Re: RE : [typo] verdana et tiret cadratin

[Kristian Crick <kristian.crick AT skynet.be>]

Parler de l'usage des tirets dans une liste fréquentée par des 
typographes, voilà une démarche d'un rare courage !

Il existe sans doute plusieurs écoles qui s'opposent jusqu'à en avoir 
usé la glotte de générations de typographes, mais les dialogues sont 
bien des énumérations. J'utilise les tirets sur cadratin en usage 
parenthétique précisément parce qu'ils permettent d'isoler 
confortablement le texte qu'ils encadrent.

Mais qu'en dit l'académie?

Un rapide coup d'oeil au Lexique Typographique, édité en 1905 par Jean 
Dumont, ne nous renseigne guère, si ce n'est sur la durée du débat qui 
avait déjà — semble-t-il — cours voici 100 ans : "Tiret. — Trait 
horizontal fondu sur cadratin et employé diversement en typographie" 
(notons au passage l'usage  d'opposition).

Le Vademecum du Typographe (Même auteur, chez Weissenbruch, Bruxelles, 
1905) est, lui, plus disert:
"Dans un discours dialogué, on met un tiret chaque fois que 
l'interlocuteur change [...].
Les tirets sont souvent employés dans le cours des phrases pour 
accompagner une réflexion incidente; leur présence ne doit pas exclure 
la ponctuation régulière [...].

Le tiret est encore employé:

Entre le chiffre qui suit le paragraphe et le titre, lorsque celui-ci 
se compose au milieu de la ligne:
§ 2. — Des caractères en général.

Mais si le titre se met au commencement de l'alinéa, on transpose le 
tiret:
§ 3. Des Elzévirs. — Il ne faut pas amalgamer les différents 
caractères...

Dans la composition des sommaires:
SOMMAIRE. — Trop parler nuit!... — Un document curieux. — Conseils [...]

Dans les opérations, tables, etc, pour remplacer un ou plusieurs mots 
qui se répètent (ndla: l'exemple est impossible à reproduire dans le 
corps de cet email)

Dans les colonnes des pages de tarifs, lorsqu'il n'y a pas de chiffres 
à y mettre.

Dans la composition des catalogues, lorsque le tiret représente un nom 
d'auteur ou le titre d'un ouvrage, il se met après le cadratin si les 
articles sont composés en alinéas ordinaires, ou au commencement de la 
ligne s'ils sont composés en sommaires (ndla: vous me suivez 
toujours?)"

L'auteur ajoute : "Nous préférons la composition en sommaire, parce que 
les mots sur lesquels on veut attirer l'attention se détachent mieux du 
restant de l'alinéa".

Cette dernière phrase est intéressante dans la mesure où on retrouve 
l'un des usages cités en début de discussion : séparer vivement deux 
mots ou deux expressions pour, précisément, mettre l'emphase sur cette 
séparation, par opposition au trait d'union simple qui, lui, est 
destiné à unir!

Tout cela n'est évidemment valable que pour les règles de composition 
française, bien entendu!

Ce ne sont que deux de mes sources; il en existe certainement d'autres 
que je serais enchanté de découvrir!

Kristian Crick

> Je vais peut-être dire une bêtise, mais il me semblait que le tiret 
> cadratin
> était réservé aux dialogues, le tiret parenthétique étant plus court
> (demi-cadratin ?).
>
> Dominique LEMARCHAND
>
>
> > -----Message d'origine-----
> > De : Kristian Crick 
> > [mailto:kristian.crick AT skynet.be]
> > Envoyé : mardi 9 août 2005 11:46
> >
> > Eloigner les mots : c'est précisément, me semble-t-il, l'une des
> > fonctions du tiret sur cadratin.
> > Je trouve son usage particulièrement approprié aux énumérations, aux
> > oppositions, ainsi qu'à l'usage parenthétique. Dans votre exemple, je
> > composerais "Courrendlin — vieille église", (avec blancs, tiret sur
> > cadratin et sans majuscules injustifiées) [...]