Accéder au contenu.
Menu Sympa

typographie - Re: [typo] R�glage de l'approche des caract�res

Objet : Liste consacrée aux discussions à propos de la composition et de la typographie

Archives de la liste

Re: [typo] R�glage de l'approche des caract�res


Chronologique Discussions 
  • From: Olivier Randier <orandier AT fr.inter.net>
  • To: typographie AT irisa.fr
  • Subject: Re: [typo] Réglage de l'approche des caractères
  • Date: Wed, 23 Apr 2003 13:11:51 +0200

Salut Ã  tous !

L'animateur sans travail que je suis s'excuse de son absence prolongée, due à une longue période de b. à t. de la mort qui tue, suivi de nouvelles tribulations avec son @#&$* de FAI (changements multiples de numéros de connection, ajout d'un pare-feu à l'envoi nécessitant mise à jour de client mail et reconfigurations diverses -- je les déteste).

Petit post-scriptum - en commençant par dire que j'ai nettement apprécié les
échanges qui ont suivi mon "coup de gueule", et qui démontrent une fois de
plus l'intérêt de cette liste (pour moi, comme pour d'autres). Mais j'ai
tendance Ã  répondre du tac au tac.
Cela dit, deux remarques s'imposent (que Thierry Bouche, dont j'apprécie
vivement les contributions, me pardonnera) :

1. L'expression latine est "deus ex machina" ; "maquina" est un hispanisme
(ou du latin de cuisine, au choix).

Thierry a trop lu de Buen, Ã§a déteint...

2. Ce deus ex machina existe : je l'ai rencontré de multiples fois, sous son
appellation, plus courante en France, de "directeur artistique" (DA pour les
intimes). Oui, en presse périodique ou en boîte de comm., ledit DA définit
en effet non seulement la charte graphique d'une publication dans son
ensemble, mais encore les moindres détails des diverses feuilles de style Ã 
utiliser - y compris l'étroitisation, en effet. J'ai ainsi vu des feuilles
de style spécifiant non pas une police "condensed" (par exemple) mais bien
la police standard Ã©troitisée Ã  95 %... ou même 90 % ! Inutile de dire que,
dans ces conditions, la marge de man¦uvre est extrêmement réduite. (Dans un
des cas en cause, le DA Ã©tait par ailleurs prof d'arts graphiques et
directeur d'atelier aux Beaux-Arts, Ã  Paris...)

Voila qui me rappelle de mauvais souvenirs.
Aux tristes temps où je travaillais dans la pub, j'ai souvent eu à faire à ces personnages, hélas, dont l'inculture et la pauvreté d'esprit ne se rencontrent plus guère que chez les animateurs de radios libres, pour paraphraser Desproges... Des mecs payés trois fois plus que moi, que j'ai vainement essayé d'inciter à _ouvrir_ le manuel du logiciel qu'ils utilisaient quotidiennement ; ça ne les intéressaient pas, ils se prenaient pour des artistes (sans se rendre compte qu'ils se faisaient exploiter en travaillant à peaufiner leur infarctus quinze heures par jour). C'est une des raisons qui m'ont fait changer de secteur, j'en avais marre de passer mes journées à composer de la m.., tant sur la forme que sur le contenu. Quant aux maquettes impossibles, aux étroitisations monstrueuses, j'ai même vu pire : jusqu'à des 60 % sur du Futura non condensé, genre...

Ceci soit dit en passant pour inviter Ã  plus de circonspection, quand on
veut trancher sur les conditions de travail effectives de la profession (ou
des professions) dans le secteur presse-imprimerie-édition en son ensemble.

Enfin, inutile de se masquer les yeux : si le client d'une boîte de comm.
exige que, pour son rapport annuel, 55 lignes de texte rentrent dans un
tableau conçu pour accueillir 50 lignes (et pas question de changer les
dimension d'un millimètre), on ne va pas passer 20 ou 30 heures Ã  tâtonner
(on serait viré vite fait) : d'abord, la feuille de style définit tout.
Ensuite, faut que Ã§a rentre - et pas question d'omettre ou modifier un mot
dans une liste d'investissements, par exemple (y a des lois contre Ã§a).
Alors, on Ã©troitise - et si Ã§a ne suffit pas, on rogne sur l'approche.

La PAO et la correction, c'est aussi Ã§a.

Oui, j'ai bien connu. J'ai combattu pied à pied pour maintenir un certain niveau de qualité dans ma production et me faire respecter pendant sept longues années, et puis j'ai jeté l'éponge. Maintenant, je fais du livre, avec des vrais textes et de vraies maquettes, et je suis le plus heureux des hommes.

Bon, concernant la question posée, voilà ma pratique, bien entendu valable dans mon contexte de travail :
Dans mes réglages de C&J, je fais varier l'espace inter-mots entre, disons, 75% et 150%, dans les cas extrêmes, mais plutôt autour de 85%-120%, l'interlettrage entre -3% et 5%, au pire, ces valeurs tendant, à mon goût, de plus en plus vers 0. Mon expérience, confrontée à mon vécu de lecteur, m'a fait constater qu'il vaut mieux autoriser des espaces un peu lâches ou serrées que de martyriser l'interlettrage.
Lorsque je dois faire rentrer une ligne, je commence par tenter de resserrer l'approche jusqu'à 3% maxi, puis, dans les cas désespérés, j'étroitise jusqu'à 98%, 97% en désespoir de cause. Mais j'essaie toujours de trouver une meilleure solution. Je n'augmente que très rarement l'approche, jamais de plus de 1,5%.

Quelques petits trucs qui me sauvent parfois : lorsque je resserre l'approche pour faire rentrer et que ça me paraît trop serré, j'étroitise de 1 ou 2% et je relâche l'approche.
Quand tout un texte indépendant est trop long, je propose une réduction d'un quart de point du corps, plutôt que d'étroitiser. En général, ça passe mieux (en pub, le DA ne s'en aperçoit même pas).

Point important, souvent oublié : losqu'on doit faire rentrer un paragraphe, il est toujours préférable de retoucher l'approche d'un paragraphe de 1% que de resserrer une ligne seule à 3%...

Dernière remarque enfin : il y a une incohérence flagrante à proposer une charte très contraignante pour une collection, s'il n'y a pas de calibrage imposé aux auteurs. Dans un magazine, la charte est souvent très contraignante, mais les rédacteurs sont astreints à un calibrage très précis. Lorsqu'on ne peut pas imposer aux auteurs un calibrage, la charte (ou l'espace disponible) doit être souple, sinon il est évident qu'on va dans le mur. Un bon maquettiste (c'est-à-dire généralement pas un DA) doit savoir tenir compte de ces paramètres. Des contraintes délirantes totalement inadéquates au texte à composer dans des délais hallucinants sont une des joies de la comm'. Une autre étant de mettre, de temps en temps, le nez d'un DA dans son caca...



Archives gérées par MHonArc 2.6.16.

Haut de le page