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typographie - Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?

Objet : Liste consacrée aux discussions à propos de la composition et de la typographie

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Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?


Chronologique Discussions 
  • From: Jacques Melot <jacques.melot AT isholf.is>
  • To: typographie AT listes.irisa.fr
  • Cc: Jacques André <jacques.andre35 AT orange.fr>
  • Subject: Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?
  • Date: Wed, 14 Jan 2009 23:03:05 +0000

Title: Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?
 Le 2009-01-14, à 21:24 +0100, nous recevions de Jacques André :

Le 14 janv. 2009 à 19:42, Jacques Melot a écrit :


« Pour les mots composés, la division devra tenir compte de l'étymologie » [...] La division étymologique n'exclut pas la coupure syllabique [...] mais, dans la mesure du possible, la première sera préférée à la seconde [...] La division d'après la prononciation française est la seule admise si la coupure étymologique entraîne un changement de prononciation ».

Oui mais il s'agit bien de mots composés, comme (exemples de l'IN)  trans-action, atmo-sphère et (c'est moi qui ajoute)  micro-informatique.

Et, page d'avant (60 de l'édition de 1990), on lit :
Pour les mots simples, la division se fera syllabe par syllabe.


[J. M.]   Oui, mais il se trouve que catarrhe est un mot composé, comme francisation d'un composé grec (comme hémorragie ou ornithorynque, par exemple) !

   En grec, un esprit rude initial disparaît en composition (ou dans les dérivations), lorsqu'il ne se trouve plus en position initiale. C'est ainsi qu'on écrit anaemia pour an (privatif) + haema (sang), d'où le français anémie.

   Cela vaut en particulier pour le rho initial avec son esprit rude qui, dans les conditions qu'on vient d'énoncer, perd ce dernier (donc le h qui le représente dans les transcriptions) et est redoublé (___ + rh___ > ___rr___), ce qui explique le français hémorragie, parmi bien d'autres exemples.

   Souvent, on a préféré rajouter un h après le double rr dans les transcriptions pour rappeler l'étymologie ; c'est le cas de catarrhe. Linné supprimait un r, mais pas le h, à la française, comme dans mycorhize (mycorrhiza ou mycorhiza indifféremment en anglais, et micorrize en italien). D'autres fois encore, on supprime un r et le h (cas de ornithorynque).

   Ce dernier cas est intéressant, car il illustre bien que tout cela était traité avec compétence par nos pères, qui connaissaient le grec. Le mot ornithorynque s'écrit ainsi, alors qu'il provient du grec rhygkhos. La transcription se fait en tenant compte de la nasalisation ygkh > ynkh, d'où ornithorynque (perte de l'esprit rude, et assimilation d'un r). Le grec rhygkh-, qui, en français, donne donc -rynque en position finale, est par contre rhynch- en position initiale.

   J. M.

P.-S.  L'esprit rude du grec est généralement rendu par un h qui suit la lettre portant cet esprit, mais cet ordre est arbitraire. Il n'y a pas de différence entre ce rh et le hr de l'islandais et des formes archaïques des langues germaniques, par exemple. On retrouve cela spécialement en gotique ou le hv donne lieu à un ligature (hwair). Ce hwair (prononcé « kouère ») se retrouve en islandais dans hver (qui), hvað (quoi), hvenær (quand), hvar (où), hvernig (comment), qui en français, viennent tous de mots latins (langue indo-européenne au même titre que l'islandais) commençant pas un k (représenté par le groupe qu) ; cela vaut autant pour, qui vient du latin ubi, lui-même issu de la forme archaïque quubi. Cette disparition de qu (soit h devant v en germanique) est complète en suédois où les mots précédents sont respectivement ver, vad, när, var, hur (ici le h subsiste, c'est la fin du mot qui est tombée, antérieurement hurudan). Le norvégien n'a pas encore réalisé tout à fait cette mue, écrivant encore hver, hvad, når (ici le h a disparu), hvar, hvordan, mais ici, contrairement à l'islandais où ces h sont prononcés pratiquement comme k (h très dur donc), le h ne s'entend plus. L'anglais, on l'aura noté, préfère faire ses hwair en cachette, sur le modèle grec, écrivant where, ce qui aurait pu être « hwere ». Même chose pour what, etc.



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Jacques ANDRÉ




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