Objet : Liste consacrée aux discussions à propos de la composition et de la typographie
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- From: Jean-Pierre Lacroux <lacroux AT skynet.be>
- To: TYPOGRAPHIE Distribution List <typographie AT dns.irisa.fr>
- Subject: Re: Classemt alphab des signes typog
- Date: Mon, 12 Jan 1998 17:51:55 +0100
Eric Angelini écrit:
> à propos de graphies étranges comme eV, b.a.-ba, a b c
> et autres pH, pouvez-vous me dire si des mots comme
> bat'd'af
> caf'conc'
> rythm'n'blues
> rock'n'roll
> j'm'en-foutiste, etc.
> traitent l'apostrophe et les espaces voisines comme
> pour _l'apostrophe_, et _aujourd'hui_ ?
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Oups... pas simple ! C'est la question de l'apostrophe hors de l'élision
régulière... C'est quasiment plus d'la typo, mais d'la littérature. Ça
mériterait plusieurs pages d'explications (en
corps 7...). Les termes et les expressions qu'vous citez
n'appartiennent pas à une catégorie unique... Café-concert et
je-m'en-foutiste sont des mots composés (d'où caf'conc',
j'm'en-foutiste) mais Bataillon d'Afrique n'en est pas un (d'où Bat'
d'Af', avec espace...).
En outre, ces formes ont été figées (sauf, toujours lui, le
j'm'en-foutiste)... en des temps (sauf le rock'n'roll anglo-saxon) où
l'on aimait bien les apostrophes.
Pour généraliser un peu, voici un extrait d'un travail en cours (on est
prié de n'pas piller...) :
Dans la transcription du langage parlé, elle est la marque
damuïssements divers, voire dellipses audacieuses.
Élision irrégulière : Tas pris le métro ? Syncope : Salut ptit gars !
Ellipse irrégulière : En voilà un qua pas de pot (qu pour « qui n
»). Dans ces emplois, lapostrophe remplace un nombre variable de signes
(lettres et espaces), voire de mots.
Dans les cas (assimilables à la troncation Þ 2 b) où il ny a pas de
liaison, lapostrophe est suivie dune espace et peut éventuellement
finir une ligne : Pauv type. (Si le mot amputé est réduit à une ou deux
lettres, lapostrophe en fin de ligne nest pas admissible : I commence
à me gonfler.)
Si la liaison seffectue ou lorsquon souhaite indiquer une
agglutination occasionnelle , pas despace après lapostrophe, qui ne
peut finir une ligne : Ctenfoiré mcharrie. Toutefois, si la chaîne
ainsi formée sallonge démesurément ou si la liaison seffectue après un
mot plurisyllabique, une espace viendra clarifier la situation :
Ctaimab enfant est une véritab enchanteresse. Cette façon de faire
est ancienne ; comme elle est de surcroît subtile, il convient de la
respecter.
= Greffier 1898, Lefevre 1855.
* Lecerf 1956.
La liberté de la transcription connaît une limite : il est déconseillé
dintroduire une apostrophe là où « normalement » elle nintervient pas
dans le français écrit. Ainsi « il ny a pas de raison » peut devenir «
y a pas draison » mais il serait déraisonnable décrire [ya pas
draison].
Mon camarade est couché dans un pré
Y a pus qudes os
Y nest pas enterré
Le trou dson nez on y mettrait son doigt
Et ses deux ils cest comme du chocolat.
(MAX JACOB, Saint Matorel.)
Cordial'ment
Jean-Pierre Lacroux
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Bibliographies, citations (langue française, orthotypographie) :
http://users.skynet.be/sky37816/Lx.html
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- Classemt alphab des signes typog, Eric Angelini, 12/01/1998
- Re: Classemt alphab des signes typog, Jacques Andre, 12/01/1998
- Re: Classemt alphab des signes typog, Jean-Pierre Lacroux, 13/01/1998
- Re: Classemt alphab des signes typog, Emmanuel Curis, 13/01/1998
- Re: Classemt alphab des signes typog, Jean-Pierre Lacroux, 13/01/1998
- <Suite(s) possible(s)>
- Re: Classemt alphab des signes typog, Jean Fontaine, 13/01/1998
- Re: Classemt alphab des signes typog, Jean-Pierre Lacroux, 13/01/1998
- Re: Classemt alphab des signes typog, Jacques Andre, 12/01/1998
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