Objet : Liste consacrée aux discussions à propos de la composition et de la typographie
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- From: Olivier RANDIER <orandier AT planete.net>
- To: typographie AT irisa.fr
- Subject: Re: All-Fr.
- Date: Wed, 17 Feb 1999 04:00:55 +0100
>Olivier RANDIER a écrit :
>> J'avais commencé à mettre en pages une nouvelle de G. Leroux, et j'ai eu la
>> surprise de voir Prolexis me signaler un nombre incroyable de ?... et de
>> !... Je veux bien que l'Auteur soit intouchable et sacré, mais il s'adresse
>> à des lecteurs qu'il peut (éventuellement) respecter, et j'aimerais bien
>> qu'on m'explique comment on peut laisser en suspens une phrase exclamative.
>> Moi, en tout cas, Ã l'oral, j'y arrive pas...
>
>De toutes façons, suivant le strict propos typographique de la liste, la
>question se pose dès l'instant même que ces textes existent -que l'on
>réprouve ou non l'usage que les auteurs font de la ponctuation et du
>reste- et qu'ils attendent d'être imprimés. Qu'ils le soient le plus
>correctement possible, quelle que soit la nature des nouvelles
>éventualités qu'ils proposent, c'est la seule chose qui compte et qui
>fasse question, je pesne, pour le typographe.
Je ne puis être totalement d'accord avec ça. Encore une fois, à qui va mon
allégeance ? à celui qui me paie ? à l'auteur ? ou au lecteur ? Composer
les textes le plus correctement possible est certes une de mes principales
préoccupations, mais certainement pas la seule ! Que ce texte soit
intelligible pour le lecteur me paraît au moins aussi important, et il me
semble que les auteurs devraient partager cette préoccupation, non ?
Et entre correctement et exactement, il y a une distinction importante.
>Je sais combien il est difficile de bien voir ce qui dissocie la simple
>license de la dégradation arbitraire ou de la transgression savamment
>pensée, de la même manière qu'il existe de bon, et de mauvais
>monochromes blancs. Mais rien ne doir décourager la vivacité de
>l'invention, et certainement pas un cadre extérieur qui voudrait
>l'aliéner à ses conventions; c'est non seulement un quiproquo sur le
>sens de chacun des métiers, mais une prévarication contre leur nature
>évolutive.
La ponctuation est une convention commune qui fait partie de la langue.
Elle n'est certainement pas un cadre « extérieur ». Quand je tombe sur une
faute de français flagrante oubliée dans un texte, ce qui m'arrive très
souvent, dois-je rester sur mon quant-à -soi, pour ne pas aliéner l'auteur Ã
« mes » conventions ? Que reste-t-il alors de mon rôle de conseil et de la
qualité du service que je rends à l'auteur et au lecteur ? Alors que nombre
d'auteurs (sans parler des secrétaires) ne savent pas se servir des
correcteurs orthographiques et grammaticaux intégrés à leur traitement de
textes (ce que je ne leur reproche pas, chacun son métier), dois-je, alors
que je dispose pour cela d'un outil remarquable (déjà évoqué), m'abstenir
de toute correction pour ne pas outrepasser mes prérogatives ? La
composition d'un ouvrage ne devrait-elle pas plutôt être la collaboration
de celui qui maîtrise le contenu et de celui qui maîtrise les outils, donc
la forme ?
Ce que je veux dire, c'est que si une licence prise par un auteur me fait
réagir à la composition, mon rôle est d'alerter l'auteur. Car si ça me fait
réagir, il est probable que ça gênera aussi le lecteur, et pas forcément
dans le sens voulu par l'auteur (rarement, en fait). En fin de compte,
c'est l'auteur qui décide, bien sûr, mais si je me contente de composer
« chou pour chou », c'est moi qui ne fait pas bien mon métier.
Pour revenir aux triples points d'exclamation ou d'interrogation qui sont Ã
l'origine de la discussion, c'est une convention qui a cours à un certain
niveau de langage (B.D., etc.), mais qui est nettement plus douteuse en
littérature. Ma réaction, en tant que compositeur, devrait être de le
signaler à l'auteur. Bien sûr, celui-ci pourra -- peut-être -- me le
justifier dans le contexte d'une oeuvre d'avant-garde. Dans un roman
historique, ça risque d'être plus difficile...
Enfin, je soutiens que cet abus, dans la majorité des cas, sert à marquer
une gradation dans l'exclamation, pour masquer l'incapacité de l'auteur Ã
la faire ressortir par le contenu. C'est donc généralement plutôt la marque
d'une faiblesse du style qu'autre chose.
Olivier RANDIER -- Experluette
mailto:orandier AT planete.net
http://technopole.le-village.com/Experluette/index.html
Experluette : typographie et technologie de composition. L'Hypercasse
(projet de base de données typographique), l'Outil (ouvroir de typographie
illustrative).
- Re: All-Fr., Patrick Andries, 12/02/1999
- Re: All-Fr., Jean Laferrière, 13/02/1999
- Re: All-Fr., L.L. De MARS, 14/02/1999
- Re: All-Fr., Olivier RANDIER, 14/02/1999
- Re: All-Fr., L.L. De MARS, 16/02/1999
- Re: All-Fr., Thierry Bouche, 16/02/1999
- Re: All-Fr., L.L. De MARS, 17/02/1999
- Re: All-Fr., Thierry Bouche, 18/02/1999
- Re: All-Fr., Jean_Denis, 18/02/1999
- Re: All-Fr., L.L. De MARS, 17/02/1999
- Re: All-Fr., Olivier RANDIER, 17/02/1999
- Re: All-Fr., Thierry Bouche, 17/02/1999
- Re: All-Fr., Jean-Pierre Lacroux, 17/02/1999
- Re: All-Fr., Thierry Bouche, 16/02/1999
- Re: All-Fr., L.L. De MARS, 16/02/1999
- Re: All-Fr., Olivier RANDIER, 14/02/1999
- Re: All-Fr., L.L. De MARS, 14/02/1999
- <Suite(s) possible(s)>
- Re: All-Fr., Dominique, 17/02/1999
- Re: All-Fr., Jef Tombeur, 17/02/1999
- Re: All-Fr., Jean Laferrière, 13/02/1999
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