Re: [typo] En finir avec les livres moches. Anéantir Michel (série de billets)

[Thomas Savary <thomas.savary AT correctionpro.fr>]

Bonjour, Christian,

Merci pour cette réaction et le PDF joint.

 > « Ça sert à quoi de faire les choses bien, les gens

> ne font pas la différence. » Je lui ai proposé de lui donner quelques

> cours, il a décliné l'offre.

Comme c’est triste ! C’est le genre de réponse qu’on attend d’un Flammarion ou d’un Gallimard, pas d’un passionné de typographie traditionnelle. Je ne comprends pas… Ou alors c’était la simple réaction épidermique de quelqu’un de vexé, qu’il a peut-être regrettée par la suite, tout en étant trop fier pour finir par accepter cette offre.

S’agissant de TeX et compagnie, il s’agit des meilleurs outils que je connaisse pour composer des ouvrages simples comme romans ou essais. Dès qu’on parle de figures, de tableaux, d’illustrations en tous genres, c’est une autre paire de manches, une lutte perpétuelle pour conserver le registre. ConTeXt s’en sort visiblement mieux, et je finirai sans doute par passer à ce système de composition, d’autant qu’il semble capable de traiter le XML.

En matière d’outils, je dirais simplement qu’il existe des outils plus ou moins adaptés à ce que l’on veut faire. Et même si je considère LaTeX comme meilleur qu’InDesign pour mettre en pages un roman, il est certain qu’il vaut mieux se servir d’un InDesign que l’on maîtrise plutôt que de vouer une confiance aveugle à LaTeX et le laisser faire ses bêtises, comme c’est hélas assez fréquent chez les latexiens.

Bonne fin de journée !

Thomas Savary

1 le Grand-Plessis

F-85340 L’Île-d’Olonne

Tél. 06 22 82 61 34

https://correctionpro.fr/

https://compo85.fr/

Le lundi 19 juin 2023, 17:01:02 CEST CLS a écrit :

> Bonjour la liste,

>

> Il n'y a pas que dans les officines des éditeurs qui ont pignon sur

> rue, et dont les produits industriels balancent entre l'offset qui se

> conserve & le numérique qui ne se conserve pas, que l'on trouve un

> peu de laisser-aller de conception.

>

> On en trouve aussi chez ceux qui se mêlent de garder la tradition et

> qui font le choix de la typographie au plomb. A titre d'exemple, je

> vous joins le pdf mal fagoté d'un livre que son concepteur m'a offert

> lors d'un salon. Quelques temps plus tard je le recevais dans mon

> atelier. Je pris son livre et lui énumérai quelques-uns des défauts,

> quelques-unes des erreurs de conception, quelques manques dans la

> pratique de « son » art, repérés dans l'ouvrage. Je n'obtins que

> cette réponse : « Ça sert à quoi de faire les choses bien, les gens

> ne font pas la différence. » Je lui ai proposé de lui donner quelques

> cours, il a décliné l'offre.

>

> J'ai été tenté de jeter son livre mais un livre ne se jette pas, aussi

> horrible soit-il. Un cadeau non plus. Il va entrer dans la partie

> tératologique de ma bibliothèque, au département éditeurs.

>

> Je ne suis toutefois pas puriste. Si, pour moi, l'idéal consiste à

> lire un beau texte habillé dans un costume élégant, taillé sur mesure

> et sans défaut de coupe ; je préférerai toujours à la lecture d'un

> texte médiocre ou sans intérêt dans une présentation élégante et

> raffinée, la lecture d'un texte de bon aloi dans un bouquin pas même

> digne du plus vil prêt-à-porter. Quant aux mauvais livres dans de

> mauvaises présentations, je ne les achète pas, voilà tout.

>

> Quand il m'arrive de concevoir des livres autrement qu'en typographie

> au plomb, j'utilise cet outil « détestable » qu'est In Design, et je

> passe sur chaque page le temps qu'il faut pour que sa présentation

> soit acceptable à mes yeux. C'est toujours plus rapide que de

> réaliser une page plomb, et on ne risque pas d'être bloqué par un

> manque de certaines lettres. N'ayant pas des textes scientifiques à

> composer, je n'ai jamais eu le courage d'apprendre Tex, même si je

> pense que c'est un bon outil. Je ne pense pas qu'il y ait, dans ce

> domaine, de mauvais outils. Il n'y a que des outils qui sont adaptés

> ou non au travail que l'on veut réaliser, à l'idée que l'on a dans la

> tête.

>

> J'ai été un peu long, qu'on me le pardonne.

>

> Au revoir, la liste,

>

> *Christian Laucou*

> /cls AT fornax.fr

> http://www.fornax.fr

> http://www.cls-typo.fr/

> ________

> Sent from my letterpress machine connected to my pedals computer.

>

> Le 18/06/2023 à 12:08, Thomas Savary a écrit :

> > Bonjour, la liste !

> >

> >

> > Pour information, Juan Asensio, auteur du blogue « Stalker.

> > Dissection du cadavre de la littérature », m’a ouvert ses colonnes

> > pour une série de billets consacrée à la médiocrité typographique

> > de l’édition littéraire française. Véritable cas d’école, le

> > dernier roman de Michel Houellebecq, « Anéantir », y servira de

> > support principal pour montrer très concrètement à quel point la

> > typographie est devenue le dernier des soucis chez l’écrasante

> > majorité des « grands » éditeurs.

> >

> >

> > Par-delà la polémique et le plaisir de rentrer dans le lard, ces

> > billets dénonçant le laisser-aller et les pratiques de gougnafiers

> > visent à éduquer l’œil des lecteurs, dans l’espoir de contribuer à

> > rendre ces derniers plus exigeants.

> >

> >

> > J’ai à cette occasion voulu également rendre hommage à Jean Méron,

> > mort l’an dernier, notamment à travers la mise en pages de ces

> > billets.

> >

> >

> > https://www.juanasensio.com/archive/2023/06/13/aneantir-michel-houel

> > lebecq-pour-en-finir-livres-moches-par-thomas-savary.html

> >

> >

> >

> > Cordialement,

> >

> >

> > Thomas Savary

> >

> > 1 le Grand-Plessis

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