Re: Site et caract res pirat s

[Jean-Francois Porchez <jfporchez AT hol.fr>]

Elisabeth Domergue wrote:

> Je ne comprends pas du tout cette idée de gratuité.
> Les écoles vont être taxées pour le photocopillage,
> c'est à dire qu'on va enfin régulariser la situation des profs qui
> utilisaient les photocopieurs pour reproduire illégalement des documents.
> C'est normal, on aimerait que les ressources ainsi dégagées profitent aussi
> aux auteurs.
> Pourquoi les fontes seraient-elles essentiellement gratuites.
> En création graphique, le choix du caractère est tellement important, il
> détermine beaucoup l'esprit de la mise en page ou du logo !
> Le choix d'un caractère neuf apporte une réelle plus-value à un travail, 
> non?

Enfin un message positif qui admet enfin que ce que tout le monde sur
cette liste utilise tous les jours, les caractères ne sont pas des
choses qui tombent du ciel... ;-)

> D'accord, comme enseignante je ne suis pas confrontée exactement à la même
> logique, mais les budgets de l'éducation nationale sont vraiment serrés,
> vous savez, ça ne nous empêche pas chaque année de choisir avec un intense
> plaisir quelques fontes neuves, de voir la tête inquiète des imprimeurs :
> "ça vient d'où ça?" et d'enrager si nous soupçonnons les mêmes d'avoir mis
> la fonte dans leur stoc sans licence. Quand aux étudiants, leur appétit est
> sans limite et il bon qu'ils connaissent le prix du privilège de travailler
> avec des fontes qui sont une expression de l'air du temps.
> Mais bon c'est peut-être un dialogue de sourd. Dommage.
 
D'ailleurs, puisque je suis également enseignant (et journaliste), je
partage tout à fait le point de vue d'Elisabeth. Le plus important est
de faire apprecier la bonne typographie, apprendre à voir, a acquerir
une sensibilité. Jamais pour eux je ne m'arrêterais de leur donner,
donner jusqu'à plus soif. Sans jamais attendre un quelque retour de leur
part (même si cela fait plaisir et flatteur). Non au paternalisme.

Mon but n'est pas de faire le gendarme, mais plutôt de faire partager
mon amour pour la typographie. Et le respect que l'on doit avoir envers
nos confrères créateurs de caractères qui depuis des centaines d'années
pratiquent leur métier avec ferveur. Gutenberg et Garamond (parmis les
plus grands) sont tous deux morts dans la misère, comme de nombreux
artistes d'ailleurs.

Pour finir, à propos du marché des caractères, il faut le comparer au
marché du disque. 
1- On trouve des cd-compilations de musiques de films, de jazz, de
slows, de concertos, etc. l'équivalent en typos, ce sont ces cdrom pas
chers ou ces bundles inclus avec des logiciels grand-public.
2- La gamme au-dessus, ce sont ces antologies conçues par de gros labels
de disques, l'oeuvre de Karajan, de Louis Amstrong, etc. qui bien
conçues permettent à des amateurs exigeants (ou institutions...) qui
prêt à payer le prix, ont du plaisir à découvrir quelques oeuvres
inconnues, l'équivalent en typo, ce sont ces typothèques complètes comme
celles de Adobe, Monotype, etc. que les grosses agences, flasheurs se
doivent de posséder.
3- Enfin, les nouveautées, raretées, *imports japonais*, labels
indépendants qui offrent aux passionnés de morceaux nouveaux,
expérimentaux, rares... l'équivalent des petites fonderies du genre de
Emigre ou Tiro qui offrent des caractères classiques originaux, ou très
novateurs que seuls quelques passionnés de typos, graphistes-typographes
payeront le prix pour les avoirs.

Tous ceci pour dire qu'il ne faut pas confondre ces différents marchés
et utilisations. Et ce qui est dommage, c'est que dans la musique, avec
la SACEM, à tous les niveaux les droits d'auteurs sont respectés
(aujourd'hui, en musique même le sampling est reconnu comme une création
originale et quelques disc-jockeys sont maintenant inscris à la SACEM) 


        Salutations,

        Jean-Francois Porchez
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 
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