Objet : Liste consacrée aux discussions à propos de la composition et de la typographie
Archives de la liste
- From: Jacques Melot <jacques.melot AT isholf.is>
- To: typographie AT listes.irisa.fr
- Cc: Jacques André <jacques.andre35 AT orange.fr>, Alain Hurtig <alain AT les-hurtig.org>
- Subject: Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?
- Date: Thu, 15 Jan 2009 11:51:19 +0000
Title: Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?
Le 2009-01-15, à 6:31 +0100, nous recevions de Alain
Hurtig :
At 23:03 + 0000 14/01/09, Jacques Melot wrote :
> [J. M.] Oui, mais il se trouve que catarrhe est un mot composé, comme
> francisation d'un composé grec (comme hémorragie ou ornithorynque, par
> exemple) !
>
Note que je ne conteste pas par principe la césure étymologique dans le cas
de mots composés à usage d'un public « savant » :
[J. M.] C'est aller un peu trop
loin, même en faisant usage des guillemets. Quantité mise à part
donc, qualitativement c'est ce que j'écrivais dans ma première
réponse :
Une des caractéristiques essentielles d'une bonne coupure est qu'elle « passe » bien, succès qui dépend étroitement du public auquel le texte s'adresse. On ne peut offrir aux yeux de personnes habituées aux mots d'origine grecque des coupures syllabiques en conflit avec une étymologie qui leur est très familière.
par exemple en botanique,
en chimie, en mycologie aussi je présume, une césure syllabique va
peut-être profondément désorienter le lecteur.
[J. M.] Désorienter,
rarement, plutôt causer un déplaisir, voire choquer.
Reste que la césure
syllabique est la règle disons ordinaire, la césure étymologique ne pouvant
être que le cas d'exception dans des travaux spécialisés.
[J. M.] Là le Lexique nous
dit que pour les mots simples, la division est syllabique. Pour les
mots composés « [la coupure] doit tenir compte de
l'étymologie [laquelle] n'exclut pas la coupure syllabique [...], mais
dans la mesure du possible la première [étymologique] est
préférée à la seconde [syllabique]. En ce sens, l'I.N. va bien
plus loin que nous deux, puisqu'elle ne ne tient aucun compte du
public auquel le texte est destiné.
La mise au point
au paragraphe 4.4 de l'article que Thierry a signalé sur la liste est de ce
point de vue particulièrement éclairante - y compris sur les aberrations
auxquelles conduirait une césure étymologique systématique.
[J. M.] Je pense que le texte
du Lexique, tel qu'il est formulé, refoule de tels cas par
implication ou dans l'esprit. Je pense en particulier à la
restriction suivante : « La division d'après la
prononciation française est seule admise si la coupure
étymologique entraîne un changement de prononciation » (et de
donner les exemples suivants : des-cription, des-truction,
pres-cience, sphé-roïde).
Mais puisqu'il a été, comme d'hab', ici question de Lacroux, et que
celui-ci tenait à juste titre que les règles d'une bonne césure dépendent
très étroitement du contexte (voir p. 126 du _TypoTombeau_ son intervention
drolatique à propos des vieilles putes et des encycliques vaticanes, c'est
aussi là qu'il cite Désiré Greffier), voici une simple remarque...
On sait que JiPé aimait la typographie, et qu'il abhorrait ce qu'il nommait
avec dédain la « typo-graphie » avant même que Blanchard ne popularise ce
terme. Est-ce que, au nom de ta sacro-sainte division syllabique des mots
composés, ça te paraît scandaleux qu'on ait évité dans _Orthotypographie_
les césures « typo/graphie » ou « orthotypo/graphie », au profit des seuls
« ortho[typographie » et « orthotypogra[phie » ? Ou bien est-ce que tu
admets qu'une telle « règle interne » respecte ici l'auteur et son lecteur ?
[J. M.] Il ne me serait jamais
venu à l'idée d'éviter typo-graphie ni l'autre. J'aurais estimé
avoir a disposition les quatre possibilités, et même plus sans
doute. (Je n'ai jamais prétendu avoir du goût.)
> En grec, un esprit rude initial disparaît en composition (ou dans les
> dérivations), lorsqu'il ne se trouve plus en position initiale.
Hummmm. Ce qui est ennuyeux, avec cette conversation érudite, c'est que
dans la pratique et dans la vraie vie, on ne se lance pas dans ce genre de
recherches.
[J. M.] Bien sûr, mais dans
le cas présent, ça se sent dès qu'on a un peu l'habitude des
composés d'origine grecque, même sans comprendre sans l'aide du
dictionnaire leur étymologie.
Le logiciel césure, puis on reprend ce qui nous apparaît être,
ou ce que le correcteur, la correctrice,
[J. M.] Non, alors là tu
charries vraiment ! Ou serait-ce une gentillette
provocation ?
nous signale comme tant, des
fausses coupes, et basta !
[J. M.] Ah oui, je me souviens des
-que de Page Maker...
Souvent et même très souvent, on force une
césure pour patiner un peu le texte, afin de chasser, afin de gagner - car
il arrive qu'une césure bien placée permette d'en éviter plusieurs autres
en aval...
[J. M.] Bon, là tu enseignes
à un « maître » : j'ai fait de la mise en page
jusqu'à l'écoeurement et connais bien tout cela.
Tu imagines, s'il fallait connaître les règles de formation de toutes les
langues étrangères, dès lors que des mots sont transcrits ou adaptés au
français ? On n'en a pas le temps, ni probablement l'envie...
[J. M.] Oui, et c'est un
argument que j'ai d'ailleurs déjà sorti ici, à propos des
pluriels étrangers : impossible en pratique d'appliquer la
règle avec esprit de suite sans procéder de manière discriminante,
d'où pas de pluriel étranger du tout pour les emprunts : un
scénario, des scénarios (et non des scénarii), un ombudsman, des
ombudsmans (et non des ombudsmän), etc. Telle est ma position. Cela
dit, ta remarque n'apporte aucune réponse à la question initiale.
Il s'agit de l'exemple par excellence du mot qui, si l'on ne connaît
pas suffisamment le grec, fait qu'on doit recourir à une aide
extérieure, par exemple en posant la question dans un forum comme le
présent.
Ce disant, je prends
brusquement conscience du fait que je n'ai rien apporté de concret
au cas précis traité. Je pense que la coupure peut se faire entre
les deux r, comme en français, d'où catar-rhale, ce
qui, peut-être malgré les apparences, respecte autant
l'étymologie que cata-rrhale. Mon raisonnement est le
suivant : dans le français appelle relativement à
appeler, le double l est une expansion du l (pour
des raison de phonétiques) de même qu'en grec le double rho est
une expansion du rho à l'intérieur des composés ; la
coupure se faisant conventionnellement entre les deux l en
français dans interpellation, on peut admettre qu'il en va de
même dans le cas du double r provenant d'un rho.
J. M.
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, (suite)
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, Alain Hurtig, 14/01/2009
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, Jacques André, 14/01/2009
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, Alain Hurtig, 14/01/2009
- Message indisponible
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, Thierry Bouche, 14/01/2009
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, Alain Hurtig, 14/01/2009
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, Jacques Melot, 14/01/2009
- Message indisponible
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, Thierry Bouche, 14/01/2009
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, Jacques André, 14/01/2009
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, Jacques Melot, 15/01/2009
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, Alain Hurtig, 15/01/2009
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, Jacques Melot, 15/01/2009
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, Jacques Melot, 15/01/2009
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, Alain Hurtig, 15/01/2009
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, Jacques Melot, 15/01/2009
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, didpem, 15/01/2009
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, Thierry Bouche, 20/01/2009
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, Jacques Melot, 20/01/2009
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, didpem, 20/01/2009
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, Thierry Bouche, 21/01/2009
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, Jacques Melot, 21/01/2009
- Message indisponible
- Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?, Thierry Bouche, 21/01/2009
Archives gérées par MHonArc 2.6.16.