Quid est ?

[Thierry Bouche <thierry.bouche AT ujf-grenoble.fr>]

ça n'aurait-y pas un petit air de  Méron ?


   Xxx se reconnaissait
   « difficile à vivre »... Aucune imprimerie ne garda
    jamais longtemps ce correcteur d’une susceptibilité
   à fleur de peau dès que sa qualification était en
   cause, qui répondait à la plus légère critique par une salve de
citations latines, un flot d’explications
   manuscrites ou imprimées.  Qu’il soit resté huit ans
   à l’Imprimerie xxx s’explique sans doute par  le
   regime bienveillant qui régnait alors dans ce « florissant empire de
la bureaucratie »,  comme Xxx
   la qualifiait après l’avoir quittée. La  cause de son
  départ fut des plus banales : une promotion espérée
   et non obtenue, puis une deuxième déception, enfin
   le reproche essuyé de ne pas avoir « l’œil typographique ».
Il   démissionna le 3 décembre 1....
      Alors Xxx aurait pu se contenter d’exercer 
   paisiblement son métier chez un autre imprimeur,
s’il n’avait entrepris d’obtenir de Pierre-Antoine
Yyy sa réintégration. Les moyens qu’il employa dans ce but étaient
propres à fatiguer le plus patient    
        des directeurs : une correspondance jouant sur tous
        les registres de la provocation, une gifle donnée
        dans l’espoir d’un duel, une rafale d’imprimés : en
        1839, L’Œil typographique, puis une Lettre dont
    Yyy lui retourna quatre-vingt-dix-neuf des cent
        exemplaires reçus, enfin, le 1er septembre 1...,
        l’Imprimerie xxx cernée d’affiches annonçant la
        publication de _L’apprentif Administrateur_.
   Ce pamphlet « bariolé » d’« obscurations » (Xxx dixit), c’est-à-dire
de  
vignettes lithographiques collées, de gravures sur bois et sur cuivre,
fatras de 
       récriminations, de considérations sur le métier de
        l’auteur, nous intéresse avant tout par le délire typographique
mis en œuvre, par ce que Xxx appelait
        son _horror vacui_. Le correcteur, chez Zzz où la
        brochure se composait, lui demanda un jour « si cela
        ne finirait donc jamais ? […] ces interminables corrections,
additions, 
 etc. ». Xxx, incapable de limiter son discours, y ajoutait en effet
sans cesse des
        notes complétées de sous-notes, de feuillets intercalaires, de
dépliants et même de papillons collés sur
        ceux-ci. Ce foisonnement d’additifs, cette accumulation de
procédés,  
jusqu’à l’annotation autographe, font qu’aucun des exemplaires n’est
exactement semblable, qu’il n’en existe pas non plus
        d’idéal. La plus extravagante des productions de
        Xxx est aussi la plus rare : à peine publiée, son
        auteur annonça qu’il allait la détruire sauf « cinq ou
        six » exemplaires.  On n’en connaît guère plus.