Re: [typo] Eric

[Jacques Melot <jacques.melot AT isholf.is>]

Title: Re: [typo] Eric

 Le 2009-01-24, à 12:04 -0500, nous recevions de Thibaud :

> André Bellaïche a écrit:
> > Un auteur me dit qu'il a toujours
> > orthographié son prénom, Eric, sans  accent sur le E. Il
> > demande à ce qu'on supprime l'accent sur la  couverture, la
> > page de titre, dans les bibliographies et toutes  autres mentions
> > de son nom.
> >
> > « D'abord, dit-il, on ne met pas d'accent sur les majuscules, 
> > ensuite, pour les noms propres, on est libre de faire ce qu'on veut.
> > »
> >
> >  Il est vrai que les revues internationales dans lesquelles il 
> > publie des articles de recherche n'ont jamais protesté contre 
> > l'absence d'accent sur le E.
> >
> > Je pourrais accéder à sa demande, mais il y a tout de même
> > quelque  chose qui me chiffonne. Son livre est le numéro 20
> > dans une  collection où le numéro 18 a pour auteurs É.
> > Untel et É. Unautre  (Éric et Étienne). Dans la liste des
> > livres de la collection, on  verra donc imprimé :
> >
> > .....
> > É. Untel et É. Unautre, Fonctions analytiques
> > .....
> > E. Untroisième, Géométrie hyperbolique
> >
> > L'incohérence, si ce n'est la faute, sera éclatante.
> >
> > Que feriez-vous à ma place ?
> >
> > A.B.
>
>
>
> Je ferais comme il veut. Il est vrai que
> les noms propres ne sont a priori pas soumis à une règle unique,
> il est faux de dire que l'« on ne met pas d'accent sur les
> majuscules »,

[J. M.]   Non, ce n'est pas faux, ni vrai d'ailleurs. Cela aurait dû être exprimé autrement et est mal utilisé ici. L'argumentation de cet « Eric » est mauvaise sur toute la ligne. La convention de non accentuation ne s'applique pas dans un tel cas, ou, plus exactement, la marche d'édition prime, et comme on sait que, dans le cas présent, elle accentue les majuscules...

   En ce qui concerne les prénoms français, il n'y a pas de prénom « Eric » qui serait distinct de « Éric » : il s'agit d'une seule et même entité, et, en l'occurrence, le choix entre ces deux formes relève de la marche d'édition et de cela seulement.

   L'argument de la liberté d'écrire son prénom sans accent et, plus généralement, « comme on veut », est, au bas mot, douteux : cela ressemble à une revendication (bien française) de faire n'importe quoi au nom d'une interprétation fallacieuse de la liberté individuelle (attitude asociale ou antisociale). Pourquoi pas, pendant qu'on y est, imposer que son nom ne soit écrit qu'en Helvetica ? ! Ou systématiquement en capitales ? ! Après tout, il y a bien des têtes de mules (j'avais un mot plus court, au demeurant très efficace, mais bon, j'ai voulu ménager le lecteur...) qui exigent que leur prénom soit toujours écrit après leur nom de famille et qui, pour bien faire la distinction entre nom de famille et prénom (lorsque le nom de famille est identique à un prénom) pourraient bien avoir une telle revendication.

> mais en ce qui concerne l'orthographe
> d'un nom ou d'un prénom, il me semble acceptable que le porteur
> desdits ait le dernier mot.

[J. M.]   Que l'acte de naissance porte un accent ou non sur la majuscule, il s'agit d'un seul et même prénom. Si la majuscule n'y figure pas - ce qui, il ne faut pas se faire d'illusion sur ce point, sera de loin le cas le plus fréquent -, on peut toujours invoquer la convention de suppression des accents sur les majuscules et écrire le prénom avec un accent et, inversement, si l'accent a été mis, cela ne change pas le nom lorsque la marche les supprime. Ou irait-on se ridiculiser au point de soutenir que lorsqu'il n'y a pas d'accent aigu sur la majuscule de Éric dans les actes de naissance, c'est qu'il s'agit d'une forme à distinguer de celle où l'accent a été mis ? !

> Même si je préfère écrire Éric
> correctement.

[J. M.]   Cela n'est ni plus ni moins correct que de ne pas mettre l'accent sur la majuscule. Quelle que soit la forme adoptée dans l'acte de naissance, le prénom prendra ou non la majuscule suivant la marche ou, tout simplement, de manière aléatoire... Mais lorsqu'on donne un manuscrit à publier on doit se plier à la marche d'édition ou se démettre. Hors de la sphère privée réduite au seul individu, la discipline est une vertu sociale et nous n'avons pas à nous justifier de le rappeler à quiconque à l'occasion.

   J. M.

> Cela dit, d'autres prénoms commencent
> par un E non accentué, tel Edmond, Enguerrand.