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typographie - Re: Re: Typo de la ponctuation : logique vs esthétique

Objet : Liste consacrée aux discussions à propos de la composition et de la typographie

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Re: Re: Typo de la ponctuation : logique vs esthétique


Chronologique Discussions 
  • From: "Jean Fontaine" <jfontain AT odyssee.net>
  • To: "TYPOGRAPHIE Distribution List" <typographie AT dns.irisa.fr>
  • Subject: Re: Re: Typo de la ponctuation : logique vs esthétique
  • Date: Wed, 28 Jan 1998 02:58:18 -0500

   Attention, plutôt long devant.

>>Thierry Bouche a Ã©crit :
>>>«      Tu m'as dis Â« Où vas-tu ? Â»
>>>
>>>pourtant ici la solution est Ã©vidente :
>>> Tu m'as dis Â« Où vas-tu Â» ?
>>>
>>>non ?
>>
>>   [Alain] :
>>   Je trouve cela illogique... il me semble que tout cela doit laisser
>>place Ã  l'analyse logique. L'interrogation ne s'appliquant qu'à la
>>citation, je ne vois pas pourquoi on en sortirait le point
d'interrogation.
>>


   Dans les exemples discutés, les DEUX propositions de chaque phrase se
veulent des interrogations (revoir mon message), ce qui revient Ã  dire, en
français moins relâché (en ignorant pour le moment le problème du
deux-points soulevé par Jipé) :

      Est-ce que tu m'as dit Â« Où vas-tu ? Â»
      M'as-tu dit Â« Où vas-tu ? Â»

   Dans ces deux exemples, ajouter un second point d'interro Ã  l'extérieur
du guillemet peut Ãªtre considéré Ã  juste titre comme redondant car la
particule Â« Est-ce que Â» (ou l'inversion du sujet dans Â« M'as-tu dit Â»)
suffit Ã  montrer que la première proposition est aussi une interrogation.
Mais dans la phrase synonyme...

      Tu m'as dit Â«  Où vas-tu ? Â»

... on ne Â« voit Â» plus que la première proposition est une interrogation.
La preuve qu'on ne le voit plus, c'est que vous Ãªtes au moins deux (avec
Jacques Melot) Ã  avoir compris (si j'ai bien compris) que la principale
était déclarative et non interrogative (on ne pouvait Ã©videmment pas le
deviner si on avait lu mon message en diagonale).
   C'est pourquoi Thierry Bouche propose, dans ce dernier exemple, de
rejeter le point d'interro Ã  l'extérieur du guillemet. Son argument, simple
comme l'oeuf de Colomb, est probablement que, Ã  bien y penser, le point
d'interro est superflu dans la proposition Â« Où vas-tu ? Â» car la simple
construction de celle-ci, avec l'inversion du sujet, suffit Ã  montrer qu'il
s'agit d'une interrogation. Il propose donc de remonter  le point d'interro
au niveau de la principale, là où il est plus utile, car il la désambiguïse
(ambiguïté déclarative/interrogative) :

      Tu m'as dit Â« Où vas-tu Â» ?

   Pas bête, surtout si on avait toujours procédé ainsi (si le cas discuté,
plutôt théorique, s'est déjà présenté dans les faits...).  Mais, justement,
c'est contraire Ã  l'usage typographique. Et un lecteur habitué Ã  l'usage
serait intuitivement plus porté Ã  rattacher ce point d'interro Ã  la
construction interrogative Â« Ã©vidente Â» qu'est Â« Où vas-tu Â» (et Ã  penser
qu'il s'agit donc ici d'une erreur de typographie) qu'à le rattacher Ã  la
lointaine (et pas Ã©vidente du tout) interrogation Â« Tu m'as dit Â».

   Quant Ã  l'idée de pouvoir déplacer les points d'interro quand il sont
superflus, elle pourrait Ãªtre portée Ã  son ultime conséquence par un petit
malin qui déciderait de ne mettre aucun point d'interro dans les exemples
déjà cités :

      Est-ce que tu m'as dit Â« Où vas-tu Â»
      M'as-tu dit Â« Où vas-tu Â»

   Le lecteur comprendrait quand même sans problème ces deux phrases.

   Mais j'ai répondu Ã  Thierry en avançant un exemple que je propose cette
fois-ci sous forme d'exercice. Supposons que les phrases A et B qui suivent
sont des stricts synonymes pour l'auteur. Synonymes sémantiques mais pas
stylistiques, car la phrase B relève du style oral, familier, relâché,
populaire, non français, non humain  (à votre choix). L'exercice : dans la
phrase B, placez le ou les points d'interrogation là où correct vous semble.
Allez, surmontez votre répugnance Ã  ponctuer du Â« non-français Â». Et
interdit de tricher avec des points d'interro initiaux, Ã  l'espagnole.

      A. Est ce que tu m'as dit Â« Est-ce que tu viens ? Â»
      B. Tu m'as dit Â« Tu viens Â»

   Je ramasse les copies dans cinq minutes.

>>   Bien sûr, l'argument de l'absoption ne tient plus dans ce cas-ci... Je
>>serais porté Ã  mettre un point final (j'aurais longuement hésité, mais la
>>logique l'aurait emporté) :
>>
>> Tu m'as dis Â« Où vas-tu ? Â».


    Je rappelle que l'on parle ici de l'absorption d'un point d'interro par
un autre point d'interro et non de l'absorption d'un point (déclaratif) par
un point d'interro.

>   Moi aussi.
>>   Je sais, j'ai sans doute tort.
>   Alors, on sera deux...
>>   Alain LaBonté
>Jacques Melot, Reykjavík


   Tu quoque, Jacque ?
   C'est Ã§a, abandonnez-moi tous, moi, seul, face au courroux de Lacroux!

   Je sais que je byzantinise avec mes exemples tirés par les cheveux fendus
en quatre, fendus par les chevaux tirant Ã  quatre (Jipé dirait plus
laconiquement : faire souffir les mouches), mais byzantiniser doit bien Ãªtre
permis quelque part dans la Magna Carta de notre liste, en cherchant bien...
   Ã€ propos, il faudrait bien revenir un jour sur la pertinence du
deux-points dans tous ces exemples...

   Bon. Toutes ces histoires d'absorption, Ã§a donne soif.

Jean Fontaine
jfontain AT odyssee.net





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