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typographie - Re: [typo] Exclure l'inclusive?

Objet : Liste consacrée aux discussions à propos de la composition et de la typographie

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Re: [typo] Exclure l'inclusive?


Chronologique Discussions 
  • From: Amalric Oriet <o.amalric AT gmail.com>
  • To: liste typo typo <typographie AT listes.irisa.fr>
  • Subject: Re: [typo] Exclure l'inclusive?
  • Date: Mon, 8 Apr 2019 15:29:43 +0200
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Bonjour à tous,

Voici quelques réflexions que j’avais à l’époque jetée sur le papier concernant cette question. En vrac… :

— Il faut se départir, dans ce débat, de toute interprétation idéologique et dogmatique. Il ne faut pas voir derrière chaque mot une arrière-pensée et derrière chaque règle de grammaire un piège. 
La valeur générique du masculin a ses raisons linguistiques. Le principe de neutralité des fonctions, titres et grades a ses raisons juridiques et politiques.

— Historiquement, c’est le masculin qui a dû « s’altérer » pour englober le neutre, le collectif et le générique. Le féminin est resté « pur ». Un « juste » langage égalitaire devrait, s’il était honnête, créer des formes qui permettent de différencier le masculin. 

— Problèmes rarement sinon jamais évoqués : lisibilité, principe d’économie, discours oral, lourdeur, place disponible, indexation, recherche dans le texte, coupure de mots, correction automatique, aveugles, textes juridiques, etc.

— Un genre neutre est nécessaire chaque fois qu’il s’agit de désigner un être indéterminé représentant des caractéristiques universelles, un être collectif, un sujet de droit ou des situations impersonnelles (caractère abstrait, général et permanent) ; la langue (juridique en particulier) a besoin d’un neutre ( « le sujet de droit n’a précisément pas de sexe. C’est un être indéterminé, représentant des caractéristiques universelles qui sont celles de tout être humain »*). Celui-ci n’ayant pas été maintenu lors de la transformation progressive du latin en français, il a donc fallu conférer à un des deux genres existant ce statut. Il a été dévolu au masculin.

— La féminisation des noms de métier a fleuri en une époque où les femmes étaient maintenues en triste état d’infériorité. Réciproquement, depuis un siècle au moins, les revendications féministes trouvent de larges échos dans la société et s’incarnent dans des réalisations concrètes sans qu’il n’y ait eu nul besoin de brutaliser la langue pour cela. De fait, en 2018, la féminisation outrancière (point médian, doublet systématique, etc.), qui va à l’encontre des tendances récentes et des leçons tirées des premières entreprises de féminisation systématique, traduirait moins le besoin de se doter d’un outil supplémentaire dans le cadre d’un combat à mener que la volonté de capitaliser de manière unilatérale et dogmatique sur les victoires passées.

— Les règles de la langue ont une vie propre et une temporalité spécifique que l’intervention volontariste n’a aucune chance de modifier à sa guise. La responsabilité, en cette matière consiste à accepter ces contraintes internes et à juger de ce qui peut être fait à l’intérieur de ce cadre.

— Le langage égalitaire est un phénomène social bien avant d’être un phénomène linguistique. La langue n’a pas à être prise en otage et violentée pour agréer les aspirations, fussent-elles légitimes, d’une quelconque idéologie. En outre, où s’arrête-t-on ? Car juste après les féministes, ne manqueront pas de se manifester les transgenres (plus ni féminin, ni masculin, merci), les antispécistes (un fourmi, une fourmie, un requin, une requine), les animistes (Déclaration universelle des droits de la chose) and so on… 

La question de l’invisibilisation prétendue des femmes dans le discours n’est par traitée de manière honnête, car c’est dans le discours oral que celle-ci se manifeste le plus clairement. Or, un traitement systématique et des ensembles de préconisation ne sont pas proposés pour gérer ce cas. Cela démontre que « l’égalité » et la « visibilité » n’est pas le souci premier des promoteurs du langage égalitaire. Ex. — « Apprentie puis mousse sur un bateau, Claude Martin rejoignit son amie et lui fit un cadeau. »

 — À cet égard, il est extrêmement intéressant (et révélateur) de regarder ce qu’il en est aujourd’hui de la situation au Québec, pionnier et fer de lance des réformes en la matière. Des recommandations ont été émises en mai 2015 qui remplacent et annulent toutes les recommandations précédentes. Elles se résument en trois points (c’est moi qui souligne ci-après) :

1. Utiliser des variantes féminines pour désigner une femme à l’aide d’un nom qui respecte les modes de formation traditionnels ou d’un nom épicène et d’un déterminant féminin.

2. Tendre à généraliser la rédaction épicène (surtout dans les textes administratifs, les offres d’emploi, les notes au personnel) grâce aux procédés qu’offrent la langue : l’utilisation d’un doublet, une formulation neutre (si le contexte le permet), l’emploi du masculin générique (si le féminin est suffisamment souligné dans le texte).

3. Abandonner le recours à des formes tronquées (qui n’ont pas de correspondance à l’oral).

Rien de ce qui n’existait déjà dans la langue à la fin des années 1970. Brillant (quoique prévisible) résultat.

*Commission générale de terminologie et néologie, 1998, La féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre, p. 22-23

Cordialement,

Amalric Oriet













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