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typographie - Re: Normes et anglomanie (en suite de : Majuscules et anglomanie)

Objet : Liste consacrée aux discussions à propos de la composition et de la typographie

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Re: Normes et anglomanie (en suite de : Majuscules et anglomanie)


Chronologique Discussions 
  • From: Jacques Melot <melot AT itn.is>
  • To: TYPOGRAPHIE Distribution List <typographie AT dns.irisa.fr>
  • Cc: peach AT lamp.ac.uk
  • Subject: Re: Normes et anglomanie (en suite de : Majuscules et anglomanie)
  • Date: Mon, 12 Jan 1998 14:42:56 +0000

 Le 1/12/98, Ã  11:36 AM +0000, nous recevions de Professor Trevor Peach :
>>   Pour en revenir au système métrique, cette histoire de point décimal est
>>l'occasion de se rappeler que, sauf erreur de ma part, la France a cédé le
>>méridien de Paris, qui est devenu le méridien de Greenwich, en compensation
>>de l'adoption du système métrique par la Grande-Bretagne. On attend
>>toujours... mais les Britanniques utilisent régulièrement, l'imposant comme
>>une norme internationale, le méridien de Greenwich.
>>
>>   On peut encore citer la Â« démétrisation Â» de certaines unités de mesure
>>par des Ã©conomies suffisamment puissantes pour l'imposer, ce qui est
>>d'autant plus inquiétant qu'elle touche des objets omniprésents de la vie
>>quotidienne, comme celle en pouces des disquettes et des Ã©crans
>>d'ordinateur qui se substituent Ã  la valeur métrique, de même avec les
>>formats d'étiquette, de papier, etc.
>
>Que cela concerne la typographie, je n'en suis pas sûr, mais permettez-moi
>de signaler Ã  mes co-listiers que la résistance en G.-B. Ã  la métrisation a
>des racines profondes dans le conservatisme, bien sûr, mais aussi dans la
>psychologie de mes compatriotes (et de moi-même, d'ailleurs). Après tout,
>une livre de pommes signifie qch, tandis qu'un demi-kilo pas tellement, et
>à plus forte raison pour les mensurations: me dire que Monsieur X fait 5
>pieds 6 pouces Ã©voque tout de suite la taille de ce monsieur, mais que l'on
>me dise qu'il fait 1,65 et je dois tout de suite traduire en système
>britannique (de même pour les mesures de capacité), et moi j'étudie le
>français et les choses françaises depuis bientôt 40 ans... Mais mes
>co-listiers métrifiés peuvent se réjouir du fait que c'est uniquement le
>système métrique qui est maintenant enseigné dans les Ã©coles britanniques,
>au point que moi et mes enfants sombrons dans une incompréhension mutuelle
>en parlant mesures...
>
>********************************************************************
>Trevor Peach,
>
>Professor of French,
>
>University of Wales, Lampeter,
>LAMPETER,
>Cardiganshire SA48 7ED, G.B.
>[Home-page/page d'accueil: http://www.lamp.ac.uk]
>Tel/téléphone: +44 (0)1570 422351, ext./poste 382.
>Fax/télécopie: +44 (0)1570 423782.
>e-mail/courriel: 
>peach AT lamp.ac.uk
>                       "In tenui re non tenuis labor"
>********************************************************************

   Sans aucun doute, mais le choix d'une norme parmi d'autres existantes et
toutes différentes implique nécessairement un effort  - considérable, je
vous l'accorde -  de la part de ceux qui n'ont pas la chance que cette
norme coïncide avec la leur. Pour une fois, pour une très rare fois !  nous
avons cette chance. Elle est d'ailleurs fortement relativisée par les
difficultés d'application dont j'ai parlé. Ce que je stigmatise par mes
critiques c'est d'une part que des engagements ont Ã©té pris et depuis fort
longtemps, et qu'ils ne sont pas respectés par certains (alors que les
mêmes savent très bien nous rappeler Ã  l'ordre et pas de la manière la plus
agréable lorsque nous ne tenons pas notre parole) et d'autre part
l'imposition de facto d'une contre-norme introduite dans les Ã©changes
commerciaux.

   En Islande, nous n'avons pas la chance relative des Français en ce qui
concerne les mode d'emploi :  ici, aucune loi n'impose que ceux-ci soient
dans la langue nationale. Il arrive fréquemment que les Américains nous
inondent d'objet caractérisés par des mesures (superficie, diamètre, etc.),
mais il arrive souvent que ces mesures soient exclusivement non métriques.
La plupart du temps, le commerçant lui-même est incapable de vous convertir
ces mesures dans le système métrique.

   Pour en revenir aux normes locales, quitte Ã  vous Ã©tonner (ce dont je me
flatterais toute ma vie), j'abonderai sans restriction, sauf celle faites
plus haut  - non négligeables, il est vrai -, dans votre sens. L'existence
de normes n'implique pas Ã  vrai dire que celles-ci doivent Ãªtre utilisées
par tous et dans toutes circonstances. Prenons pour exemple, la norme ISO,
donc une norme internationale, pour les dates. Aujourd'hui nous sommes le
12 janvier 1998, ce qui s'abrège en 12.1.1998 suivant l'usage Ã  valeur de
norme en France ;  la norme de l'ISO est, sauf erreur, 1998-1-12. Il se
trouve que, comme presque toujours, ce n'est pas la norme issue de l'usage
en France (et dans d'autres pays) qui a Ã©té adoptée. C'est une chose. Une
autre est de dire c'est la norme que tout le monde en toutes circonstances
doit ou devrait employer. Pas du tout !  La norme n'est pas là pour Ã§a.
Elle s'impose, par exemple, dans des Ã©changes internationaux ou dans des
revues techniques, mais pas dans chaque pays Ã  la place de l'usage local.
En France, nous continuons Ã  utiliser l'écriture 12.1.1998 et c'est
parfaitement normal, de même que lorsque vous employez vos unités
particulières en Grande-Bretagne je n'y vois rien Ã  redire (mais cf. les
remarques pertinentes que Jacques André vient d'envoyer). En revanche, je
réagi lorsque l'on tente de nous imposer ces unités Ã  la place des nôtres
qui plus est lorsque cela menace des normes internationales (c'est ce qui
se passe en pratique avec les dimensions des disquettes :  les valeurs en
pouces connaissent un usage universel plus général encore que le système
métrique !). [Voir aussi l'Annexe, Ã  la fin du présent message.]

   En dehors de cela, je ne crois pas beaucoup que les Britanniques et les
Français s'entendront vraiment un jour et c'est peut-être mieux ainsi :
cela maintient une diversité certaine dont tous bénéficient. En revanche,
au delà de notre désaccord irréductible, rien n'empêche que nous soyons de
bons amis et que nous nous estimions réciproquement. Je me plaît Ã  penser
que tel est le cas, malgré des incidents qui, en définitive, ne sont, dans
l'immense majorité des cas, que malentendus et réactions de défenses
maladroites. Sachons garder la lèvre supérieure rigide.

   Salutations amicales,

Jacques Melot, Reykjavík
melot AT itn.is




ANNEXE

   Ã€ propos de la normalisation de la date, voici ce que j'écrivais le 2
mai 1997, dans le forum tlsfrm (forum de terminologie) en réponse Ã  Mme E.
B***, responsable de l'introduction catastrophique du mot Â«Â mél » comme mot
à employer dans les textes officiels (paru au journal officiel en automne
dernier).

>   Vous acceptez la lourde responsabilité de participer Ã  la normalisation
>du français, soit, mais je vois, dans votre message, un certain nombre de
>détails qui m'inquiètent.
>
>1. -- Vous commencez par donner la date d'expédition de votre message sous
>la forme Â«Â 97-04-30 ». Comment se fait-il que vous, qui encore une fois
>vous occupez de normaliser le français, abandonnez l'usage français pour
>une fois non ambigu au profit d'un des usages anglo-saxons consistant Ã 
>écrire année-mois-jour, ce Ã  quoi n'ont en général même pas recours ceux
>qui n'hésitent pas Ã  emprunter tout ce qui fait Â«Â Outre-Atlantique » ?
>   Cette Ã©criture est particulièrement gênante car on la trouve
>régulièrement employée en concurrence avec d'autres qui consistent Ã  Ã©crire
>l'année, le jour et le mois dans des combinaisons différentes ; lorsque le
>quantième du mois est inférieur Ã  12, il peut y avoir ambiguïté
>(aujourd'hui nous sommes le 97-05-01 ou le 97-01-05, suivant le système
>adopté ; l'ambiguïté est irrémédiable en l'absence de contexte).
>
>2. -- Dans la première partie de votre message, qui traite de
>normalisation, vous Ã©crivez Â«Â Mél » et Â«Â Tél » (et Â«Â tlc »), et dans la
>seconde, Â« Mél. » et Â«Â Tél. ».
>   S'il s'agit, dans les deux cas, d'abréviations, la seule Ã©criture
>possible, suivant les règles traditionnelles de la typographie française,
>règles qui dans le cas précis de la formation des abréviations sont
>claires, strictes et toujours observées dans les travaux soignés, est
>(« tél. » et) Â«Â M. Ã©l. Â» [Message Ã©lectronique], si l'on tient absolument
>à utiliser les trois lettres M, Ã© et l. Ce ne peut pas Ãªtre Â«Â Mél(.) », ou
>alors
>il ne s'agit pas d'une abréviation.
>   Effectivement, Â« Mél » a bien plutôt les allures d'un néologisme forgé
>sur le modèle de Â«Â cédérom », une aberration adoptée récemment par
>l'Académie française. Si tel est le cas, l'écriture Â«Â Mél. » est une erreur
>pour Â«Â Mél », un mot que, soit-dit en passant, je n'adopterai jamais, pas
>plus que cédérom, lequel est d'ailleurs inutile parce que superflu. Ces
>formations, ne sont Ã  l'évidence que des formes de démission déguisées qui
>stigmatisent le désarroi actuel de l'Académie.
[...]
>Jacques Melot, Reykjavík
>melot AT itn.is





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