Re: Typo de la ponctuation : logique vs esthétique

[Philippe JALLON <panafmed AT worldnet.fr>]

JP Lacroux demande, après JD Rondinet :

>> On voit sans équivoque que le point __final__ se trouve en dehors du
>> guillemet fermant. Donc :
>>         Il prétend travailler « pour la C.I.A. ».
>----
>Moi, je veux bien... mais connais-tu des sources qui préconisent
>explicitement cette formule ? Ça m'intéresse ÉNORMÉMENT !!!

Il y a quand même un cas de figure où la place du point final a une
importance « sémantique » : c'est - en journalisme - celui des
quasi-interviews ou des citations de propos rapportés. Là , c'est
normalement le journaliste qui, par souci de précision et par honnêteté
intellectuelle, est censé « ponctuer » correctement son texte - le
correcteur, lui, n'ayant pas réalisé l'interview...

Mais là où la théorie a ses limites, c'est que 99,99 % des journalistes
n'ont aucune « finesse typographique » et qu'ils placent les points pas
finauds au petit bonheur la chance, le plus souvent sans la moindre logique
et sans esprit de suite. Sous-entendu : eh bien, le correcteur n'a qu'a
faire son boulot, on ne va quand même pas se laisser emm... par des
questions idiotes sur la place respective du point final et du guillemet
fermant. Exemple : je corrige les textes d'un pote gabonais, incorrigible
pisse-copie qui ignore à peu près tout de l'orthographe, de la grammaire,
de la ponctuation, de la syntaxe - vous marrez pas, c'est vraiment ch... Ã 
corriger ;-) -, bref, il attend de ma part un coup de baguette magique.
Dans certains cas, l'inversion point/guillemet est flagrante ; dans
d'autres cas, on s'arrache les cheveux pendant cinq minutes et, les deux
options étant plausibles, on décide qu'il est urgent de ne rien faire.

Mais, pour en revenir à la question précise de Jean-Pierre et donc au cas
particulier des sigles en fin de citation, imaginons les deux exemples
suivants, Ã  partir de la source :

[La Barbouze a dit] « Je travaille pour la C.I.A. »
[Le journaliste narre - cas 1] La Barbouze « travaille pour la C.I.A. »
sous couvert d'activités diplomatiques, selon nos sources.
[Le journaliste narre - cas 2] Malgré son apparence débonnaire, La Barbouze
a un lourd passé d'espion. « Je travaille pour la C.I.A. ». Sous couvert
d'activités diplomatiques, selon nos sources.

Dans le cas n° 2, la logique « sémantique » voudrait que le point final
précédât le guillemet fermant (citation d'une phrase in extenso). En
revanche, la logique « graphique » estime absurde de faire suivre le A de
C.I.A. de deux points, l'un abréviatif et l'autre final.

Pour contourner la difficulté, il suffit d'écrire le sigle sans ses points
abréviatifs ;-)

Quant aux « sources » - sachant que je n'en suis pas une - que réclame
Jean-Pierre, la seule que je connaisse sur ce sujet est la sage parole de
l'excellent Girodet, dans ses « Pièges et difficultés de la langue
française » (cf. sa glose sur les guillemets, dans l'annexe). Voici ce
qu'il écrit :
« Si une phrase citée est complète, elle commence par une majuscule et elle
se termine par un point ou un point d'exclamation ou un point
d'interrogation suivi du guillemet fermant. »

J'ai cité ce bouquin car j'y rôdais ;-)


Philippe JALLON 
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