographe réelle de DEGOUTE, mais ça lui réclamera un effort. Trop souvent répété, cet effort engendrera un inconfort de lecture. Lisez _À la recherche du temps perdu_ en capitales (ce qui n'est pas conseillé, j'en conviens) accentuées et non accentuées et comparez le nombre de cachets d'aspirine nécessaires.
LE LECTEUR DEGOUTE PAR L'ABSENCE D'ACCENTUATION ;)

-- Les ambiguïtés citées ne se produisent pas en bas de casse. Je ne vois objectivement aucune raison d'accepter que la capitalisation d'un texte engendre des ambiguïtés n'existant pas dans le texte. Du point de vue d'un auteur, j'accepterais mal que la composition de mon texte comporte des ambiguïtés que je n'y ai pas mis (et lycée de Versailles).

-- Là où l'absence d'accent est la plus cruciale, en fait, c'est dans les noms propres, parce qu'il est alors impossible de la restituer.
Voici une liste de codes postaux français composée en capitales sans accent, restituez-en l'orthographe pour la composer en bas de casse (solutions plus bas).
AIX LES BAINS
CHENELETTE
CONDE LES HERPY
ENQUIN LES MINES
EPAUX BEZU
MONCEAU LES LEUPS
SAINT CERE
SERY LES MEZIERES
SETE
Certes, c'est facile de deviner, la plupart du temps, quand on connait les règles d'accentuation en français (ce qui n'est pas le cas de tout le monde, par exemple, les étrangers). N'empêche que j'ai extrait ces noms d'une liste des codes postaux français sous Word qui circule sur Internet, et qui a été établie visiblement à partir d'une version en capitales non accentuées puisque j'y ai relevé, au hasard, les erreurs suivantes:
La Ferte Milon (La Ferté Milon)
Herpy l'Arlesienne (Herpy l'Arlésienne)
ainsi que cette ambiguïté, que je n'ai pu vérifier :
Le Pont du Fosse
___________________
Solutions
Aix-les-Bains
Chênelette
Condé-lès-Herpy
Enquin-les-Mines
Epaux Bézu
Monceau-lès-Leups
Saint Céré
Sery-lès-Mézières
Sète

Cet exercice vous paraît stupide ? À moi aussi, et pourtant j'ai fréquemment à me le coltiner (ce qui est très agréable en période de charrette), à cause de ce dogme qui incite les sécrétaires à ignorer systématiquement l'accentuation. Encore est-il possible de vérifier celle-ci dans un dictionnaire des noms propres, ce qui beaucoup plus difficile pour les noms propres de personnes (sauf les gens assez connus pour être dans le dictionnaire).
Une source en capitales non accentuées (comme l'annuaire du minitel !) n'est pas fiable pour l'orthographe.
Et ça ne concerne pas que le typographe, je pense que le journaliste qui doit citer dans un article (donc en bas de casse) des personnes ou des villes dont on lui a donné la liste sous cette forme doit pester autant que moi.

-- L'accentuation systématique a un énorme avantage : elle rend les versions capitales et bas de casse totalement interchangeables, notamment pour l'informatique. Alors que des textes pas ou partiellement accentués font perdre beaucoup de temps (donc d'argent) à restituer l'orthographe lors d'un changement de casse.

-- Lorsqu'on compose en petites caps, ce qui est souvent le cas des entrées de lexique, on accentue les petites caps pour restituer l'orthographe. Je ne vois aucune raison objective pour composer ELECTRICITE en capitales, mais ÉLECTRICITÉ en petites caps, c'est incohérent.

-- Pour les mêmes raisons, le recours aux exceptions d'accentuation en initiale ne tient pas. Pourquoi composer électricité en bas de casse, ÉLECTRICITÉ en petites caps, mais Electricité à l'initiale ? C'est avec une telle logique qu'on se retrouve avec des absurdités comme ELECTRICITÉ.

-- Quand à l'exception sur À, je suis tombé une fois sur une phrase de ce style :
LA PREVOYANCE A L'AGE DE LA RETRAITE
qui peut faire penser qu'on parle de retraité prévoyants, alors qu'en fait il s'agissait de fêter les 65 ans de la société La Prévoyance (c'était pas ce nom-là, mais ça revenait au même). Pour être fiable, l'accentuation doit être complète.

Certes, l'accentuation n'est, dans la plupart des cas, pas indispensable, mais je suis convaincu qu'il faut dans ce domaine suivre le principe que ça va sans dire, mais que ça va encore mieux en le disant. Il faut nous libérer de ce mythe.
Je suis tout à fait d'accord que les pratiques ont été très diverses et que l'usage populaire est de ne pas accentuer, ou seulement quand c'est indispensable. Mais, quand il s'agit de composition professionnelle, aujourd'hui, et spécialement concernant des ouvrages de référence, je pense qu'il faut inciter à accentuer systématiquement. Le cas du minitel est inacceptable.

Je ne veux pas prolonger un débat qui doit lasser, mais je te défie de trouver un argument positif et objectif pour ne pas accentuer quand on en a la possibilité (je pense qu'on sera d'accord que l'usage n'est pas un argument dans ce domaine).

En fait, je dirais que c'est moins l'accentuation qui pose problème que la manie de la capitalisation chez des personnes qui ne savent pas utiliser correctement un clavier (ce qui est gênant pour des personnes payées pour faire de la saisie). En effet, si les formateurs apprenaient aux secrétaires qu'elles peuvent taper leurs textes en bas de casse et les capitaliser après coup, ou si le verrouillage majuscules fonctionnait correctement sur Windows (je crois que c'est -- enfin -- le cas dans les dernières versions), je n'aurai pas tant de soucis avec les textes que je reçois.
Donc, si vous ne savez pas accentuer les capitales, ce n'est pas grave, mais alors tapez en bas de casse, merci pour moi !
J'arrêterai de dire qu'il faut accentuer les capitales lorsque les instituteurs et les professeurs arrêteront de dire qu'il ne faut pas le faire, OK ?

Olivier RANDIER -- Experluette mailto:orandier AT planete.net
http://technopole.le-village.com/Experluette/index.html
Experluette : typographie et technologie de composition. L'Hypercasse (projet de base de données typographique), l'Outil (ouvroir de typographie illustrative).




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