Objet : Liste consacrée aux discussions à propos de la composition et de la typographie
Archives de la liste
- From: Alain Hurtig <alain AT les-hurtig.org>
- To: typographie AT irisa.fr
- Subject: Re: [typo] Feu noir (encore)...
- Date: Fri, 23 May 2003 15:33:28 +0200
At 23:29 +0200 22/05/03, Olivier Randier wrote:
>On a déjà cité ici l'expression de « Feu noir sur du feu blanc » pour
>parler de la typographie. Je la retrouve sur le site d'Angelini.
>Je me demandais l'origine de cette citation
>
J'avais lancé ça comme un gimnick sur la liste, en 1998. Attribué par ma
pomme à rabbi Aboulafia (ceci au flanc : j'adore les fausse citations...)
Je recopie ici tout ce que j'ai trouvé (petite recherche sur « feu noir »,
dans mes propres archives de la liste). Un mail de 46 ko... Mmmm.... Que ceux
qui n'ont jamais envoyé un fichier _énorme_ en attaché me jettent la première
pierre !
Sinon, petite réflexion en passant et totalement hors charte : aller chercher
des références à la kabbale juive dans Grad, c'est prendre le risque du
miroir aux alouettes...
_________________________________________
X-From_:
typographie-request AT irisa.irisa.fr
Wed Mar 5 04:10:09 1997
X-Sender:
ahurtig AT pop.hol.fr
Date: Wed, 5 Mar 1997 04:12:24 +0100
To: TYPOGRAPHIE Distribution List
<typographie AT irisa.fr>
From: Alain Hurtig
<alain.hurtig AT hol.fr>
Subject: Re: mise en page A4
Reply-To: TYPOGRAPHIE Distribution List
<typographie AT irisa.fr>
At 18:20 +0100 4/03/97, Cecile Souche wrote:
>Quel serait un compromis supportable pour des marges sur un document
>recto-verso A4, qui ménagerait l'oeil et le papier ?
>
Après avoir débiné le "canon des ateliers", le voici dans sa vérité nue...
---------------------
Définitions :
Blanc de tête : le blanc en haut de la page Blanc de pied : le blanc en bas
Petit fond : le blanc du côté de la reliure Grand fond : le blanc du côté de
la coupe Empagement : espace occupé sur la page par la surface imprimée.
Justification : largeur de l'empagement.
Règle fondamentale : dans une page, le blanc est aussi important que le
noir : "Une lettre, c'est du feu blanc sur du feu noir", disait rabbi
Aboulafia.
Le "Canon" fonctionne sur la règle : 4 dixièmes, 5 dixièmes, 6 dixièmes,
7 dixièmes (je compte sur les matheux de la liste pour nous expliquer
pourquoi...)
--------
Deux versions du "canon".
Supposons un format de 120 par 180 mm.
1/ La version "luxe".
La justification est des 2/3 de la largeur de la feuille. Justification :
(120 * 2)/3 = 240/3 = 80 mm. On divise le "blanc total" (largeur du papier -
justification) en dixièmes, et on a :
(largeur du papier - justification)/10 : (120 - 80)/10 = 40/10.
Le dixième = 4.
On reprend la règle ci-dessus, et on a : Petit fond : 4 dixièmes, soit 4 * 4
= 16 mm Tête : 5 dixièmes, soit 5 * 4 = 20 mm
Grand fond : 6 dixièmes, soit 6 * 4 = 24 mm Pied : 7 dixièmes, soit 7 *
4 = 28 mm
L'empagement est de 80 * 128.
NB : (petit fond + grand fond + justif) = (16 + 24 + 80)
= 120 mm.
= largeur de feuille
Et on retombe effectivement sur nos pieds.
---
2/ La version "cheap"
On la joue à l'économie (mais c'est moche). La justification est aux 3/4 du
format de la feuille. Il suffit de refaire les calculs en utilisant 3 au lieu
de 4. Justification : (120 * 3)/4 = 360/4 = 90 mm. Le dixième de blanc = 3.
(120 - 90)/10 = (30)/10 = 3.
Petit fond : 4 dixièmes, soit 4 * 3 = 12 mm Tête : 5 dixièmes, soit 5 *
3 = 15 mm
Grand fond : 6 dixièmes, soit 6 * 3 = 18 mm Pied : 7 dixièmes, soit 7 *
3 = 21 mm
-------------
Ça semble compliqué, c'est en fait très simple (prendre une calculette quand
même...)
Appliquer le canon des ateliers n'est pas très original, mais c'est être sûr
de ne jamais se tromper !
Alain Hurtig
alain.hurtig AT hol.fr
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"Je ne vois rien, je vois tout: la certitude est puisée dans la ténèbre."
Angèle de Foligno
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X-From_:
typographie-request AT dns.irisa.fr
Mon May 12 20:57:24 1997
X-Sender:
ahurtig AT pop.hol.fr
Date: Mon, 12 May 1997 20:55:41 +0200
To:
lacroux AT skynet.be,
TYPOGRAPHIE Distribution List
<typographie AT irisa.fr>
From: Alain Hurtig
<alain.hurtig AT hol.fr>
Subject: Re: Renfoncement
Reply-To: TYPOGRAPHIE Distribution List
<typographie AT irisa.fr>
At 18:54 +0100 12/05/97, Jean-Pierre Lacroux wrote:
>Elle vient de la définition même du paragraphe, du moins de sa définition
>traditionnelle. Un paragraphe EST séparé du paragraphe suivant par une ligne
>de blanc. Cela le distingue de l'alinéa, qui se contente du renfoncement.
>
Voilà une distinction un peu bizarre, et qui ne tombe pas sous le sens
commun. Mais admettons, alors je repose ma question :
Le blanc (ou la demi ligne) entre deux « alinéas » ;-), ça vient d'où ? (de
la dactylographie peut-être, je me revois en train de faire le geste de
tourner un peu le rouleau de la machine à écrire...)
>Ce n'est pas un problème proprement typographique : ce choix appartient aux
>auteurs, du moins à ceux qui maîtrisent cette possibilité d'enrichir
>l'articulation des textes.
>
Le choix _appartient_ aux auteurs ? Bigre !
J'ai longtemps essayé de discuter avec les auteurs de l'articulation de leurs
texte, de leur essayer que le blanc avait du sens, que blanchir une page,
c'était donner du sens, et qu'on ne pouvait pas le faire à tort et à travers.
De leur expliquer aussi que c'était un risque, que la page pouvait en devenir
moins lisible. Que mieux vaut un beau et vrai blanc quelque part plutôt que
plusieurs petits blancs partout. Je me suis épuisé à répéter que le blanc est
signifiant. Qu'un texte, c'est « du feu noir sur du feu blanc »
J'ai renoncé. Je crois que ces gens ne parlent simplement pas la même langue
que moi. Donc mes auteurs et moi, nous avons adopté un modus vivendi : ils
m'ignorent et je les ignore : ça fait les mariages paisibles.
En pratique, pour les indications de mise en pages fournies par les auteurs,
j'écarte par principe celles qui ne rentrent de toute façon pas dans la
charte graphique de la collection (du genre plein d'espaces entre les par...
les alinéas, pardon, du genre gras-italique-souligné-relief, etc.), et les
fantaisies que rien ne vient justifier (dues uniquement à l'ivresse de la
puissance de traitement que donnent les traitement de textes et autres outils
de présentation). Je regarde avec attention les suggestions qui font sens (à
quoi bon réinventer ce qui l'a déjà été ?)
Je constate souvent avec intérêt que les auteurs ne sont pas « bridés »,
corsetés, par de grands principes typographiques, et trouvent des solutions
logiques et parfois élégantes, pour présenter des listes compliquées par
exemple. Pourquoi ne pas en profiter ?
Je constate aussi que leur ignorance (naturelle, c'est pas leur métier) du
langage typographique est immense.
Je préfère ne pas leur « laisser le choix », mais décider en dernier ressort
(c'est pour cela qu'on me paye, d'ailleurs).
Alain Hurtig
alain.hurtig AT hol.fr
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« Quand on n'a plus rien à désirer, tout est à craindre ; c'est une félicité
malheureuse. La crainte commence où finit le désir. »
Baltasar Gracian, L'homme de cour.
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X-From_:
typographie-request AT dns.irisa.fr
Tue May 13 13:42:42 1997
Sender:
ppichaur AT grannus.u-strasbg.fr
Date: Tue, 13 May 1997 13:42:29 -0700
From: Paul Pichaureau
<ppichaur AT grannus.u-strasbg.fr>
Organization: IPCMS-GEMME
To: TYPOGRAPHIE Distribution List
<typographie AT irisa.fr>
Subject: Re: Renfoncement
Reply-To: TYPOGRAPHIE Distribution List
<typographie AT irisa.fr>
Alain Hurtig wrote:
>J'ai longtemps essayé de discuter avec les auteurs de l'articulation de
>leurs texte, de leur essayer que le blanc avait du sens, que blanchir une
>page, c'était donner du sens, et qu'on ne pouvait pas le faire à tort et à
>travers.
Tu discutes avec les auteurs, toi ? Je n'y connais rien, je précise, mais en
discutant avec des gens qui font de la mise en page, j'ai été très surpris
d'apprendre que les auteurs n'ont pas leur mot à dire en la matière. La
charte typo est toujours respectée à la lettre, et pour le reste, c'est au
maquetiste de décider, il a toutes latitudes pour cela.
À la réflexion, ça me semble très logique. Mais quel est exactement ton
boulot : tu fait des mises en page pour des auteurs à la demande, ou est-ce
que tu travailles dans le cadre plus « professionel » d'une maison d'édition ?
>De leur expliquer aussi que
>le blanc est signifiant. Qu'un texte, c'est « du feu noir sur du feu blanc »
>J'ai renoncé.
Ça ne m'étonne pas ! C'est un peu comme en calligraphie : les profanes
écrivent (et composent) sans la moindre idée des règles élémentaires. Je suis
toujours surpris de voir les (bonnes) idées qui peuvent surgir de la tête de
quelqu'un totalement ignorant en matière de typographie. Mais j'ai renoncé à
leur inculquer contre leur gré les règles élémentaires en la matière. Je
préfère agir par l'exemple : « tu vois, si tu mets ça dans un tableau, ça
t'évite d'avoir à mettre tes espaces à la main (à coup de barre
d'espacement), et ensuite tu peux changer la présentation très facilement »
>Alain Hurtig
--
Paul Pichaureau e-mail:
ppichaur AT grannus.u-strasbg.fr
Et il arriva que Strasbourg, France - 03 88 10 70 84
le Jeune Paul... IPCMS (http://www-ipcms.u-strasbg.fr)
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X-From_:
typographie-request AT dns.irisa.fr
Thu Dec 4 14:14:57 1997
X-Sender:
ahurtig AT mail.kazar.com
Date: Thu, 4 Dec 1997 14:02:37 +0100
To: TYPOGRAPHIE Distribution List
<typographie AT irisa.fr>
From: Alain Hurtig
<alain.hurtig AT patrimoine.net>
Subject: Re: Quel est votre caractere typo prefere?
Reply-To: TYPOGRAPHIE Distribution List
<typographie AT irisa.fr>
At 23:04 -0500 2/12/97, Jean Fontaine wrote:
>Quel est le caractère typographique que vous emporteriez avec vous sur la
>fameuse île déserte?
>
À mon tour...
Impossible de répondre à une question pareille !
Je peux dire ce que je n'aime pas ! Les linéales en général : c'en est au
point que je les confonds... Ça ne m'empêche pas de les employer quand c'est
nécessaire (tout dépend du travail à faire, de ce que l'on veut dire)
Mais j'ai quand même un faible pour les incises (Optima - peut-on dire que
LeMonde est une incise ? J'aime bien aussi, mais j'ai eu beaucoup de mal à
m'y habituer : elle me faisait mal au yeux).
Je ne vois pas comment on peux utiliser les mécanes, les égyptiennes, ce
genre là. Les scriptes m'amusent. Toute la gamme des polices fantaisies qui
se font maintenant (y compris la tendance « trashy » me fascinent, m'attirent
et me révulsent à la fois. Formé par la rude discipline du labeur, je n'en
vois guère l'emploi.
En général, je n'aime pas beaucoup les garaldes, que je trouve trop souvent
maniérées et molles : Bembo me fait l'effet de la guimauve, je m'y sens
empêtré.
Ben t'aime rien, alors, mon gars ? Si : j'aime les réales (pas toutes) et les
didones, j'aime les humanes quand elles sont rigolotes et surdessinées
jusqu'à l'absurde (Centaur en est un bon exemple).
J'ai, en fait, surtout des bonheurs de lecture : une belle police de
caractères, adaptée au sens des mots (dont elle est la servante), sur un bel
empagement (« Un texte, c'est du feu noir sur du feu blanc ») me rend les
textes plus proches, les pages plus intimes.
Comme metteur en pages, j'ai un immense bonheur en utilisant du baskerville,
du bodoni, du didot. Je me sentais sculpteur de pages, les mains dans une
matière qui me résistait et se laissait modeler à la fois, selon mon désir et
tout en gardant sa personnalité. J'ai senti à quel point ce métier pouvait
être senseul, et même érotique.
---------------
« Occupez-vous du sens, les mots s'occuperont d'eux-mêmes », Lewis Caroll (je
suis en veine de citations, aujourd'hui, mais je crains qu'elles ne soient
approximatives ;-))
Nous, notre travail, c'est de s'occuper des mots pour que le sens puisse s'y
frayer un chemin, non ?
--------------
PS : Question subsidiaire : qui sur la liste aime le Times « standard » et
l'Helvetica ?
Alain Hurtig
mailto:alain.hurtig AT hol.fr
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Si vous pensez avoir enfin trouvé la solution, eh bien ! une bonne nuit de
sommeil et il n'y paraîtra plus.
Brigitte Fontaine
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X-From_:
typographie-request AT dns.irisa.fr
Fri Feb 6 09:58:34 1998
X-Sender:
ahurtig AT pop.hol.fr
Date: Fri, 6 Feb 1998 09:57:34 +0100
To: TYPOGRAPHIE Distribution List
<typographie AT dns.irisa.fr>
From: Alain Hurtig
<alain.hurtig AT hol.fr>
Subject: Re: signes diacritiques
Reply-To: TYPOGRAPHIE Distribution List
<typographie AT dns.irisa.fr>
At 2:56 -0500 6/02/98, Jean Fontaine wrote:
>Si je comprends bien, tout l'alphabet, tout ce plomb utilisé depuis des
>siècles par les typographes français n'a servi qu'a produire du silence, du
>néant?
>
Deux réponses :
1. De rabbi Aboulafia, théoricien de la forme des lettres hébraïques : « La
lettre est comme la matière, et l'aleph [la lettre imprononçable, la lettre
qui a un nom et une forme, mais pas de son] comme le souffle qui meut cette
matière ».
2. De Alain Hurtig, contributeur à la liste Typo : « Le pied de la lettre ne
fut plus une vaine expression » [qui a jamais _prononcé_ l'empattement d'un
didot ?]
Moralité :
L'écrit, le livre, c'est « du feu noir sur du feu blanc », comme disait le
même Aboulafia, décidemment maître en mise en pages signifiantes.
L'empagement, le « petit fond » et le « grand fond », et le plomb fondu en
vain au cours des siècles, tous ces lieux du vide et du non-prononcé, sont
comme les lettres qui ne bruissent pas dans la bouche, présentes dans les
mots mais absentes du prononcé (signifiantes mais non signifiées : leur
ommission nous épouvanterait, ainsi le « h » de « huile » dont il fut
question hier).
Et le silence des pages, et le néant lui-même, portent le bruit du monde, et
permettent à ce bruit de se frayer un chemin jusqu'à la conscience.
C'est l'honneur et la joie du typographe, invisible gardien des formes,
discret guide du sens, d'indiquer ce chemin sans que personne ne s'en
aperçoive jamais.
-------------
Je prie l'aimable compagnie d'excuser cet accès de lyrisme. Je vous promets
que ça n'arrivera plus :-) (jusqu'à la semaine prochaine, of course ! ;-)).
Alain Hurtig
mailto:alain.hurtig AT hol.fr
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Si vous pensez avoir enfin trouvé la solution, eh bien ! une bonne nuit de
sommeil et il n'y paraîtra plus.
Brigitte Fontaine
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X-From_:
typographie-request AT dns.irisa.fr
Fri Feb 6 18:46:53 1998
Sender:
Thierry.Bouche AT ujf-grenoble.fr
Date: Fri, 06 Feb 1998 18:53:55 +0100
From: Thierry Bouche
<Thierry.Bouche AT ujf-grenoble.fr>
Organization: Institut Fourier
To:
typographie AT dns.irisa.fr
Subject: Re: signes diacritiques
Reply-To: TYPOGRAPHIE Distribution List
<typographie AT dns.irisa.fr>
>Souvenez-vous de Guy Levis-Mano et de ses 'Trois typographes
je m'en souviens, et du libraire qui agitait une édition originale sous mon
nez, tout excité et frétillant de la queue comme un bon chien me rapportant
un nonosse pour moi calibré.
Las, le papier est moche et la composition sans idée.
La plupart de ces compositions typographiques pour elle-mêmes, mais aussi les
poèmes lettristes : lettre morte.
je préfère encore le feu noir sur du feu blanc qu'on voit danser quand on a
fini la moquette :-)
--
Thierry Bouche.X-From_:
typographie-owner AT irisa.fr
Wed Sep 16 09:01:52 1998
_________________________________________
X-Sender:
ahurtig AT pop.hol.fr
(Unverified)
Date: Wed, 16 Sep 1998 09:01:55 +0200
To:
typographie AT irisa.fr
From: Alain Hurtig
<alain.hurtig AT hol.fr>
Subject: Re: Canon, feu noir, feu blanc
Reply-To:
typographie AT irisa.fr
X-Loop:
typographie AT irisa.fr
X-Sequence: 2071
At 2:10 +0200 16/09/98, Olivier RANDIER wrote:
>Comment faire vivre la mise en pages sur un support qui semble destiné à la
>page et au format unique (pourquoi d'ailleurs ? On aurait très bien pu
>imaginer des livres électroniques qui s'ouvrent en deux, non ?).
>
[etc.]
Oui, ça douche un peu l'enthousiasme qu'on peut ressentir en lisant ce genre
de nouvelles. Ce n'est sans doute qu'un problème technique, mais... laissé
aux mains des techniciens, il ne sera jamais résolu. Et je partage la gêne
d'Olivier devant les pages en « rouleau continu ».
>Tiens, en parlant des tracés régulateurs, pourquoi n'y en a-t-il que pour
>les doubles pages ? Ne peut-on imaginer la même chose pour des affiches ?
>
Je ne crois pas. Une affiche, et même une couverture, bref tout ce qui n'est
pas, justement, double page, a une dynamique absolument différente, un
équilibre des masses qui n'a rien à voir. On n'a que des cas d'espèces...
Même la seule règle imaginable, c'est à dire une symétrie droite-gauche est
régulièrement battue en brèche par les graphistes, qui ont bien raison de ne
pas s'y tenir.
C'est que l'affiche est faite pour le coup d'oeil, la perception immédiate,
le poing dans le ventre (ou le cerveau !), le plaisir sans recul et sans
limite. la page écrite (et illustrée, si nécessaire) porte plus de sens,
réclame une tension autre, a une vie et une durée autre. Faut-il rappeler que
l'encre sur le papier, c'est toujours « du feu noir sur du feu blanc », selon
la citation apocryphe d'un pseudo-rabbin kabbaliste dont j'ai oublié le nom à
force de le citer ? ;-).
>Les tracés régulateurs donnent
>des résultats admirables, mais sont inutilisables dans le contexte actuel,
>où les coûts, et notamment celui du papier, sont un facteur déterminant.
>
C'est une blague, ça ! Le coût du papier chute tendanciellement depuis des
décennies, sa qualité ne cesse de s'améliorer, et son coût est un mauvais
prétexte. Pour moi, c'est comme de prendre des stagiaires au lieu de vrais
maquettistes-typographes, au prétexte d'une masse salariale qui devient
prétendument trop lourde. Même processus, et mêmes résultats : baisse de
qualité, livres illisibles, ventes qui s'effondrent. Qui a _vraiment_ envie
de lire les livres qu'on nous montre ?
Bien sûr, il n'est pas question de confondre édition de luxe et édition
courante, « inédition rare », pour reprendre le mot de quelqu'un et livre de
poche. De là à mépriser le lecteur au point de supprimer les marges, il y a
un gouffre.
>N'y aurait-il pas matière à étudier des tracés modérés, à chercher des
>proportions raisonnables, sans laisser des marges inacceptables par le
>client et par Jacques André ? ;)
>
Mais ils existent ! Ça s'appelle le Canon des imprimeurs, il y en a deux, un
« luxueux » et l'autre _cheap_ [1], ils sont horribles tous les deux (enfin
bon, ils ne sont pas très beaux), le premier est spécialement économe pour
les marges, et plus personne ne l'applique. Même les petits et grands fonds
sont maintenant de valeurs égales (elle-même égale au blanc de tête et au
blanc de pied), les pages sont statiques, mornes, mortes, n'offrent aucun
plaisir de lecture. Les textes sont massacrés. Et ceci sans aucune raison
valable.
Le problème que posait jacques, je crois est tout autre, et d'ailleurs il est
double :
1. Le A4 est fortement connoté à la bureautique, à l'édition de rapports, de
thèses, à ce genre de trucs. Là, effectivement, on va au plus pressé, il n'y
a pas de marges. Du brouillon à l'impression définitive, aucun effort de
présentation n'est exigé (ni sans doute exigible). Cette image est difficile
à renverser, évidemment.
2. Le A4 pose un problème spécifique, qui rend ce format détestable. Je ne
sais pas pourquoi, mais c'est impossible de lui trouver un bon empagement. ce
n'est pas un problème de proportion, puisqu'on peut faire de très jolies
choses en A5. Qu'on essaye d'appliquer Hambidge à du A4, histoire de rire
(les résultats sont, euh... étonnants !) Un géométricien, un topologue, bref
un TeXiste, pourrait-il nous donner son avis là-dessus ? Pourquoi est-ce
qu'en A4, ÇA NE MARCHE PAS ?
La question a d'ailleurs été posée sur la liste, à plusieurs reprises, par
des p'tits nouveaux qui avaient une mise en page à faire dans ce format et
qui ne s'en sortaient pas, et personne n'a su trouver de réponses
satisfaisantes.
>* Notez avec quel brio je fais la synthèse des deux principaux fils : c'est
>là qu'on voit le métier de l'animateur ;)
>
Très beau boulot. Félicitations de l'ancien animateur ! :-))).
[1] J'en ai déjà donné les règles. je peux le refaire si nécessaire.
Alain Hurtig
mailto:alain.hurtig AT hol.fr
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N'est-il pas curieux qu'un être aussi vaste que la baleine voie le monde à
travers un oeil si petit et qu'elle entende le tonnerre avec une oreille plus
menue que celle d'un lièvre ?
Herman Melville, _Moby Dick_.
_________________________________________
X-From_:
typographie-owner AT irisa.fr
Wed Sep 16 15:01:29 1998
Date: Wed, 16 Sep 1998 15:00:29 +0200 (MET DST)
From: Thierry Bouche
<Thierry.Bouche AT ujf-grenoble.fr>
To:
typographie AT irisa.fr
Subject: Re: Canon, feu noir, feu blanc
Reply-To:
typographie AT irisa.fr
X-Loop:
typographie AT irisa.fr
X-Sequence: 2073
» C'est que l'affiche est faite pour le coup d'oeil, la perception immédiate,
» le poing dans le ventre (ou le cerveau !)
absolument. Il y a une affiche due à Duchamp qui est reproduite dans le
Blackwell : le jeu sur les gris typo est carrément époustouflant (surtout
provenant d'un non typo) et in-régulable (tant mieux) !!
» C'est une blague, ça ! Le coût du papier chute tendanciellement depuis des
» décennies,
je suis peut-être l'un des rares ici à avoir démarché des papetiers : alain a
mille fois raison, le papier ne coûte rien, les « éditions de luxe sur beau
papier » sont une belle arnaque. Le papier se vend à la tonne pour quelques
centaines de francs (je parle des plus beaux vergés chiffon, voire de
l'incroyable bouffant Skoura d'une papeterie de Gières). Le seul papier cher,
c'est le vélin d'arches de fort grammage, sur lequel il est également délicat
d'imprimer en offset (blanchet vite encrassé) donc coût de revient vraiment
élevé...
En outre, l'histoire de sauver des arbres est très largement une foutaise :
il existe dans le monde des forêts spécifiquement cultivée dans ce but, ce ne
sont pas les papivores qui déciment l'amazonie.
» et son coût est un mauvais
» prétexte. Pour moi, c'est comme de prendre des stagiaires au lieu de vrais
» maquettistes-typographes, au prétexte d'une masse salariale qui devient »
prétendument trop lourde. Même processus, et mêmes résultats : baisse de »
qualité, livres illisibles, ventes qui s'effondrent. Qui a _vraiment_ envie »
de lire les livres qu'on nous montre ?
tu parles d'or, hector.
» 2. Le A4 pose un problème spécifique, qui rend ce format détestable. Je ne
» sais pas pourquoi, mais c'est impossible de lui trouver un bon empagement.
je pense que c'est un problème de taille (est-ce penser que d'énoncer des
truismes ?).
On n'embrasse pas une double page A4 de la même façon qu'une double page A5,
on peut avoir une grande ouverture d'esprit, la focale est limitée.
Essentiellement, un truc en A4 se lit page par page, précisément en mode
brouillon ou manuscrit. Cela dit, j'ai vu des brochures approchant le format
A4 assez réussies. La recette miracle ? laisser des marges gigantesques à
l'extérieur (grand fond ?) et en bas (blanc de pied ?) de façon à ce que
l'oeil puisse embrasser le texte proprement dit. Les marges ainsi libérées se
prêtent idéalement à une composition « en gloses » come dit Jacques André
(notes habillant le texte principal) ou à des illustrations « en araignée »
comme dirait peut-être Denis Roche (par référence au poème « l'araignée
clouée au mur » de Francis Ponge). Un bon exemple de ce à quoi je fais
allusion (mais moins radical que ce à quoi je pense) est la mise en page de
l'_ABC du métier_ de Massin, et ...
» La question a d'ailleurs été posée sur la liste, à plusieurs reprises, par
» des p'tits nouveaux qui avaient une mise en page à faire dans ce format et
» qui ne s'en sortaient pas, et personne n'a su trouver de réponses »
satisfaisantes.
ne conviendrait point trop au goût commun en matière de thèses et autres
rapports « techniques »...
Thierry Bouche, Grenoble.
_________________________________________
X-From_:
typographie-owner AT irisa.fr
Wed Sep 16 15:47:02 1998
Sender:
Jacques.Andre AT irisa.fr
Date: Wed, 16 Sep 1998 15:46:20 +0200
From: Jacques Andre
<Jacques.Andre AT irisa.fr>
To:
typographie AT irisa.fr
Subject: [Re: Canon, feu noir, feu blanc] et papier !
Reply-To:
typographie AT irisa.fr
X-Loop:
typographie AT irisa.fr
X-Sequence: 2075
Thierry Bouche wrote:
>
>
>En outre, l'histoire de sauver des arbres est très largement une foutaise :
>il existe dans le monde des forêts spécifiquement cultivée dans ce but, ce
>ne sont pas les papivores qui déciment l'amazonie.
Ça c'est ben vrai, ça ! Quand la forêt bretonne a été davastée par un ouragan
voici une dizaine d'années, pas un seul arbre n'a été vendu pour faire du
papier. Il est resté pourrir dans les allées traversières des bois. Pas
confondre arbre pour papier et arbre tout court. Ni faire tout un foin parce
qu'on coupe le blé (qui lui aussi est planté pour être récolté !
[...]
>» La question a d'ailleurs été posée sur la liste, à plusieurs reprises, par
>» des p'tits nouveaux qui avaient une mise en page à faire dans ce format et
>» qui ne s'en sortaient pas, et personne n'a su trouver de réponses »
>satisfaisantes.
>
>ne conviendrait point trop au goût commun en matière de thèses et autres
>rapports « techniques »...
Questions annexes (en début d'année scolaire !) :
- qui sait (ou ne sait pas) ce qu'est un tracé régulateur? - qui a un bon
format pour écrire des mémoires sur A4 ? - (pas taper) qui utilise (et
pourquoi, et c'est bien ou pas ?)
le format A4wide de LaTeX (qui diminue très largement les marges pour écrire
sur environ 17cm de large au lieu des 13cm "régulés").
Posez votre souris !
--
Jacques André
Irisa/Inria-Rennes, Campus de Beaulieu, F-35042 Rennes Cedex, France
Tél. : +33 2 99 84 73 50, fax : +33 2 99 84 71 71, email :
jandre AT irisa.fr
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Wed Sep 16 16:30:14 1998
Date: Wed, 16 Sep 1998 16:28:45 +0200 (MET DST)
From: Thierry Bouche
<Thierry.Bouche AT ujf-grenoble.fr>
To:
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Subject: Re: [Re: Canon, feu noir, feu blanc] et papier !
Reply-To:
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X-Sequence: 2076
» - qui sait (ou ne sait pas) ce qu'est un tracé régulateur?
moi.
» - qui a un bon format pour écrire des mémoires sur A4 ?
j'ai un format
(http://www-fourier.ujf-grenoble.fr/~bouche/pdfTeX/geodif.pdf) ce n'est pas
moi qui dirai s'il est bon ou pas.
» - (pas taper) qui utilise (et pourquoi, et c'est bien ou pas ?) » le
format A4wide de LaTeX (qui diminue très largement les
» marges pour écrire sur environ 17cm de large au lieu des 13cm
» "régulés").
(euh, trucs et astuces, problèmes spécifiques posés par l'usage de tel ou tel
logiciel, serait-on pas un chouïa hors-charte ?)
_mon_ astuce est d'utiliser une fonte de gros oeil (Utopia) ce qui limite le
nombre de mots par ligne, et permet effectivement de réduire les marges, de
noircir la page, sans déséquilibrer outre mesure la lecture. En suivant la
remarque d'Alain, avec un caractère comme CM, tu es condamné à beaucoup plus
de blanc. Au point où on en est, je te signale la suite de packages
koma-script qui fait des calculs d'empagement selon Tschichold.
Thierry Bouche, Grenoble.
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Wed Sep 16 18:09:46 1998
Sender:
Jacques.Andre AT irisa.fr
Date: Wed, 16 Sep 1998 18:09:23 +0200
From: Jacques Andre
<Jacques.Andre AT irisa.fr>
To:
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Subject: Re: [Re: Canon, feu noir, feu blanc] et papier !
Reply-To:
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X-Sequence: 2078
Thierry Bouche wrote:
>
>» - qui sait (ou ne sait pas) ce qu'est un tracé régulateur?
>
>moi.
Évidemment ma question étant con, ta réponse aussi ! Donc, tu sais, ou pas ce
que c'est que ces trucs ? La question sous-jacente étant "est-ce que ça vaut
la peine d'expliquer ici ces machins ?"
>» - (pas taper) qui utilise (et pourquoi, et c'est bien ou pas ?) » le
>format A4wide de LaTeX (qui diminue très largement les
>» marges pour écrire sur environ 17cm de large au lieu des 13cm
>» "régulés").
>
>(euh, trucs et astuces, problèmes spécifiques posés par l'usage de tel ou
>tel logiciel, serait-on pas un chouïa hors-charte ?)
C'est bien pourquoi je disais "pas taper". Je hais les smil hais !
>_mon_ astuce est d'utiliser une fonte de gros oeil (Utopia) ce qui limite le
>nombre de mots par ligne, et permet effectivement de réduire les marges, de
>noircir la page, sans déséquilibrer outre mesure la lecture. En suivant la
>remarque d'Alain, avec un caractère comme CM, tu es condamné à beaucoup plus
>de blanc. Au point où on en est, je te signale la suite de packages
>koma-script qui fait des calculs d'empagement selon Tschichold.
Pas certain que la taille des caractères soit la priorité, par contre le
rectangle d'empagement si (à mon avis). Je trouve d'ailleurs le tien un peu
bas dans la page (on dirait que tu as pris un format américain et que tu es
passé au A4 en ajoutant du blanc en haut).
--
Jacques André
Irisa/Inria-Rennes, Campus de Beaulieu, F-35042 Rennes Cedex, France
Tél. : +33 2 99 84 73 50, fax : +33 2 99 84 71 71, email :
jandre AT irisa.fr
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Wed Sep 16 21:14:45 1998
To:
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Subject: Re: [Re: Canon, feu noir, feu blanc] et papier !
From: Christophe Labouisse
<labouiss AT club-internet.fr>
Date: 16 Sep 1998 21:12:20 +0200
Lines: 23
Reply-To:
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X-Sequence: 2080
Jacques Andre
<Jacques.Andre AT irisa.fr>
writes:
>Évidemment ma question étant con, ta réponse aussi ! Donc, tu sais, ou pas
>ce que c'est que ces trucs ? La question sous-jacente étant "est-ce que ça
>vaut la peine d'expliquer ici ces machins ?"
Pour faire bref et court : oui.
Christophe Labouisse : Cinéma, typographie, Unix
labouiss AT club-internet.fr
http://gabuzo.home.ml.org/ Le cinéma en Lumière : http://www.lumiere.org/
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Wed Sep 16 21:18:50 1998
Subject: Re: Canon, feu noir, feu blanc
Date: Wed, 16 Sep 1998 21:17:42 +0200
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pcazaux AT pop.imaginet.fr
From: Patrick Cazaux
<pcazaux AT imaginet.fr>
To: "TYPOGRAPHIE Distribution List"
<typographie AT irisa.fr>
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X-Sequence: 2081
Thierry Bouche disait le 16/09/98 15:00
>En outre, l'histoire de sauver des arbres est très largement une foutaise :
>il existe dans le monde des forêts spécifiquement cultivée dans ce but, ce
>ne sont pas les papivores qui déciment l'amazonie.
C'es exact, il y a des forêts d'"élevage" dans lesquelles on assure une
rotation des arbres par parcelles.En revanche, l'industrie papetière es très
pollueuse de l'eau qu'elle salit par ses déchets.
Patrick Cazaux
Cadratin
pcazaux AT imaginet.fr
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Fri Sep 18 06:58:52 1998
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ahurtig AT pop.hol.fr
Date: Fri, 18 Sep 1998 06:59:04 +0200
To:
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From: Alain Hurtig
<alain.hurtig AT hol.fr>
Subject: Re: Canon, feu noir, feu blanc
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X-Sequence: 2096
At 15:00 +0200 16/09/98, Thierry Bouche wrote:
>» 2. Le A4 pose un problème spécifique, qui rend ce format détestable. Je ne
>» sais pas pourquoi, mais c'est impossible de lui trouver un bon empagement.
>
>je pense que c'est un problème de taille (est-ce penser que d'énoncer des
>truismes ?).
>
Non ;-). Mais surtout, je ne crois pas que l'argument soit bon. On peut avoir
un bel empagement sur de grandes surfaces. Certains catalogues d'exposition,
par exemple, y parviennent fort bien. C'est donc le A4 qui pose, à mon sens,
un problème spécifique.
La question du « pourquoi » reste, pour moi, totalement énigmatique.
Alain Hurtig
mailto:alain.hurtig AT hol.fr
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N'est-il pas curieux qu'un être aussi vaste que la baleine voie le monde à
travers un oeil si petit et qu'elle entende le tonnerre avec une oreille plus
menue que celle d'un lièvre ?
Herman Melville, _Moby Dick_.
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Mon Sep 21 02:35:39 1998
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orandier AT mail.planete.net
Date: Mon, 21 Sep 1998 02:17:33 +0200
To:
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From: Olivier RANDIER
<orandier AT planete.net>
Subject: Re: Canon, feu noir, feu blanc
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X-Sequence: 2114
>>Tiens, en parlant des tracés régulateurs, pourquoi n'y en a-t-il que pour
>>les doubles pages ? Ne peut-on imaginer la même chose pour des affiches ?
>>
>Je ne crois pas. Une affiche, et même une couverture, bref tout ce qui n'est
>pas, justement, double page, a une dynamique absolument différente, un
>équilibre des masses qui n'a rien à voir. On n'a que des cas d'espèces...
>Même la seule règle imaginable, c'est à dire une symétrie droite-gauche est
>régulièrement battue en brèche par les graphistes, qui ont bien raison de ne
>pas s'y tenir.
>
>C'est que l'affiche est faite pour le coup d'oeil, la perception immédiate,
>le poing dans le ventre (ou le cerveau !), le plaisir sans recul et sans
>limite. la page écrite (et illustrée, si nécessaire) porte plus de sens,
>réclame une tension autre, a une vie et une durée autre. Faut-il rappeler
>que l'encre sur le papier, c'est toujours « du feu noir sur du feu blanc »,
>selon la citation apocryphe d'un pseudo-rabbin kabbaliste dont j'ai oublié
>le nom à force de le citer ? ;-).
Tous les documents monopages ne sont pas des affiches. Si tu prends ma
Déclaration des droits de l'Homme, par exemple, on peut difficilement
affirmer qu'elle est faite pour le coup d'oeil, non ? Quid de l'empagement,
je répète ma question.
>>Les tracés régulateurs donnent
>>des résultats admirables, mais sont inutilisables dans le contexte actuel,
>>où les coûts, et notamment celui du papier, sont un facteur déterminant.
>>
>C'est une blague, ça ! Le coût du papier chute tendanciellement depuis des
>décennies, sa qualité ne cesse de s'améliorer, et son coût est un mauvais
>prétexte. Pour moi, c'est comme de prendre des stagiaires au lieu de vrais
>maquettistes-typographes, au prétexte d'une masse salariale qui devient
>prétendument trop lourde. Même processus, et mêmes résultats : baisse de
>qualité, livres illisibles, ventes qui s'effondrent. Qui a _vraiment_ envie
>de lire les livres qu'on nous montre ?
Même si je suis d'accord avec toi, je persiste : nos travaux sont souvent
facturés à la page ; si on propose un empagement avec des grandes marges, le
client a souvent l'impression qu'on tente de l'arnaquer. D'autre part, dans
le type d'édition que je fais quotidiennement (beurk), le papier est souvent
commandé avant l'éxé, et le nombre de pages défini avant de déterminer
l'empagement (ce qui est crétin, évidemment). Impossible de proposer un
empagement qui doublerait le nombre de pages.
>Bien sûr, il n'est pas question de confondre édition de luxe et édition
>courante, « inédition rare », pour reprendre le mot de quelqu'un et livre de
>poche. De là à mépriser le lecteur au point de supprimer les marges, il y a
>un gouffre.
>
>>N'y aurait-il pas matière à étudier des tracés modérés, à chercher des
>>proportions raisonnables, sans laisser des marges inacceptables par le
>>client et par Jacques André ? ;)
>>
>Mais ils existent ! Ça s'appelle le Canon des imprimeurs, il y en a deux, un
>« luxueux » et l'autre _cheap_ [1], ils sont horribles tous les deux (enfin
>bon, ils ne sont pas très beaux), le premier est spécialement économe pour
>les marges, et plus personne ne l'applique. Même les petits et grands fonds
>sont maintenant de valeurs égales (elle-même égale au blanc de tête et au
>blanc de pied), les pages sont statiques, mornes, mortes, n'offrent aucun
>plaisir de lecture. Les textes sont massacrés. Et ceci sans aucune raison
>valable.
Ah oui, je les avais oubliés, ceux-là. J'ai une excuse : c'est très rare que
je détermine moi-même l'empagement ; les D.A. des agences (re-beurk) s'en
chargent (sic).
Bon, je vais étudier la question.
Olivier RANDIER -- Experluette
mailto:orandier AT planete.net
http://village.cyberbrain.com/technopole/Experluette/index.html
Experluette : typographie et technologie de composition. L'Hypercasse (projet
de base de données typographique), l'Outil (ouvroir de typographie
illustrative).
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Mon Sep 21 16:30:12 1998
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ahurtig AT pop.hol.fr
Date: Mon, 21 Sep 1998 16:17:33 +0200
To:
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From: Alain Hurtig
<alain.hurtig AT hol.fr>
Subject: Re: Canon, feu noir, feu blanc
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X-Loop:
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X-Sequence: 2120
At 2:17 +0200 21/09/98, Olivier RANDIER wrote:
>Tous les documents monopages ne sont pas des affiches.
>
Alors disons tous les documents monopages ! ;-). Il ne peut pas y avoir de
« tracé régulateeurs », parce qu'il n'y a rien, page après page, à réguler !
>Déclaration des droits de l'Homme, par exemple, on peut difficilement
>affirmer qu'elle est faite pour le coup d'oeil, non ?
>
On peut parfaitement le dire ! Le coup d'oeil d'abord, l'appréhension
immédiate, non-réflexive, puis l'entrée dans la page, dans la lecture (ce
n'est pas un document de consultation, admets-le).
>Quid de l'empagement,
>je répète ma question.
>
Je répète ma réponse : on se démerde, selon le document, le format, le
public, le lieu d'exposition (de monstration, puisque « ça se montre » plus
que « ça se donne à voir »).
[Prix du papier]
>Même si je suis d'accord avec toi, je persiste : nos travaux sont souvent
>facturés à la page ; si on propose un empagement avec des grandes marges, le
>client a souvent l'impression qu'on tente de l'arnaquer.
>
C'est une habitude de publicitaires, une mauvaise habitude ! Ces gens ont
parfois du mal à comprendre que dans un message, le véhicule a autant
d'impact que le message lui-même. Quand à cette structure de coûts, elle est
compréhensible parce qu'interviennent d'autres variables : transport,
diffusion (frais postaux, par exemple) qui grèvent un budget.
[Canon des imprimeurs]
>Ah oui, je les avais oubliés, ceux-là. J'ai une excuse : c'est très rare que
>je détermine moi-même l'empagement ; les D.A. des agences (re-beurk) s'en
>chargent (sic).
>Bon, je vais étudier la question.
>
Fait gaffe quand même : ça fonctionne à peu près pour du texte en placard,
mais pas du tout pour du catalogue plein de tableaux et de dessins (quoi
que ! - disons que dans ce cas, ça ne marche pas à tous les coups).
Alain Hurtig
mailto:alain.hurtig AT hol.fr
--------------------------------------------------------------------------------
N'est-il pas curieux qu'un être aussi vaste que la baleine voie le monde à
travers un oeil si petit et qu'elle entende le tonnerre avec une oreille plus
menue que celle d'un lièvre ?
Herman Melville, _Moby Dick_.
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Tue Sep 22 01:43:34 1998
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Date: Tue, 22 Sep 1998 01:34:58 +0200
To:
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From: Olivier RANDIER
<orandier AT planete.net>
Subject: Re: Canon, feu noir, feu blanc
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X-Loop:
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X-Sequence: 2125
>At 2:17 +0200 21/09/98, Olivier RANDIER wrote:
>>Tous les documents monopages ne sont pas des affiches.
>>
>Alors disons tous les documents monopages ! ;-). Il ne peut pas y avoir de «
>tracé régulateeurs », parce qu'il n'y a rien, page après page, à réguler !
>
>>Déclaration des droits de l'Homme, par exemple, on peut difficilement
>>affirmer qu'elle est faite pour le coup d'oeil, non ?
>>
>On peut parfaitement le dire ! Le coup d'oeil d'abord, l'appréhension
>immédiate, non-réflexive, puis l'entrée dans la page, dans la lecture (ce
>n'est pas un document de consultation, admets-le).
Non, je ne l'admet pas, ça devrait en être un. Et, même pour un document
monopage, il doit bien y avoir un empagement "idéal", non ?
>[Canon des imprimeurs]
>>Ah oui, je les avais oubliés, ceux-là. J'ai une excuse : c'est très rare
>>que je détermine moi-même l'empagement ; les D.A. des agences (re-beurk)
>>s'en chargent (sic).
>>Bon, je vais étudier la question.
>>
>Fait gaffe quand même : ça fonctionne à peu près pour du texte en placard,
>mais pas du tout pour du catalogue plein de tableaux et de dessins (quoi que
>! - disons que dans ce cas, ça ne marche pas à tous les coups).
En fait, je pense que l'on pourrait souvent se rabattre sur le canon de
Villard, mais avec une division en douze. Par contre, j'ai beau regarder ces
schémas de construction dans tous les sens, j'arrive pas à comprendre comment
ça marche, par où on commence. Tu me montreras, dis ? Il faudra qu'on leur
dise de prévoir dans K2 le calcul automatique des empagement selon les divers
canons, pour les handicapés de la règle à calcul...
Olivier RANDIER -- Experluette
mailto:orandier AT planete.net
http://village.cyberbrain.com/technopole/Experluette/index.html
Experluette : typographie et technologie de composition. L'Hypercasse (projet
de base de données typographique), l'Outil (ouvroir de typographie
illustrative).
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Wed Oct 7 08:24:45 1998
X-Sender:
ahurtig AT pop.hol.fr
(Unverified)
Date: Wed, 7 Oct 1998 08:25:22 +0200
To:
typographie AT irisa.fr
From: Alain Hurtig
<alain.hurtig AT hol.fr>
Subject: La lezarde qui fait tenir la page (etait : chemins qui ne menent
nulle part...)
Reply-To:
typographie AT irisa.fr
X-Loop:
typographie AT irisa.fr
X-Sequence: 2255
At 14:56 +0200 6/10/98, carleduc wrote:
>-une question d'abord (je vois qu'A. Hurtig est aussi chez Hol, il
>
Heu... C'est nettement hors-charte, ça ! Bon, je répondrais ce que je pense
d'Hol (j'en pense du mal) en privé.
>Salvador Dali a dégoté
>(ou forcé à naître) une vénus de Milo dans un jeu de lézardes,
>
Je n'avais pas pensé à ça, mais la référence est belle. Au passage, une
astuce pour voir les lézardes dans une page : regarder le papier de travers
(côté petit ou grand fond devant soi, à l'italienne) : elles vous explosent à
la figure.
>Un très bon exemple (à l'exacte croisée de cette préoccupation et de la plus
>classique habitation des espaces blancs en poésie) est donné par le
>singulier choix de mise en forme du texte de la Thorah (du moins des cinq
>rouleaux) par Meschonnic (Gallimard). A voir.
>
Ah ! Ça me va droit au coeur, cette idée. Non pas que j'apprécie spécialement
le travail de Meschonic (je n'ai pas vu cette mise en forme des Cinq
rouleaux), ni comme poète, ni comme traducteur, ni comme essayiste (je
préfère Atlan dans le genre intello, ou bien Ouaknin dans le genre rabbin
fou). Mais...
Mais c'est exactement ça : le blanc structure le noir (« Du feu noir et du
feu blanc »), l'espace vide (espace de l'entreligne, de l'entre-colonnes, de
l'entre-pages, de l'entre-textes, l'espace nu qu'offre le visage au regard
d'autrui, etc.) est ouverture au sens. Le dispositif graphique classique des
pages de la Thorah (le texte au centre, la glose tout autour, et autour la
glose de la glose, et en bas la glose de la glose de la glose), ce dispositif
est déjà, en lui-même, une herméneutique (c'est compliqué, la mise en pages,
hein ? ;-))
Le cheminement offert à l'oeil est le lieu même où se déploie la pensée
créatrice (de l'auteur, du lecteur), et qui révèle le texte : parfois, ce
sont les lézardes qui font tenir la page.
(Anecdote perso : j'ai chez moi la reproduction de quelques colophons
hébraïques médiévaux. J'aime les colophons. Un jour, peut-être, mais j'en
doute, je parviendrais à cette perfection.)
Alain Hurtig
mailto:alain.hurtig AT hol.fr
--------------------------------------------------------------------------------
N'est-il pas curieux qu'un être aussi vaste que la baleine voie le monde à
travers un oeil si petit et qu'elle entende le tonnerre avec une oreille plus
menue que celle d'un lièvre ?
Herman Melville, _Moby Dick_.
_________________________________________
X-From_:
typographie-owner AT irisa.fr
Wed Oct 7 11:30:19 1998
Date: Wed, 7 Oct 1998 11:32:01 +0200 (MET DST)
From: Thierry Bouche
<Thierry.Bouche AT ujf-grenoble.fr>
To:
typographie AT irisa.fr
Subject: Re: Maldoror et lezardes/écrans et leu Bouc
Reply-To:
typographie AT irisa.fr
X-Loop:
typographie AT irisa.fr
X-Sequence: 2263
Concernant « Re: Maldoror et lezardes », Jean-Pierre Lacroux écrit : « » En
faisant tout soi-même,
» c'est évidemment plus facile...
Faut dire que tu n'as rien fait pour nous aider !
Concernant « La lezarde qui fait tenir la page (etait : chemins qui ne menent
nulle part...) », Alain Hurtig écrit : « » (« Du feu noir et du feu blanc »)
n'est-ce pas précisément, sur écran que le noir peut prendre feu (« le noir
est habité par la lumière » disait Ibn Al'Haràq, fasciné par l'eMondial) ?
» l'espace nu qu'offre le visage au regard d'autrui
Tiens ? des cochonneries à la Levinas sur Typo ? On aura tout vu !
» http://www.cnet.com/Content/Gadgets/Techno/Ebooks/ss02.html
>almost 80 percent of the participants
>said they would rather print out a book-length text using a file format like
>Adobe's Acrobat Reader, than read it from a handheld device.
humm.
Thierry Bouche, Grenoble.
_________________________________________
Delivered-To:
claranet-alain.hurtig AT claranet.fr
From: "Jean Fontaine"
<jfontain AT odyssee.net>
To:
<typographie AT irisa.fr>
Subject: Lecture sur Ècran
Date: Sun, 6 Dec 1998 14:26:50 -0500
X-Priority: 3
Reply-To:
typographie AT irisa.fr
X-Loop:
typographie AT irisa.fr
X-Sequence: 3177
X-RCPT: alain.hurtig
Status: U
>(mais combien de polices effectivement adaptées à la lecture sur écran
>ont-elles été dessinées ?)
>
>Alain Hurtig
À propos de lisibilité sur écran d'ordi, suis-je le seul à trouver que le
contraste noir sur blanc (ou le feu noir sur feu feu blanc cher à A. H., si
ma mémoire est bonne) est plus pénible pour les yeux sur écran que sur
papier? L'expression « feu blanc » est particulièrement appropriée lorsqu'il
s'agit de la luminescence du phosphore... J'en suis venu à adopter le gris
comme couleur de fond : je lis mon courrier noir sur gris et je trouve cela
moins agressant pour la rétine. (Je ne sais pas comment la chose
s'interpréterait en termes de gris typographique...)
Quant aux meilleures polices adaptées à l'écran, je laisse les spécialistes
en débattre. La sujet a d'ailleurs déjà été abordé. Disons seulement que,
étant sur PC, je lis actuellement mon courrier avec le Comic Sans MS
proportionnel que je trouve finalement assez sympathique dans un corps moyen.
Et sur fond gris...
Jean Fontaine
jfontain AT odyssee.net
---------
- Feu noir (encore)..., Olivier Randier, 22/05/2003
- Re: [typo] Feu noir (encore)..., Jef Tombeur, 23/05/2003
- Re: [typo] Feu noir (encore)..., Jacques Andre, 23/05/2003
- Re: [typo] Feu noir (encore)..., Olivier Randier, 23/05/2003
- Re: [typo] Feu noir (encore)..., Alain Hurtig, 23/05/2003
- Re: [typo] Feu noir (encore)..., Alain Hurtig, 23/05/2003
- Re: [typo] Feu noir (encore)..., Olivier Randier, 28/05/2003
- Re: [typo] Feu noir (encore)..., Francois Bougnet, 28/05/2003
- Re: [typo] Feu noir (encore)..., Alain Hurtig, 28/05/2003
- Re: [typo] Feu noir (encore)..., Olivier Randier, 28/05/2003
- <Suite(s) possible(s)>
- Re: Feu noir (encore)..., fidelite, 23/05/2003
- [typo] Re: Feu noir (encore)..., Olivier Randier, 23/05/2003
- Re: Re: Feu noir (encore)..., fidelite, 23/05/2003
- Re: [typo] Feu noir (encore)..., Jef Tombeur, 23/05/2003
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