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typographie - Re: Courier et Elite

Objet : Liste consacrée aux discussions à propos de la composition et de la typographie

Archives de la liste

Re: Courier et Elite


Chronologique Discussions 
  • From: Alain Hurtig <alain.hurtig AT hol.fr>
  • To: TYPOGRAPHIE Distribution List <typographie AT dns.irisa.fr>
  • Subject: Re: Courier et Elite
  • Date: Thu, 15 Jan 1998 06:36:07 +0100

At 15:40 +0100 14/01/98, Thierry Bouche wrote:
>J.-D. Rondinet nous a raconté lors de la soirée typo l'aventure d'un
>rédac'chef qui, découvrant Courier à l'occasion d'une erreur
>Postscript, en tomba immédiatement amoureux, et l'utilise depuis sans
>retenue. Je trouve cette histoire touchante, d'autant plus que j'ai
>toujours tendance à diagnostiquer une erreur PS quand je vois l'infâme
>pointer le bout de son nez.
>
Lors de la même soirée, j'ai été le seul à défendre le Courier, qui me
semble tout à fait admissible pour tirer du listing au kilomètre et à usage
personnel (et tout le monde m'est tombé dessus, Thierry le premier : on a
échappé de peu au lynchage ;-)). Mais qu'il ne puisse en aucun cas s'agir
d'une police utilisable dans un autre contexte est amplement démontré par
la version grasse de la police (trop grasse, quand la version romain est
trop maigre). Et puis le Courier est parfaitement lisible en corps 11 et
12, mais pas en dessous, ni au-dessus.

(Anecdote : je suis tombé un jour sur un type qui m'a expliqué pendant une
heure que le Courier, pour être joli, devait voir ses approches sévèrement
reserrées : « Un bon -3 dans Xpress, c'est comme ça qu'il est beau », me
disait-il. J'ai essayé de lui faire valoir que non seulement, une police
est prévue avec des approches qu'il n'y a aucune raison de modifier
partout, mais qu'en plus, Courier est d'une police à chasse fixe, ce qui
fait que la manip n'a aucun sens. Et puis j'ai renoncé : si les gens
veulent faire des imbécilités, après tout ça les regarde !)

Pour dénoter le listing (dans un bouquin d'informatique, par exemple), on a
évidemment que l'embarras du choix. Prestige Elite me semble une
alternative raisonnable (il s'agit d'une police très neutre, presque sans
affects dans son dessin, et évidemment chargée de souvenirs). Je signale
aux bidouilleurs et aux nostalgiques que cette police contient (seule en
son genre, à ce que je sache) tous les caractères semi-graphiques qui
servaient à faire des tableaux au bon vieux temps des imprimantes
matricielles et des écrans verts 40 lignes/80 caractères (ces glyphes sont
cependant codés au dessus de $FF, alors il faut faire un effort pour aller
les chercher !)

OCR B est pas mal dans le même genre, mais plus élégante, connotant plus
l'urgence, la rapidité de lecture, une certaine objectivation du contenu.
Le malheur est que, depuis qu'un petit malin y a rajouté des accents et a
laissé circuler sa version (suivies par d'autres versions, d'ailleurs : les
accents ne sont pas les mêmes d'un travail à l'autre ;-)), on la voit un
peu partout utilisée en publicité, à mon sens à tort et à travers.

>Au fait, ici infâme est la négation de fameux, tant dans son statut de
>police par défaut, Courier est omniprésente et cependant jamais vue.
>
C'est la police-poubelle...

>Quand on voit un article d'informatique, mêlant Times, Helvetica et
>Courier (pour les listings de programmes) chacun de ces caractères
>venant de monde différents, avec des graisses différentes, des
>proportions différentes, semblant s'ignorer les uns les autres, se
>contredire à tout bout de chant, on se croirait dans une
>représentation de la cantatrice chauve.
>
Ou bien il s'agit d'illustrer par l'exemple la fusion des théories des
catastrophes et du chaos ;-). La Cantatrice chauve, dans son interprétation
typographique par Massin, est au demeurant une cacophonie volontaire de
polices de caractères, un manifeste de la typographie expressive. Qu'on
aime ça ou pas, il s'agit d'un travail parfaitement maîtrisé, que Massin a
d'ailleurs longuement justifié sur un plan théorique. Je doute qu'il en
aille de même dans la presse informatique ;-). Affirmer une chose aussi
élémentaire que : « On ne mélange pas les polices pour le plaisir, mais
parce qu'on veut _exprimer_ quelque chose, et parce que la « couleur »
d'une police donnera un sentiment précis, qu'une autre police ne donnera
pas, ou donnera moins », semble plonger certaines personnes (y compris des
graphistes, hélas !) dans une sorte de stupéfaction perplexe...

Alain Hurtig                                         
mailto:alain.hurtig AT hol.fr
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Si vous pensez avoir enfin trouvé la solution, eh bien ! une bonne nuit
de sommeil et il n'y paraîtra plus.
    Brigitte Fontaine





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