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typographie - RE: [typo] égalitographie + fonction et personne

Objet : Liste consacrée aux discussions à propos de la composition et de la typographie

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RE: [typo] égalitographie + fonction et personne


Chronologique Discussions 
  • From: Jacques Melot <jacques.melot AT isholf.is>
  • To: typographie AT listes.irisa.fr
  • Cc: "Jef Tombeur" <jtombeur AT cegetel.net>
  • Subject: RE: [typo] égalitographie + fonction et personne
  • Date: Mon, 27 Oct 2008 19:46:52 +0000

Title: RE: [typo] égalitographie + fonction et personne
 Le 2008-10-27, à 13:46 +0100, nous recevions de Jef Tombeur :

Tiens, coïncidence, je retrouve :
 
La neutralité sert toujours l'oppresseur, jamais l'opprimé ­  Elie Wiesel
 
Bon, on l¹a vu récemment, Élie Wiesel n¹est pas si neutreŠ
 
En tout cas, je suis sans doute l¹un·e de celles et ceux qui utilisent le plus fréquemment ces pratiques égalitographiquesŠ
Et je vous avoue franchement que cela commence à me courir sur le haricotŠ


[J. M.]   C'est bien la seule bonne nouvelle aujourd'hui !


Ce n¹est pas trop pénible à lire, mais chŠ à produire, à la longue.


[J. M.]   Rien n'est plus anti-rédactionnel, oui ! La fluidité du texte est l'une des règles d'or de la rédaction !

   L'analyse d'échantillons montre qu'il est en pratique impossible d'écrire de la sorte un texte de plus de quelques lignes sans oublier de torturer quelque mot. Autrement dit, les règles qu'on voudrait nous voir adopter et rendent le texte difficilement lisible et ne sont pas applicables avec esprit de suite. De plus, étant difficile à lire, un tel texte est difficile à relire, d'où le risque de, sans s'en apercevoir, ne pas exprimer correctement sa pensée ou encore de dire autre chose que ce qu'on voulait dire. Là encore, l'examen de ce genre d'exercice -- la toile regorge à en dégoutter de cette prose -- montre que le risque est bien réel.

   Combien de temps faudra-t-il pour que les féminisateurs compulsifs finissent par se rendre compte de l'inanité de leur entreprise ! Errare humanum est... perseverare diabolicum !

   Jacques Melot


Chut ! Je crois savoir que même certaines qui pensent comme moi se sentiraient obligées de me désavouer.
Caftez pas, les copin·e·s
 
Bon, justement, le cas de copains et copines résiste aux heurs du « eure ».
 
Il en est plein d¹autres. Qui font la joie des jaseures (pas taper, pas taper !) ;-)
 

De : Jacques Melot [mailto:jacques.melot AT isholf.is]
Envoyé : lundi 27 octobre 2008 13:27
À : typographie AT listes.irisa.fr
Cc : Noëlle Adam
Objet : Re: [typo] égalitographie + fonction et personne
 
 Le 2008-10-27, à 11:19 +0100, nous recevions de Noëlle Adam :
 
Gabriel Kerneis a écrit :

Un dernier cas qui me chatouille : « caissière » est généralement utilisé
comme le neutre pour désigner la profession, et l'on ne spécifie « caissier »
justement que lorsqu'on est sûr qu'il s'agit d'un homme. Il y a sans doute
d'autres exemples, dans des professions majoritairement féminine.

Faudrait-il y voir une inégalité à combattre ?

Cordialement,
 
Cette inégalité a été  brillamment combattue par la suppression des caissières remplacées par des hôtesses de caisse.
Le salaire et les conditions de travail restent inchangées.  Les hommes que j'ai pu voir à ce poste dans les supermarchés que je fréquente portent « stagiaire » sur leur étiquette. L'égalité aura certainement fait de grand progrès lorsque tout le monde aura droit à l'appellation « agent de caisse », qui bien que masculin, est assez neutre.  Ou bien non ?  Faut-il aller jusqu'à ministre de caisse ?

Le français n'a pas pratiquement pas de vrai neutre,  objets, concepts, rôles,  se voient attribuer un genre grammatical sans qu'en général, on n'y voit de conséquence en terme d'inégalités sexuelles.  La raison  serait alors un privilège féminin, tandis que le sexe masculin devrait se contenter du raisonnement ?
 
 
[J. M.]   Le neutre indo-européen a disparu du français par fusion avec le masculin, tout comme dans les langues germaniques certains cas ont fusionné (le locatif, l'instrumental, etc., sont confondus avec le datif ou l'accusation) pour disparaître complètement de certaines d'entre-elles. Le suédois, par exemple, a perdu ses déclinaisons au XIXe siècle, lesquelles ne subsistent plus que dans des expressions figées (en particulier dans des mots composés).
 
   L'islandais, langue germanique s'il en est, est encore très fléchi, mais sur quatre cas seulement, comme l'allemand. A titre d'exemple, il faut conserver en tête vingt-quatre formes différentes de l'adjectif (et pas seulement en ce qui concerne la terminaison !), alors qu'en français il n'y en a que quatre (masc. sing., masc. plur., fém. sing., fém. plur.), le pronom interrogatif qui (isl. hver) est à retenir sous quelques vingt-six formes (hver, hvers, hverjum, hvern, hverjir, hverra, hvert, hvað, hverju, etc.). Chaque substantif présente seize formes a priori différentes (quatre cas, deux nombres -- singulier, pluriel --, la déclinaison étant différente suivant qu'il s'agit de déterminé ou d'indéterminé). Un petit mot comme autre, qui ne se présente en français que sous deux formes (autre, autres), s'y décompose en vingt-quatre formes (annar, annars, öðrum, annan, annarrar, önnur, aðra, etc.). Le duel ne subsiste que dans les pronoms personnels : le duel de vous (þið) est devenu le pronom de la deuxième personne du pluriel, cependant que l'ancien pluriel correspondant (þér) est devenu le pronom personnel de politesse, lequel d'ailleurs n'est plus en usage -- en Islande le tutoiement est général depuis une cinquantaine d'années --, hormis dans les lettres de menace (celles de la banque, notamment).
 
   Conclusion, gymnastique pour gymnastique, sueur pour sueur, il est évident que pour satisfaire les désirs des féminisants compulsifs la bonne solution, la solution courageuse et efficace, consisterait à réintroduire le neutre en français et, pendant qu'on y est, les six cas du latin. On y gagnerait à coup sûr en précision.
 
   J. M.
 
La reine rouge dans Alice dit quelque chose du style : occupez-vous du sens, les mots s'occuperont d'eux-même.

Noëlle Adam
 




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