Re: [typo] Historique des accents

[Jacques Melot <jacques.melot AT isholf.is>]

 Le 12/02/03, à 8:43 +0100, nous recevions de Jacques Andre :

> Stéphane Lamek wrote:
>
> Depuis que je sais que, contrairement à une idée reçue, il n'a jamais été
>
> >  interdit de mettre des accents sur les majuscules, j'aurais aimé savoir d'où
> >  venait cette "idée reçue". Quelles sont les faits sociaux, techniques ou
> >  historiques qui ont donné de l'ampleur à cette fausse information?
>
> Une bonne raison est qu'on nous a appris à l'école primaire qu'on ne 
> met pas d'accents sur les majuscules (sous entendu sur les anglaises 
> que nous apprenions), ce que



   Ce n'est pas la raison ultime.



> confirmait l'enseigne du café qui se trouvait devant mon lycée « 
> CAFE DE L'EPEE ».
>
> Ceci dit, je n'ai pas de trace écrite de cette règle scolaire, si 
> quelquun en a une je serais heureux de la voir !



   Pour beaucoup de choses qui vont de soi ou qui sont considérées 
comme telles, il n'y a aucune règle écrite. À l'étranger, on 
s'aperçoit avec étonnement que ceux qui ont appris le français 
connaissent des règles de grammaire française qui sont inconnues des 
français qui ont été éduqués en France. La raison en est simple : 
lorsque l'enfant arrive à l'école il connaît déjà certaines règles 
qu'il applique correctement instinctivement n'ont plus besoin d'être 
explicitées et qui ne le seront pas. Cette histoire de non 
accentuation fait partie du lot : l'accentuation des majuscule est 
libre et ne se fait généralement pas, pour diverses raisons. En 
France, la paresse à ce niveau est, sinon une bonne raison, du moins 
une raison suffisante et acceptée, alors qu'elle ne l'est pas du tout 
ailleurs.



> Outre cette raison pédagogique, il faut dire aussi que beaucoup 
> d'ouvrags imprimés n'avaient pas toujours toutes els capitales qu'il 
> aurait fallu ; d'ailleurs les imprimeurs devaient faire un effort 
> pour en disposer :



   Ce n'est absolument pas une raison ultime non plus ! Dans bien des 
pays, même pauvres, on faisait en sorte de disposer des caractères 
accentués haut de casse nécessaires pour accentuer uniformément 
indépendamment de la casse avant de songer à imprimer. Si en France 
ce n'était pas le cas, c'est parce que, précisément, cela n'avait pas 
d'importance, du moins pas au point que l'on s'interdise d'imprimer 
en l'absence des hauts de casse accentués. C'est donc bien, comme je 
l'écrivais, parce que « les Français sont français », ce que j'aurais 
pu rappeler à tous les paragraphes commentés, plus haut.



> La casse parisienne (où étaient rangés les caractères selon un ordre 
> « normé ») ne comprenait d'ailleurs pas toutes les capitales 
> accentuées :
> il y manquait À Â Ë Î Ï Ô Û et Y tréma qu'il fallait alors aller 
> chercher dans un casseau



   Pourquoi en français, mais pas en danois ou en islandais alors ??? 
Parce que nous sommes français et que ceux que je viens de citer ne 
le sont pas... Nous nous faisions la vie facile de ce côté, parce 
que, à nos yeux, cela n'avait pas une importance telle que 
l'investissement en temps et en énergie qu'une telle systématisation, 
sans doute ressentie comme lourdement germanique, calviniste ou 
luthérienne, soit relevant d'une mentalité d'autoflagellation, 
nécessitait. Le fait est là que nous nous en contentions, et l'on 
peut retourner ça dans n'importe quel sens que c'est le mot qui 
convient !

   Sur ce, bonnes saintes,

   Jacques Melot


> Enfin, les machines à composer, et notamment la Linotype très 
> utilisée dans la presse, faisait aussi appel à un casseau.
>
>
>
> --
> Jacques André, Irisa/Inria-Rennes
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