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typographie - Re: [typo] port. - gsm - etc

Objet : Liste consacrée aux discussions à propos de la composition et de la typographie

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Re: [typo] port. - gsm - etc


Chronologique Discussions 
  • From: Jacques Melot <jacques.melot AT isholf.is>
  • To: typographie AT irisa.fr
  • Cc: "Pierre Schweitzer" <pierreSc AT noos.fr>
  • Subject: Re: [typo] port. - gsm - etc
  • Date: Sat, 29 Nov 2003 23:40:19 +0000

Title: Re: [typo] port. - gsm - etc
 Le 28-11-2003, à 16:42 +0100, nous recevions de Pierre Schweitzer :

From: Jacques Melot
 
 [J. M. :]
   C'est un anglicisme partout dans les pays francophones. Comme on vous l'a expliqué, en français, portable a un sens différent de portatif.

   Dans le Harrap's unabridged (...)
   Dans le Collins English Dictionary (...)
   Portative existe en anglais et c'est un synonyme (peu usité) de portable.
   En ce qui concerne l'utilisation de portable en français, le Petit Robert qualifie ce mot d'anglicisme pour portatif.


 
Merci Jacques pour vos explications mais je reste sceptique. C'est peut-être dû à un handicap très personnel : contrairement à vous, je ne pense bien que dans ma langue maternelle.
 
Un point de votre démonstration m'intrigue : vous m'expliquez à la fois que portable est un anglicisme mis pour portatif et en même temps que portatif et portable ont un sens différent... C'est curieux.




[J. M. :]

   J'ai expliqué que portable et portative, qui sont des mots anglais d'origine latine (empruntés au français), sont, en anglais, des synonymes (dans l'usage ils ne sont pas nécessairement rigoureusement interchangeables). Par contre, en français, portable et portatif ne sont pas, ou pas encore, synonymes. Puisqu'ils ne sont pas synonymes, il n'est pas indifférent de choisir l'un plutôt que l'autre.

   Le premier, portable, depuis qu'il a été emprunté en anglais a vu naturellement son sens dériver par rapport au français. Lorsque maintenant on traduit l'anglais portable par le français portable, du moins dans certains contextes, comme dans le cas du téléphone, on commet une erreur de traduction (traduction littérale erronée) pour portatif qui, en français, dans ce contexte, aurait dû être adopté.

   Cet usage impropre - ce barbarisme -, d'autant qu'il est on ne peut plus massif, vient influer en retour sur le sens et donc l'usage du français portable pour, en fin de compte, en faire un simple synonyme de portatif ou, du moins, quelque chose dont on à le sentiment qu'il s'agit d'un synonyme sans en être très sûr. Bref, cette interférence engendre une perturbation. C'est, beaucoup plus que le phénomène pris isolément, la multiplication de ces perturbations, due à ce qui peut désormais être regardé comme un manque total de retenue dans l'emprunt autant que le mépris du travail de traduction bien fait, qui s'avère dépasser les bornes du tolérable dans l'affaire. Il se trouve qu'à l'heure actuelle ce sont les anglicismes qui font problème, mais, d'une manière générale, les emprunts de toute origine, lorsqu'ils se multiplient au-delà de limites raisonnables, présentent le même danger.




Je serais plutôt pour la deuxième hypothèse.
 
Sur l'emploi de portable pour l'ordinateur -- un des premiers à avoir été affublé de ce terme me semble-t-il --, rappelons simplement que les premiers étaient transportables bien plus que portatifs ! Comme les télés du même nom, on les transportait d'un point à un autre et ces appareils devaient être réinstallés, rebranchés au moins, pour qu'on puisse s'en servir. Ceci n'en faisait donc pas des équipements portatifs, contrairement peut-être à une machine à écrire mécanique... Enfin c'est ma façon d'expliquer la différence, effective, entre ces deux termes sans invoquer forcément l'anglicisme.



[J. M. :]

   Ce sont effectivement deux choses différentes. Cela dit, en mettant de côté celle due aux traductions littérales erronées, l'inadéquation acquise du terme n'est jamais en soi un motif suffisant pour en changer. Ici, à vous suivre, on pourrait dire que le qualificatif portatif était  à l'origine impropre pour transportable, mais qu'il a perdu son caractère impropre avec le temps et les changements techniques. Cela peut arriver, bien qu'en général ce soit exactement l'inverse qui s'observe.



 
Le suffixe -able existe en français (abilis, qui peut être...). Pourquoi faudrait-il voir forcément un anglicisme là dedans ?
 


[J. M. :]

   Bien entendu, quantité de mots bien français sont formés avec ce suffixe et cela n'en fait pas en soi des anglicismes (affable, détestable, aimable, analysable, jetable, etc.).

   Dans un sens strict, on parle d'anglicisme lorsqu'il y a, en français, emploi d'une locution, d'une tournure propre à l'anglais, c'est-à-dire l'emprunt au monde anglophone d'un petit bout, d'un îlot de pensée ou de culture. Dans un sens un peu plus large, employé, par exemple, par le Petit Robert, le terme anglicisme s'applique aussi aux mots anglais employés en français (si, dans le Petit Robert, vous vous reportez à l'entrée portable, vous verrez ce mot qualifié d'anglicisme, même chose pour sensible, 4e sens, etc.). Il est bien évident que lorsque le mot utilisé en français est convenablement choisi et identique à un mot anglais, il n'y a pas anglicisme : l'anglais page est identique au français page et traduire l'un par l'autre n'a rien d'un anglicisme, dans tous les emplois ordinaire où il s'agit de désigner la feuille de papier !

   Bien que l'_expression_ « adopter un profil bas » soit parfaitement française par sa construction, il ne s'agit pas moins d'un anglicisme, car c'est l'emprunt de l'_expression_ anglaise « to adopt a low profile », une _expression_ d'ailleurs éculée et, de ce fait, regardée par les « careful readers and writers » comme du mauvais style avant même son emprunt et son usage par les journalistes français il y a  maintenant une quinzaine d'années de cela (« Qui veut faire l'ange, fait la bête », encore une fois...). L'anglicisme est parfois réduit à un seul mot, comme portable, qui, dans le cas du téléphone et des ordinateurs, est l'usage d'un mot français avec le sens qu'il a en anglais, lorsque ce sens est différent du français.

   L'anglais global utilisé en français avec son sens anglais de « mondial » est un anglicisme et la traduction en français de global village par « village global » un barbarisme surréaliste qui mène à toutes les divagations possibles et imaginables... attestées !




Tout ça ne règle pas le problème de notre téléphone. Si on l'appelait "portatif" plutôt que "portable", ça n'en serait pas moins ridicule pour désigner un téléphone, même de poche...



[J. M. :]

   C'est une ellipse acceptable, si elle s'accompagne du contexte. Mais quelle était la question au juste ?...

   Cordiales salutations,

   Jacques Melot


 
Bien cordialement,
 
Pierre Schweitzer



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